LA DIALECTIQUE DES LIMITES CHEZ
L’HOMME.
Par Camille Loty Malebranche
Toute
limite qui ne relève de l’essence de l’Esprit n’est que borne,
c'est-à-dire mur artificiel dressé au mental par un monde matérialiste
et son flot du charnel psychologique frappant l’humain d’aliénation
métaphysique et de déchéance spirituelle.
Pour
l’homme, la dignité et la téléologie naturelle, ces appels incessants à
une entéléchie, un but, un eschaton pressenti qui passe par une
téléologie - cette visée à l’au-delà des banalités de la finitude, cette
puissance irrépressible de l’intériorité pour briser le carcan de l’ici
et du maintenant - le renversement ou à tout le moins, le déplacement
voire l’abolition des limites constitue un objectif, une vocation de
dépassement…
D’abord,
au niveau somatique il nous faut constamment lutter contre les forces
des obstacles pour maintenir et prolonger notre statut d’être vivant en
satisfaisant les besoins vitaux organiques, d’une part, tout en nous
protégeant, de l’autre, des dangers de la nature environnante. Après,
vient la dimension intellectuelle où l’homme affronte la pesanteur des
limites par l’incommensurable immensité de son ignorance. Ailleurs, bien
au-delà de notre être biologique, la dimension sociale et culturelle et
ses répressions sur l’homme, le poussent à s’insurger contre les
limites qu’imposent des structures répressives établies par les
establishments contre les majorités. Enfin, c’est la dimension
spirituelle de l’homme qui déjoue toutes les bornes ontologiques de
l’ici et du maintenant, du temps et de la durée, mais en impose une
selon sa lecture du sens: la morale de l'harmonisation de l'esprit avec
sa nature. Celle-ci est le seul espace où l’esprit humain révèle une
propension à sa propre limitation. Et, si nous avons préféré dire
bornes, c’est parce que toute limite qui ne relève de l’essence de
l’Esprit n’est que borne, c'est-à-dire mur artificiel dressé, aliénation
métaphysique et déchéance spirituelle.
Loin
des mièvreries et niques de philosophes de salon ou de médias, arguant
d’athéologie ou d’inamovibilité d’un ordre idéologique donné, la
question essentielle de la philosophie est de savoir si de ses deux
dimensions de l’esprit à la fois briseur des bornes et
auto-harmonisateur des dimensions de sa nature métaphysique, l’homme
peut connaître et vivre la vérité de son destin de sujet connaissant
et assumer son sens ontologique malgré l’immensité du non savoir de
cette existence où tant de voiles cachent la face de l’esprit.
Là, seule la foi en Dieu et la spiritualité ancrée dans l’intuition de
l’espace divin, propose une réponse à l’homme et préserve la conscience
des lubies abyssales de l’absurde.
Pour l’homme, il n’y a en fait qu’une
destinée qui est la vie éternelle en Dieu; le destin individuel est
donc notre manière personnelle, particulière, situationnelle de répondre
dans notre existence singulière à cette vocation spirituelle pour ou
contre la destinée.