Permanence
de l'Evangile malgré le
constantinisme
1/ Joachim de Flore
1/ Joachim de Flore
Moine cistercien calabrais, Joachim de Flore (v. 1145-1202) marque la première rupture avec l'ordre constantinien.
Renouant avec la tradition
apocalyptique et prophétique du christianisme primitif d'Antioche, Joachim de
Flore, après avoir parcouru le Proche-Orient—la Palestine, la Syrie,
Constantinople— , à la manière des ermites de la primitive Eglise d'Alexandrie,
choisit la vie d'ermite qui est protestation non seulement contre la règle de
son ordre bénédictin, mais contre les perversions de l'Eglise.
S'efforçant de déchiffrer les signes
du Temps, il créée une théologie de l ' histoire qui est la première théologie
de l'espérance. Il déploie la Trinité dans le Temps, en une histoire du salut.
Il y a eu, selon lui, trois âges de l'histoire: l'âge du Père, où l'homme vit sous
la Loi, c'est la première alliance ; celle de l'Ancien Testament, celle du
peuple juif avec Iahvé, l'âge du Fils, où l'homm e vit sous la grâce, c'est la deuxième
alliance, celle du Nouveau Testament , celle aussi de l'Empire romain et de
l'Eglise ; et il prophétise l'âge de l'Esprit, celui de la troisième alliance
sans peuple élu et sans frontières. Il l'évoque dans son livre Traité sur
les
quatre Evangiles. L’âge de l'Esprit sera au second âge ce que le second
était au premier.
Dans cette perspective, le Christ
n'est pas la fin de l'histoire mais le début
de son renouvellement, dont il fut
l'annonciateur.
L'idée de Joachim de Flore d'un
Royaume de Dieu sur la terre est le premier ferment des mouvements
révolutionnaires de l'Europe. Elle va
fournir un modèle à toutes les
utopies ultérieures. Et lorsqu'elle opère sa jonction avec les aspirations de couches
sociales opprimées, elle se transforme en mouvement
révolutionnaire militant : avec les hussites
a u début du XVe siècle et surtout avec Munzer (1490-1525), le premier
«théologien de la révolution», entraînant les paysans allemands dans la lutte pour une société sans classes, sans Etat, et sans Eglise, où Engels
«théologien de la révolution», entraînant les paysans allemands dans la lutte pour une société sans classes, sans Etat, et sans Eglise, où Engels
verra « le programme communiste le
plus avancé que l'Europe ait connu avant le milieu du XIXe siècle ».
Roger
Garaudy –
Comment l’homme devint humain – p 241