06 août 2017

Joachim de Flore

Permanence de l'Evangile malgré le constantinisme
1/ Joachim de Flore




Moine cistercien calabrais, Joachim de Flore (v. 1145-1202) marque la première rupture avec l'ordre constantinien.
Renouant avec la tradition apocalyptique et prophétique du christianisme primitif d'Antioche, Joachim de Flore, après avoir parcouru le Proche-Orient—la Palestine, la Syrie, Constantinople— , à la manière des ermites de la primitive Eglise d'Alexandrie, choisit la vie d'ermite qui est protestation non seulement contre la règle de son ordre bénédictin, mais contre les perversions de l'Eglise.
S'efforçant de déchiffrer les signes du Temps, il créée une théologie de l ' histoire qui est la première théologie de l'espérance. Il déploie la Trinité dans le Temps, en une histoire du salut. Il y a eu, selon lui, trois âges de l'histoire: l'âge du Père, où l'homme vit sous la Loi, c'est la première alliance ; celle de l'Ancien Testament, celle du peuple juif avec Iahvé, l'âge du Fils, où l'homm e vit sous la grâce, c'est la deuxième alliance, celle du Nouveau Testament , celle aussi de l'Empire romain et de l'Eglise ; et il prophétise l'âge de l'Esprit, celui de la troisième alliance sans peuple élu et sans frontières. Il l'évoque dans son livre Traité sur les
quatre Evangiles. L’âge de l'Esprit sera au second âge ce que le second était au premier.

Dans cette perspective, le Christ n'est pas la fin de l'histoire mais le début
de son renouvellement, dont il fut l'annonciateur.
L'idée de Joachim de Flore d'un Royaume de Dieu sur la terre est le premier ferment des mouvements révolutionnaires de l'Europe. Elle va
fournir un modèle à toutes les utopies ultérieures. Et lorsqu'elle opère sa jonction avec les aspirations de couches sociales opprimées, elle se transforme en mouvement révolutionnaire militant : avec les hussites
a u début du XVe  siècle et surtout avec Munzer (1490-1525), le premier
«théologien de la révolution», entraînant les paysans allemands dans la lutte pour une société sans classes, sans Etat, et sans Eglise, où Engels
verra « le programme communiste le plus avancé que l'Europe ait connu avant le milieu du XIXe  siècle ».


Roger Garaudy Comment l’homme devint humain – p 241