Paul
Monmaur est clair et net : « Contrairement à ce qui est généralement
rapporté par les médias et admis par une large majorité de la
population, Israël n'a pas été créé par l’ONU. Il n'a pas été créé, non
plus, pour dédouaner une Europe culpabilisée par la Shoah. Celle-ci a
certes été un catalyseur du processus de colonisation de la Palestine
mais pas la cause, comme en témoigne, sans ambiguïté, le rapport de la
commission Peel dont il a été question plus haut. Quant à l’AG
onusienne, elle n’en avait pas la capacité juridique en terme de droit
international dont cette organisation se réclame. De par son statut,
l’AG ne pouvait que « recommander » le partage de la Palestine entre
Juifs et Arabes. Or, d'un plan de partage, les Palestiniens n'en
voulaient pas comme en attestait clairement le rejet sans appel des
propositions de la commission Peel en 1937. C'est donc sans équivoque et
conformément à la charte onusienne qui leur reconnaît ce droit qu'ils
repoussent la résolution 181, refus qui, juridiquement et de facto,
l'invalide. Toutefois, quoique l'ONU ne donne pas de suite pratique à
cette résolution, son principe même porte un mauvais coup au peuple
palestinien. Les sionistes vont immédiatement l'exploiter sous la forme
d'un coup de force et d'une provocation... »
Il
m'apparaît que la vérité historique fait un grand pas avec ce texte !
De même que le réalisme avec la solution qu'il préconise !
Michel Peyret
_____________________________________________________
Pour
fuir les pogroms de l'Europe de l'Est survenus dans le courant du 19ème
siècle et au début du 20ème, de nombreux Juifs qui en sont les victimes
vont émigrer. Les uns vers l'Europe occidentale et vers les Etats-Unis ;
ils constituent le gros de l'émigration. D'autres vont s'installer, par
vagues successives, en Palestine optant ainsi pour le projet sioniste
théorisé par Theodor Herzl vers 1896 qui prône la création d'un Etat
juif pour les Juifs sur cette terre quoique d'autres pays d'accueil
soient aussi évoqués. Leur nombre, modeste jusqu'à la première guerre
mondiale (quelques dizaines de milliers de personnes représentant 8% de
la population totale de la Palestine) ne cesse de croître ensuite. Ces
pionniers qui comptent dans leur rang David Ben Gourion, une figure
emblématique du sionisme, vont former le noyau du futur Etat d'Israël.
Le
projet sioniste vise toute la Palestine historique, de la mer au
Jourdain. Il se fonde, au moins en partie, sur le fameux slogan "Une
terre sans peuple (la Palestine) pour un peuple sans terre (les Juifs)"!
Un mythe qui nie l'existence même des centaines de milliers de
Palestiniens (500 000 environ) qui vivent alors sur ce territoire…
Les
sionistes ne peuvent réaliser ce projet aventureux sans le concours des
principales puissances impérialistes de l'époque, notamment la Grande
Bretagne et la France. Après la bataille de Bersheva, le 31 octobre
1917, qui leur donne une victoire décisive sur les Turcs, les
Britanniques vont adresser dès le 2 novembre 1917 par l’entremise de
Lord Balfour, leur ministre des Affaires étrangères, une « déclaration
de sympathie à l’adresse des aspirations sionistes » à Lord Rothschild.
Cette déclaration stipule également que « le gouvernement de Sa Majesté
envisage favorablement l’établissement en Palestine d’un foyer national
pour le peuple juif et emploiera tous ses efforts pour faciliter la
réalisation de cet objectif. » Le 14 février 1918, la France affirme que
"l’entente est complète entre les gouvernements français et britannique
en ce qui concerne la question d’un établissement juif en Palestine".
Les raisons de ces soutiens au projet sioniste sont implicites. Parmi
elles, une ne peut être contestée : l'implantation en Palestine d'un
poste avancé sioniste placé sous tutelle britannique sert opportunément
les intérêts de la politique impériale occidentale qui ambitionne
d'étendre son contrôle sur les immenses champs pétrolifères du
Moyen-Orient et sur les voies maritimes (notamment le canal de Suez)
d'acheminement du pétrole. Ce "sang de la victoire" comme l'appellent
les alliés victorieux de la grande guerre devient un nouvel enjeu majeur
du capitalisme européen.
Le
Mandat sur la Palestine, donné à la Grande-Bretagne le 24 juillet 1922
par le Conseil de la Société des Nations (SDN), va faciliter les
desseins impérialistes. La voie ainsi ouverte vers la colonisation de la
Palestine permet aux leaders sionistes de s'y aventurer avec un certain
capital de confiance. Toutefois, l'élite du mouvement sioniste est
consciente des obstacles qu'il lui faudra surmonter pour mener à bien
son projet. A titre d'exemple, le président de l’Organisation Sioniste
Mondiale, Chaïm Weizmann, une autre grande figure du sionisme écrit, en
1919, au premier ministre britannique pour lui demander d’étendre la
frontière nord de la Palestine au Golan, à des portions du Liban, de la
Syrie et de la Jordanie, de manière à englober toutes les sources d’eau
disponibles de la région sans lesquelles il n'y aurait pas
d'indépendance économique pour le nouvel Etat. Dans la même logique, Ben
Gourion déclare, en 1941, que pour parvenir à enraciner l’Etat juif, il
faudra que les eaux du Jourdain et du Litani soient comprises à
l’intérieur de ses frontières. La bataille pour l'eau commence déjà.
Par
ailleurs, en 1923, alors que les migrants juifs affluent en nombre
croissant, encouragés par la montée de l'antisémitisme en Europe, un des
chefs influents de l'aile droite du sionisme, Vladimir Jabotinski
affirme, en réaction à la première révolte palestinienne contre
l'immigration juive de masse, que le recours à la force est nécessaire à
la colonisation de la Palestine et que l’armée doit jouer son rôle sans
indulgence. Une conviction que partage ouvertement, en 1937, Ben
Gourion et qui est en totale adéquation avec l'idée avancée, en 1940,
par Josef Weitz alors chef des achats de terres de l’Organisation Juive
Mondiale, selon laquelle il est nécessaire d'expulser tous les Arabes
vers les pays voisins car il n'y a pas de place pour deux peuples vivant
en Palestine. Une analyse qui se fonde sur la montée en puissance d'une
farouche résistance palestinienne à la colonisation sioniste dès 1920.
En effet, quand les Palestiniens réalisent que l’immigration juive a
pour objectif d’établir un Etat juif et de les déposséder de leur terre,
ils entrent en révolte (1920, 1929, 1935, 1936), révoltes qui pour
certaines d'entre elles tournent à l'émeute générant massacres et
victimes, de part et d'autre. Ces rébellions s'intensifient au fur et à
mesure que l'immigration croît et elles atteignent leur apogée entre
1936-1939 où elles sont réprimées dans le sang par l’armée britannique
aidée par les milices sionistes.
Inquiète
de la montée des tensions de plus en plus violentes entre autochtones
palestiniens et migrants juifs, et pour tenter de les réduire, la
commission Peel, mise en place à la demande du gouvernement de Sa
Majesté, préconise, en 1937, le partage de la Palestine en deux parties,
l'une arabe, l'autre juive, avec transfert de populations !Comme on
peut s'y attendre, ce plan qui les dépossède d'une partie importante de
leur territoire et entraîne le déracinement de ses habitants provoque un
véritable choc chez les Palestiniens, lesquels le rejettent en bloc. En
revanche, ils accueillent favorablement le livre blanc publié par le
gouvernement de Chamberlain, le 17 mai 1939. Prenant en compte, dans
toute la mesure du possible, les motivations et les intérêts des Juifs
désireux d'immigrer en Palestine sans léser les droits fondamentaux et
légitimes du peuple palestinien, ce document propose que l'immigration
juive et les ventes de terres aux organisations sionistes soient placées
sous le contrôle des autorités britanniques mandataires et qu'elles
soient régulées en fonction des capacités d'accueil de la Palestine. La
population juive ne doit pas dépasser le tiers de la population du pays
et un Etat palestinien unitaire et indépendant doit voir le jour dans un
délai de 10 ans.
Par
une violente vague d'attentats antibritanniques, par la construction de
nouvelles colonies et un intense activisme politique, les dirigeants
sionistes sabotent cette initiative qui a pourtant les attributs d'un
compromis raisonnable mais qui ruinerait, de fait, une ambition
coloniale forte de 35 ans d'existence : créer un foyer national juif,
pour les Juifs, en Palestine. Ainsi, au seuil du deuxième conflit
mondial et tout au long de celui-ci, les institutions et les
organisations sionistes officielles réaffirment aux yeux de tous leur
volonté irréductible d'atteindre l'objectif qu'elles se sont fixé, cela
par tous les moyens, y compris les armes et le terrorisme. Dès lors les
perspectives s'assombrissent pour le peuple de Palestine : s'il ne
parvient pas à résister à la poussée coloniale sioniste, il sera
contraint à l'exode et à l'exil, ou voué à la destruction. Ces périls ne
sont-ils pas déjà portés en germe dans le projet sioniste ?
Au
début de 1947, engagée dans la reconstruction d’une Europe dévastée et
préoccupée par des conflits militaires qui se développent un peu partout
dans le monde, la Grande Bretagne décide de résilier son mandat sur la
Palestine et d'y mettre fin le 14 mai 1948.
En
1945, suite aux désastres provoqués par la guerre, l'ONU est créée en
remplacement de la Société des Nations réputée avoir failli dans sa
mission. Composée d'une cinquantaine d'Etats seulement, cette
organisation onusienne se trouve, de facto, placée sous le contrôle des
puissances impérialistes occidentales qui l'ont fait naître et la
financent pour l'essentiel. Le 29 novembre 1947, l'Assemblée générale
(AG) de l'ONU adopte, à une courte majorité, la résolution 181 qui
propose le partage de la Palestine mandataire entre Juifs et Arabes : 55
% du territoire aux premiers avec 80% des terres céréalières, les 45 %
restants aux seconds. Un plan de partage dérivé de celui de feue la
commission Peel mais qui est plus pénalisant encore pour les
Palestiniens.
Contrairement
à ce qui est généralement rapporté par les médias et admis par une
large majorité de la population, Israël n'a pas été créé par l’ONU. Il
n'a pas été créé, non plus, pour dédouaner une Europe culpabilisée par
la Shoah. Celle-ci a certes été un catalyseur du processus de
colonisation de la Palestine mais pas la cause, comme en témoigne, sans
ambiguïté, le rapport de la commission Peel dont il a été question plus
haut. Quant à l’AG onusienne, elle n’en avait pas la capacité juridique
en terme de droit international dont cette organisation se réclame. De
par son statut, l’AG ne pouvait que « recommander » le partage de la
Palestine entre Juifs et Arabes. Or, d'un plan de partage, les
Palestiniens n'en voulaient pas comme en attestait clairement le rejet
sans appel des propositions de la commission Peel en 1937. C'est donc
sans équivoque et conformément à la charte onusienne qui leur reconnaît
ce droit qu'ils repoussent la résolution 181, refus qui, juridiquement
et de facto, l'invalide. Toutefois, quoique l'ONU ne donne pas de suite
pratique à cette résolution, son principe même porte un mauvais coup au
peuple palestinien. Les sionistes vont immédiatement l'exploiter sous la
forme d'un coup de force et d'une provocation.
En
effet, à la fin du mandat britannique sur la Palestine, le 14 mai 1948,
les chefs du mouvement sioniste auto-proclament, par la voix du premier
d'entre eux, David Ben Gourion, la création de l'Etat d'Israël !
Inacceptable pour le peuple palestinien qui riposte sur le champ par une
insurrection de très grande ampleur. Sur le pied de guerre et mettant à
profit la moindre opportunité, l'armée et les milices sionistes lancent
aussitôt une série d'opérations militaires de grande envergure.
Au
cours de la confrontation qui est sanglante, les pertes sionistes sont
très élevées : 5000 à 6000 morts dont un quart de civils et plus de
10 000 blessés. Côté palestinien, le bilan est catastrophique : 20 000
morts (le nombre de blessés, sans doute très élevé, n'est pas connu
précisément), des villes et des villages rasés par dizaines et par
centaines, selon le cas, des centaines de milliers de personnes en fuite
dont femmes, enfants et vieillards terrorisés à l'idée de subir le sort
de la population de Deir Yassin, dont une centaine de membres furent
massacrés, la nuit du 9 avril 1948, par les milices juives.
Lors
du cessez-le-feu en février 1949, les sionistes ont conquis et
quasiment vidé de sa population la majeure partie de la Palestine
historique qu'ils vont coloniser. Ils détiennent ainsi, environ 80% du
territoire (c'est à dire tout le territoire palestinien à l'exception de
la Cisjordanie et de la bande de Gaza) alors qu'avant 1948, les Juifs
ne possédaient que 8 % des terres11!
Un désastre (Nakba) pour le peuple palestinien qui vit le premier acte
et malheureusement pas le dernier, d'une terrible tragédie qui va se
poursuivre pendant des décennies et qui perdure encore aujourd'hui.
Le
11 mai 1949, c'est-à-dire un an, presque jour pour jour, après le
déclenchement des actes de barbarie commis par les sionistes à
l'encontre du peuple palestinien révolté, l'ONU accueille Israël en
qualité de nouveau membre. Une fois encore en violation du droit
international que l'organisation a pour mission de faire respecter,
ainsi qu'en violation de la déclaration universelle des droits de
l’homme adoptée 5 mois plutôt par les 58 Etats membres qui constituent
alors son Assemblée générale. Une véritable mystification déjà mise en
scène le 29 novembre 1947 lors de l'adoption de la résolution 181, comme
cela est mentionné plus haut (et qui sera rejouée lors des campagnes
mensongères menées hier contre l'Irak et la Libye et aujourd'hui contre
la Syrie). Ces pratiques illégales et hypocrites révèlent clairement que
l'ONU sert surtout à cautionner les entreprises coloniales de
l'impérialisme états-unien et de ses vassaux européens et sionistes ; ce
faisant, elles disqualifient, de facto, cette organisation qui jouit,
injustement,d'une aura prestigieuse auprès de nombreux citoyens.
En
1967, lors de la guerre des Six Jours déclenchée par les armées
sionistes et qui coûte la vie à 20 000 Arabes, 300 000 Palestiniens sont
à leur tour expulsés de Cisjordanie. Des centaines de colonies avec
leurs 450 000 colons israéliens s'y implantent, accaparant terres et
ressources naturelles de ce territoire, notamment l'eau indispensable à
l'agriculture locale. Les espaces non encore phagocytés par la
colonisation rampante sont progressivement grignotés et leurs habitants
sont expulsés ou en fuite comme, par exemple, dans la vallée du Jourdain
ou encore à Jérusalem Est. Dans ce secteur, 30 000 nouvelles
habitations doivent être construites en 2012, ce qui correspond à la
moitié du projet d'implantation de 60 000 unités censé changer le tissu
démographique de la ville. 3200 hectares des terres palestiniennes sont
confisqués en 2011. Barrages routiers, check-points et mur de séparation
paralysent l'activité journalière des Palestiniens. Depuis l’année
2000, environ 7500 enfants ont été arrêtés et poursuivis par les
tribunaux militaires israéliens pour avoir jeté des pierres. Chaque
année, plusieurs centaines de ces enfants font l'objet de mauvais
traitements qui ont pu aller jusqu’à la torture. Et ces 13 derniers
mois, plus de 3000 Cisjordaniens, dont des femmes et des enfants, ont
été arrêtés (environ 10 000 Palestiniens dont des enfants sont détenus
dans les prisons israéliennes).
Dans
la bande de Gaza, la situation est pire encore. Elle est même
désespérée. 1500 habitants dont des femmes, des enfants et des
vieillards, sont morts sous un déluge de feu déversé par l’armée
israélienne durant l’opération ”Plomb durci” entre décembre 2008 et
janvier 2009 laissant ce territoire dans un état de désolation
apocalyptique. Un très grand nombre d’habitations et d’édifices publics
sont détruits ainsi que la plupart des infrastructures fournissant les
services de première nécessité. Un tiers environ des terres agricoles
sont rendues inexploitables et 90% des usines restent fermées. 65% de la
population est au chômage qui frappe 75% des moins de 30 ans ! La
survie même des Gazaouis est menacée par un blocus meurtrier et des
raids aériens incessants. Bref, Gaza se meurt !
On
estime aujourd'hui à 5 millions le nombre total de réfugiés
palestiniens : plus d'un tiers vivent dans 58 camps disséminés au Liban,
en Syrie, en Jordanie, en Cisjordanie et dans la bande de Gaza. 80% des
Gazaouis sont des réfugiés et/ou des descendants de réfugiés. 45% des
enfants de moins de 18 ans dans les territoires palestiniens sont des
réfugiés.
Dans
les camps, les réfugiés vivent généralement dans une grande précarité
et sont habités par la volonté, rendue irrépressible par la spoliation
de leurs terres et des décennies d'humiliation, de retourner dans leur
foyer d'origine. Alors qu'elles sont la substance même de la résistance
palestinienne, ces communautés de réfugiés, séparées les unes des
autres, abandonnées à leur propre sort, sont, en pratique, considérées
comme des mondes perdus.
Isolés
dans une véritable prison à ciel ouvert et broyés par un blocus
inhumain et des incursions aériennes quasi quotidiennes, les Gazaouis
voient se réduire chaque année un peu plus leur capacité à peser sur la
politique de l'Autorité palestinienne, seul interlocuteur reconnu par
Israël et la communauté internationale, bien que son mandat, arrivé à
échéance, soit à ce jour invalide. Ils sont perçus, au moins par la
composante bourgeoise de la société cisjordanienne, comme des cousins
lointains qui dérivent inexorablement vers leur propre destin…En bref,
pour de nombreux observateurs, la situation des réfugiés aurait atteint
le point de "non retour" !
Dès
son auto proclamation en qualité d'Etat en mai 1948, contre la volonté
palestinienne, Israël est l'épicentre de séismes politiques et sociaux
dont il est à la fois la cause et la victime (voir plus haut), et qui
secouent fortement des pays arabes limitrophes ou voisins. Par
solidarité et/ou par calculs stratégiques et politiques, la Syrie, la
Jordanie, l'Irak et l'Egypte s'engagent militairement au côté de leurs
frères palestiniens durant les évènements de 1948. Par ailleurs, en
riposte à la guerre des Six Jours à la suite de laquelle les sionistes
occupent le Sinaï et le Golan, la Syrie et l'Egypte attaquent Israël en
1973 (guerre du Kippour) et remportent des succès significatifs. Quoique
rapidement stoppés puis annulés par des contre-offensives israéliennes,
ils permettent néanmoins l'ouverture de négociations de paix qui
aboutissent à la normalisation des relations entre Israël et l'Égypte ;
une véritable trahison pour la résistance palestinienne et ses soutiens
syrien et iranien. Là encore, on déplore morts, blessés, prisonniers,
destructions, invasions, occupations… Enfin, le Liban est le théâtre,
pendant 15 ans, de violents affrontements internes suite à de profondes
divergences politiques au sujet, notamment, du traitement de la
résistance palestinienne. Il s'y déroule aussi de durs combats opposant
les forces sionistes aux forces progressistes libanaises et aux fedayins
palestiniens qui sont retranchés dans le pays et à partir duquel ils
lancent des opérations commandos en direction d’Israël.Le bilan général
est effroyable : 200 000 morts environ et le pays est dévasté
politiquement, économiquement et socialement. Aujourd'hui, Liban, Syrie,
Iran et Israël sont installés dans une guerre froide qui peut dégénérer
en conflit ouvert à tout moment.
Ce
qui précède, notamment les tragédies incroyables qui sont rapportées,
s'inscrivent, indiscutablement, dans la logique du projet sioniste et
des idées qu'il véhicule, et découle de sa mise à exécution illégale au
regard du droit international, il y a des dizaines d'années, et qui se
poursuit, obsessionnellement et toujours illégalement, encore
aujourd'hui… Même pour un esprit conciliant, force est de constater
qu'Israël n'a pas d'autre légitimité que celle du fait accompli à coups
de canons, de nettoyages ethniques, de crimes de guerre et de crimes
contre l'humanité.
A
toutes ces atrocités commises hier succèdent les crimes de
déshumanisation et les "sociocides" perpétrés aujourd'hui. Bref, l'état
sioniste est undangereux et insatiable prédateur. Sa force est colossale
car elle s'enracine dans l'hyperpuissance économique et militaire
américano-européenne dont il est le bras armé menaçant, au Proche – et
au Moyen-Orient. La Syrie et l'Iran qui résistent à la réalisation du
projet atlantiste de remodelage du Grand Moyen-Orient sont tout
particulièrement visés actuellement.
Dans
ce contexte, la reconnaissance éventuelle d'un Etat palestinien
croupion, aux frontières virtuelles et à la souveraineté improbable ne
peut être une solution. Ce leurre onusien des maîtres du monde pour
lesquels seul le succès des armes "est raison", ne modifiera pas, de
façon significative, la situation déshumanisée des réfugiés ni celle des
prisonniers, notamment politiques, qui croupissent dans les geôles
israéliennes car sans vérité établie et sans justice rendue il n'y a pas
de paix. Ilne rétablira pas, non plus, dans leurs droits inaliénables
et légitimes ceux des Palestiniens qui seraient tentés d'abandonner
leurs frères déshérités et de renoncer, bon gré mal gré, à 90 % de leur
terre d'origine par peur de perdre davantage encore. Enfin, elle
laissera les Israéliens s'enfermer durablement dans un
ultra-communautarisme aux effets explosifs, tandis que la communauté
internationale, complice de leurs crimes, devra faire face
à sa sinistreconscience.
En
revanche, la construction d'un Etat multiethnique, multiculturel,
laïque et démocratique s'étendant sur tout le territoire de la Palestine
historique est l'initiative qui, seule, paraît en mesure, à la fois (a)
de rendre justice, droits et dignité à tous les Palestiniens, réfugiés
inclus, et (b) de restaurer chez les Israéliens, humanisme, honneur et
paix que nombre d'entre eux, las des souffrances infligées mais aussi
subies, appellent aujourd'hui de leurs vœux.
C'est
vers cet objectif que doivent converger toutes les forces de combat
progressistes, notamment occidentales. La cible ? Pas Israël (sauf via
la campagne non violente BDS) car on n'a jamais vu un système par nature
expansionniste, conquérant et hyperpuissant rendre les armes de
lui-même, sans combattre. L'impérialisme US-UE ? Oui, car sans son
soutien et sa protection, l'idéologie sioniste, son appareil politique
et son système militaire imploseraient, naturellement. "Qui ne croit pas
aux miracles n'est pas un réaliste" ; une réflexion attribuée à Ben
Gourion ! Prenons-le au mot : résistons aux idées reçues, au
conformisme, au dogmatisme, à la pensée unique, à la fatalité et tentons
de faire triompher la vérité, la justice, le droit et la solidarité, en
faveur de tous…
N'attendons pas que l'injustice et la barbarie frappent à notre porte pour les dénoncer et les combattre !
Paul Monmaur, universitaire, retraité
L'unique
ambition de cette modeste contribution est d'essayer d'alimenter la
réflexion et de susciter le débat sur la situation actuelle au
Proche-Orient, en général, et à la tragédie du peuple palestinien, en
particulier.