EXTRAIT du blog de l'ami Yves: [...] Le
budget de la Culture, même sous Malraux, même sous Lang a toujours été
restreint. Les ministres cités ainsi que les autres méritent d'entrer
dans l'Histoire pour avoir réalisé des prouesses dont on parle encore,
avec aussi peu de sous. Quoi qu'il en soit, nombreux sont les artistes,
mêmes confirmés, qui font appel à l'aide publique pour continuer, pour
acheter du matériel, pour se faire connaître un peu plus. Les créatifs
ne manquent pas. En général, on leur oppose une fin de non-recevoir.
Avant que « les caisses soient vides », elles l'étaient déjà pour la
Culture ; à part quelques projets prestigieux et d'autres qui feraient
mousser ceux qui ont lâché les pépettes. L'intérêt d'avoir un Ministère
des Affaires culturelles, c'est de permettre au plus grand nombre –
parfois appelé « le peuple » – d'accéder à la culture sous toutes ses
formes. Avec Boulez, c'est pas vraiment le cas. Parmi les mélomanes, les
spécialistes, seuls un tout petit nombre s'intéressait à ce qu'il
produisait. Et c'est la gauche qui, outre la défense des artistes se
doit de défendre les masses populaires qui a porté, soutenu et qui
soutient encore Boulez et l'IRCAM. L'IRCAM et la musique de Boulez,
c'est tout sauf populaire. Même les thuriféraires doivent se munir du
mode d'emploi ( 1 heure 40 d'explications pour 20 minutes de « musique »
donc) pour apprécier. Rien n'illustre mieux la primauté des intentions
sur l’œuvre artistique que le cas Boulez. Rien n'illustre mieux
l'apartheid culturel que Boulez : une infime minorité dans la minorité
qui méprise la majorité parce qu'elle considère que la musique doit
parler aux émotions et doit divertir. Écouter de la musique et danser
dessus ? Ces gens sont d'un vulgaire !
Quelques
années plus tard, Boulez avait refait parler de lui. Pas avec sa
musique, bien entendu mais pour avoir réclamé que Paris dispose d'une
salle de concert digne d'une grande capitale. À l'époque, personne ne
s'est avisé de lui répondre qu'avec le pognon qu'il a touché pour
lui-même et pour l'Ircam, il y aurait eu de quoi construire une belle et
grande salle. Mais non ! On ne touchait pas à Boulez. C'était défendu.
On peut le comprendre au prix qu'il nous coûtait. Personne pour
seulement lui demander des comptes. Il est vrai, encore une fois, que le
public, le contribuable, ignorait qu'une chose comme l'Ircam et sa
musique pouvait seulement exister [...]