Le
souvenir qui est au stade individuel, émergence et évocation du passé
mémorisé, devient entretien de la mémoire et instrumentalisation de
l’histoire, lorsqu’il est érigé en chose politique se référant à des
événements du passé selon les oracles officiels. En héroïsant les soi
disant surhommes qui ont fait la guerre mondiale, l’humanité montre le
paradoxe des perceptions de ses propres bévues, ses pires plongées dans
l’infrabestialité, ses chutes dans l’ignoble où il finit par se trouver
du noble.
L’histoire
d’un crime collectif comme la guerre de 1914, la remémoration des
hécatombes mégalomanes d’empereurs, de présidents, bref, de chefs d’État
à l’ego patibulairement atteint de gigantisme meurtrier, ne devrait que
nous mettre en méditation devant les violences létales qui agitent nos
élites, nos lâchetés collectives à leur prêter le pouvoir malsain dont
ils s'assouvissent aux dépens de nous, sans oublier la grivoiserie
pulsionnelle des peuples à se sacrifier pour leurs dieux immondes
incarnés, leurs chefs qu’ils considèrent si méritants qu’il leur donnent
leur vie.
Une
médiation saine de la première conflagration devrait conspuer les
armées déclencheuses dont l’imbécile obligation d’obéissance observée
par les soldats, la fidélité au poste plutôt que la juste désertion, a
permis cette horreur de notre histoire encore récente.
Car
il n’y a pas de guerre sans soldats se précipitant comme machines de
mort aux ordres des chefs. Toute guerre dévoile d’une manière ou d’une
autre, la salissure et la culpabilité de l’âme soldatesque de ses
déclencheurs agresseurs qui forcent la réponse des défenseurs obligés,
quant à eux, de défendre leur vie, leur peuple, leur patrie. Ainsi, nous
devrions nous demander, nous qui parlons de souvenir, qui sommes-nous
aujourd’hui vis-à-vis du dualisme guerre et paix? Sommes-nous des
assiégés en autodéfense ou des agresseurs déclencheurs de guerres,
singeant un syndrome obsidional pour justifier nos vilenies idéologiques
bellicistes, régner par le feu et en même temps, nourrir avec une
sinistre indolence, la florissante et mortifère industrie militaire sur
fond de géostratégie camouflée!?
La
guerre - cette tératogénie convertie en prouesse selon le langage
froidement inhumain du militarisme et de ses gloires par les politiciens
et les historiens - ponctue nos rachitismes ontologiques, nos nanismes
spirituels et moraux où cette espèce dite humaine, montre encore la
sauvagerie criminelle de ses crocs dévorants, une fois qu’elle peut
justifier ses dévorations d’autrui et ses violences létales, ses
grivoiseries anthropophages prédatrices, ses pillages crapuleux, ses
mégalomanies abjectes sous prétexte de l’héroïsme prêté au militarisme.
Il n’y a pas de héros, quand la canaille politicienne dirigeante qui a
fait la guerre, y met fin au bout du sang des soldats au cœur de pays
exsangues, alors qu’ils auraient pu prévenir, n’était leur caractère
sanguin et primitif alimenté de leur orgueil impassible et grossier,
tout l’amoncellement de cadavres, toutes les catastrophes épidémiques et
humanitaires dues à leur sale et pauvre grandeur.
Ceux
qui, aujourd’hui, partent bombarder, séquestrer, piller en massacrant
au nom d’une hégémonie géopolitique inavouée, sont exactement les mêmes
qui veulent imprimer un sens factice à cette ignominie collective, cette
déchéance dans la plus monstrueuse des infrahumanités orchestrées par
quelques narcissiques criminels sur trônes ou sur fauteuils en 1914.
Que
les générations montantes prennent garde: l’héroïsme n’est pas dans la
crapulerie violente des prédateurs platement agressifs qui font leur
guerre de gloire personnelle ou de classe par mentalité de prédation,
pour ensuite l’arrêter! L’héroïsme est dans la bénignité responsable en
relations interétatiques, bénignité ferme qui fait primer l’humanité en
respectant la vie. Le respect de la vie malgré les différences et
divergences, malgré l’altérité des valeurs, tout en ne cédant en rien
sur les principes supérieurs transcendants de l’humanité, est bien plus
héroïque que toutes les guerres, toutes les armées avec leurs victoires
guerrières soi disant glorieuses…
Que
la violence vitale embrase le bon sens et désarçonne le thanatos dément
des maîtres de mort qui usent du mandat que leur prête leur peuple,
eux, confortablement nourris et protégés en leur palais, qui lancent des
guerres et exposent leurs propres pays, leurs peuples et électeurs à
des représailles terroristes!
Que
la paix et le partage entre Nations et États soient le combat héroïque
de notre temps, pour une humanité qui, ayant grandi, aura finalement
saisi que la puissance n’est glorieuse que si et seulement si elle
partage et sert plutôt que de coloniser, détruire et guerroyer pour
dominer en imposant les actuelles formes de racismes de civilisation que
sont l’ethnocentrisme, le sociocentrisme interventionniste,
impérialiste, néocolonialiste!