Ce
que j'entends, par transcendance […]
Premièrement, nous appellerons transcendance, le dépassement par
lequel l'homme, en chacun de ses actes créateurs, qu'il s'agisse d'inventions
scientifiques ou techniques, de créations artistiques, d'amour, de révolutions
ou de sacrifices, fait l'expérience vécue, qu'il est autre chose et plus que
l'ensemble des conditions historiques qui l'ont engendré, autre chose que leur
résultante et que leur produit, son avenir, ne se déduit pas seulement de son
héritage biologique, de ses conditionnements sociologiques, de sa culture, de
sa formation. La transcendance est ainsi rupture à l'égard des déterminismes et
des rationalités telles qu'elles sont définies en tel ou tel moment de
l'histoire […]
Deuxième aspect : Nous appellerons transcendance la possibilité permanente
de rupture avec l'ordre établi et les modèles déjà existants de société,
c'est-à-dire, l'acte par lequel, au lieu de chercher les fins d'une société à
l'intérieur du système, […] nous pouvons chercher les fins de la société en
dehors du système, c'est-à-dire dans une manière nouvelle […] de vivre nos
rapports avec la nature, avec les autres hommes, avec l'avenir ; bref de
choisir un nouveau modèle de civilisation. […] Il ne s'agit donc pas d'une
simple négation, mais d'un pouvoir de rupture, la transcendance étant cette
dimension de l'homme qui fait émerger en lui l'homme caché. J'insisterai sur le
fait qu'elle est le contraire de l'irrationnel : elle est beaucoup plus le
moment critique de la raison, la mise en cause permanente de la raison déjà
faite, au nom d'une raison en train de se faire et dont elle est le ferment,
c'est-à-dire qu'elle est de l'ordre d'une question, et non pas de l'ordre d'une
réponse […].
Troisièmement j'appelle transcendance cette dimension de l'homme prenant conscience qu'il n'a pas d'autre essence que son avenir et qu'il vit d'être inachevé. La transcendance est par là même, une dimension de l'histoire, lorsque nous avons conscience qu'elle n'est pas linéaire, unidimensionnelle, mais au contraire, qu'elle naît, comme l'écrit Ernst Bloch, d'un «océan de possibles dont un seul s'est réalisé ».
Troisièmement j'appelle transcendance cette dimension de l'homme prenant conscience qu'il n'a pas d'autre essence que son avenir et qu'il vit d'être inachevé. La transcendance est par là même, une dimension de l'histoire, lorsque nous avons conscience qu'elle n'est pas linéaire, unidimensionnelle, mais au contraire, qu'elle naît, comme l'écrit Ernst Bloch, d'un «océan de possibles dont un seul s'est réalisé ».
Roger
Garaudy
Extraits de Transcendance et révolution
Intervention au Colloque du Centre Interdisciplinaire d’Etudes Philosophiques de l’Université de Mons (Belgique). 17 et 18 mai 1974
Extraits de Transcendance et révolution
Intervention au Colloque du Centre Interdisciplinaire d’Etudes Philosophiques de l’Université de Mons (Belgique). 17 et 18 mai 1974