1977 Avec l'Impératrice Farah Diba |
Téhéran 1986 |
Nous vous livrons aujourd'hui un article d'A.Minard et M. Prazan, "La consécration persane de Roger Garaudy", préliminaire au livre-réquisitoire des mêmes auteurs contre Garaudy. Seuls y sont retenus les éléments "à charge". Le lecteur se reportera aux nombreux articles de ce blog (http://rogergaraudy.blogspot.fr/search/label/Roger%20Garaudy) pour remettre les choses en une disposition plus conforme au contexte et à la réalité de l'époque, plus conforme aussi aux positions du philosophe sur la question d'Israël (par exemple: http://rogergaraudy.blogspot.fr/2010/10/laffaire-israel-le-sionisme-politique.html ou http://rogergaraudy.blogspot.fr/2013/07/larticle-du-monde-de-1982-et-le.html, et plus conforme enfin à la vérité de ce que fût la vie de Garaudy prise dans sa globalité (lire la courte mais éloquente synthèse biographique de Luc Collès :http://rogergaraudy.blogspot.fr/2010/08/roger-garaudy-temoin-de-son-temps-luc.html, ainsi que http://rogergaraudy.blogspot.fr/2010/08/sur-litineraire-de-garaudy-par-luc.html) . En ce qui concerne la 2ème partie de cet article, sur le négationnisme, en plus de l'article déjà cité de Luc Collès se reporter notamment au Droit de réponse de Roger Garaudy lui-même: http://rogergaraudy.blogspot.fr/2010/08/affaire-des-mythes-fondateurs-le-droit.html.
Voir un article de 1997 de Roger Garaudy sur la révolution islamique:http://rogergaraudy.blogspot.fr/2016/08/la-revolution-islamique-par-roger.html .NDLR.
Des faveurs du Shah à la
révolution islamique
Maryam A.
vit aujourd’hui dans un coquet appartement du Quartier latin. Née à Téhéran en
1942, elle a vécu en France durant sa jeunesse, avant de retourner dans son
pays au cours des années 1960. Mais elle ne s’y sent pas vraiment à l’aise.
Elle fait alors partie de la haute bourgeoisie occidentalisée qui gravite
autour de la famille impériale. Comme tous ses amis, elle est tiraillée entre
ses origines et son attirance pour la vie sociale et culturelle qu’elle a
connue à Londres ou à Paris. Devenue professeur de traduction à l’université et
donnant des cours à l’Institut français de Téhéran, Maryam fréquente surtout
les membres de l’élite francophile qui bénéficie des faveurs de la Shahbanou,
l’épouse du Shah, et apparaît comme un trait d’union avec l’Occident. Toutes
deux ont d’ailleurs partagé les mêmes bancs de l’école Jeanne d’Arc de Téhéran,
chez les sœurs, avant de se retrouver comme étudiantes à Paris. Elle se
souvient de la passion éprouvée par nombre de Français, artistes et
intellectuels, pour l’Iran du début des années 1970. Le pays connaît alors un
« miracle » économique qui suscite l’admiration de nombreux
Occidentaux en mal d’exotisme. On assiste à l’émergence d’une nouvelle
bourgeoisie aux yeux tournés vers les Etats-Unis ou la France. Le développement
de la culture et des arts est favorisé par le régime du Shah. C’est l’époque de
la redécouverte de la civilisation perse, de la vogue du soufisme et de la
modernisation accélérée de l’Iran. Un pays de cocagne en somme. Un
« ailleurs » où la jeunesse française, après les désillusions de Mai
68, peut se ressourcer au contact d’une société neuve et des sagesses
orientales.
Le
chorégraphe Maurice Béjart est de ceux qui séjournent régulièrement dans son
pays. En 1971, il apporte sa contribution chorégraphique aux festivités
organisées à Persépolis pour le 2 500e anniversaire de la fondation
de l’Empire perse, en présence de centaines d’invités étrangers. Deux ans plus
tard, il crée deux ballets s’inspirant de la musique traditionnelle iranienne,
l’un appelé « Golestan », et l’autre « Farah », en
l’honneur de la Shahbanou, à laquelle il voue, comme beaucoup de Français, une
grande affection. Il apparaît ainsi plusieurs fois en vedette du festival de
Shiraz, où ses représentations bénéficient du somptueux décor des ruines
antiques. A la suite de la rencontre d’un musicien kurde adepte du soufisme, il
se convertit à l’islam en 1973.
Maryam a
assisté à ces fabuleuses mises en scène de Béjart, mais elle se souvient
surtout de son ami philosophe auquel il a communiqué sa fascination pour
l’Iran, Roger Garaudy. C’est au milieu des années 1970 qu’elle le croise dans
les soirées branchées organisées chez des amis. Bien qu’ils soient choyés par
le régime du Shah, ces intellectuels iraniens sont souvent encore proches du
communisme ou du trotskisme. Le pouvoir a donc tout intérêt à gâter ces opposants
potentiels en leur laissant beaucoup de liberté dans le domaine culturel. Pour
eux, recevoir Garaudy est un honneur : « On voyait quelqu’un qui
avait été le responsable des éditions marxistes en France. On l’a vu fasciné
par une culture qui était la nôtre depuis notre naissance. Il nous a aidés à
regarder nos origines », lui reconnaît Maryam. L’accueil fait à l’ancien
dirigeant du PCF s’inscrit dans cette volonté des intellectuels francophones de
lier l’attachement aux racines à l’attrait pour les courants contestataires
français.
Roger
Garaudy séjourne à plusieurs reprise chez Majid Rahnema, ministre iranien de
l’Enseignement supérieur, qui a longtemps représenté l’Iran à l’ONU. Il passe
plusieurs étés dans la magnifique demeure de cette riche famille au nord de
Téhéran. Logé gracieusement et bénéficiant de tous les égards du personnel de service,
il peut pleinement profiter du confort de cette villa établie au pied d’une
montagne et entourée d’un luxuriant jardin parcouru par une source d’eau
claire. Maryam a l’occasion de le rencontrer chez son ami Majid, où Garaudy
passe l’essentiel de son temps à écrire ou à discuter avec les représentants de
cette intelligentsia progressiste et proche de la cour impériale. « Avec
son chauffeur, un cuisinier, des femmes de chambre à sa disposition, il faisait
ce qu’il voulait, toujours en bonne compagnie. Moi, ça ne m’a jamais choquée,
mais mon mari était beaucoup plus critique. Pour lui, c’était quelqu’un
d’intéressé, d’opportuniste, seulement capable de grands discours un peu creux,
quand l’important était de sortir les masses de la misère. »
Garaudy
parvient rapidement à s’imposer comme une personnalité appréciée et écoutée.
Ses généreux hôtes le mettent en relation avec Farah Dibah qui lui confie la
tâche de fournir aux Maisons de la culture du pays les moulages des cent
chefs-d’œuvre de la sculpture mondiale. Suivant les propositions du philosophe
français, elle impulse aussi la création d’un Centre iranien pour le dialogue
des civilisations, sur le modèle de l’Institut du même nom que Garaudy a créé à
Genève en 1974. Une photographie le montre en grande conversation avec la belle
impératrice lors de son inauguration, en octobre 1977. Elle est d’ailleurs
venue écouter son exposé lors du colloque organisé le même jour [1][1] Roger Garaudy,
« De la sécession de l’Occident au dialogue.... A cette occasion, Garaudy est
marqué par sa brève rencontre avec le grand islamologue Henry Corbin,
professeur à la Sorbonne, spécialiste du soufisme et du chiisme iranien. Mais
il n’a pas vraiment le temps d’approfondir son intérêt pour l’islam chiite que son
séjour prend fin. Quand, à partir de septembre 1978, des manifestations
massives s’en prennent à la dictature répressive du Shah, Garaudy observe les
événements depuis la France. Le déploiement de l’armée et le déclenchement
d’une grève générale terminent de déstabiliser le pays. La suite est connue. Le
16 janvier 1979, le Shah et l’impératrice quittent l’Iran à la demande du
Premier ministre Shapour Bakhtiar, qui cherche ainsi à calmer la situation. La
fulgurante popularité d’un chef religieux qui a trouvé exil en banlieue
parisienne, l’ayatollah Khomeiny, et son retour à Téhéran début février
amorcent un transfert du pouvoir vers un gouvernement islamique dont il prend
vite le contrôle. A partir du mois de mai 1979, le pays entre dans une phase de
violente répression : les Gardiens de la Révolution récupèrent l’essentiel
des pouvoirs locaux, arrestations et exécutions se multiplient, une
constitution donne les pleins pouvoirs au « Guide spirituel
suprême », Khomeiny lui-même, qui devient président à vie.
L’idée d’une
destitution du Shah a suscité une vague d’enthousiasme parmi l’élite
progressiste du pays, même chez ceux qui exerçaient des responsabilités
politiques. Une large constellation de groupes marxistes, anarchistes ou tout
simplement laïcs, entrevoient derrière les mots d’ordre religieux un mouvement
révolutionnaire qui leur permettra de forger un nouvel avenir à la société
iranienne. On retrouve la même jubilation, doublée d’une véritable fascination
pour Khomeiny, parmi certains intellectuels et journalistes français, et non
des moindres. Pour les militants gauchistes et tiers-mondistes en quête d’un
nouveau modèle, l’ayatollah a l’étoffe d’un nouveau Mao ou d’un Che Guevara.
« Tous ces gens-là qui n’avaient pas pu faire la révolution chez eux, ils
sont venus la faire chez nous », se rappelle Maryam. Lorsque, le 1er
février 1979, Khomeiny, quittant sa retraite de Neauphles-le-Château,
s’embarque à bord d’un vol pour Téhéran, Claire Brière, Marc Kravetz et Serge
July, tous journalistes à Libération, sont du voyage. Quelques jours
après son arrivée, le directeur du journal s’exalte pour la mise en place
« d’une formidable organisation dans les quartiers, autour des mosquées et
la prise en charge de tous les aspects de la vie sociale [2][2] Serge July dans
Libération, 12 février 1979, cité dans... ». Mais c’est l’enthousiasme de Michel Foucault
qui est surtout resté dans les mémoires. A deux reprises, en septembre et en
novembre 1978, il effectue une série de reportages en Iran pour le compte du
quotidien italien Corriere della sera. Marqués par l’intensité du
mouvement auquel il assiste, ses articles témoignent de sa fascination pour
cette « révolte à mains nues » menée héroïquement par le peuple
iranien contre l’armée du Shah. Tentant une analyse politique sur le vif, il
écrit alors :
« Je me
sens embarrassé pour parler du gouvernement islamique comme “idée” ou comme
“idéal”. Mais comme “volonté politique”, il m’a impressionné. Il m’a
impressionné dans son effort pour politiser, en réponse à des problèmes
actuels, des structures indissociablement sociales et religieuses ; il m’a
impressionné dans sa tentative aussi pour ouvrir dans la politique une
dimension spirituelle [3][3] Michel Foucault,
« A quoi rêvent les Iraniens ? »,.... »
Pour lui, la
révolution ne se trouve plus formulée dans les classiques du matérialisme
dialectique, elle ne répond plus à des modèles occidentaux ; elle se
manifeste en acte par une nouvelle synthèse entre religion et politique. Et ce
mélange détonnant est incarné par l’islam [4][4] Michel Foucault,
« Une poudrière appelée islam », Corriere....
Quelques
mois plus tard, cette analyse est reprise presque mot pour mot par Roger
Garaudy. Comme une partie de la bourgeoisie éclairée qui l’a reçu en Iran, son
admiration pour l’ouverture culturelle du régime de Pahlavi est vite reléguée
par l’euphorie de la révolution. En France, il est loin d’être le seul à
s’emballer pour les événements iraniens. La quasi-totalité des groupes et des
intellectuels d’extrême gauche applaudissent tant la chute d’un pouvoir
autoritaire soutenu par les Etats-Unis que l’avènement d’un mouvement de masse
révolutionnaire. Maurice Béjart fait aussi partie des thuriféraires du régime
islamique. Mais Garaudy va, lui, beaucoup plus loin. Alors que, au printemps
1979, la sanglante répression consécutive au retour de Khomeiny met fin aux
dernières illusions, bien après que Foucault, critiqué, s’est tu sur ce sujet,
Garaudy persiste à célébrer l’espoir incarné par la révolution islamique. Dans
son Appel aux vivants publié à la fin de l’année, il souligne la
non-conformité de cette révolution avec les catégories politiques classiques de
l’Occident. Elle apporte une bouffée d’air frais dans la théorie des gauchismes
et une perspective inédite pour les déçus du marxisme. Pour Garaudy, il s’agit
surtout d’une offensive des masses contre le modèle de croissance occidental et
ses symboles, qu’il a lui-même en horreur, ces « night-clubs ou cinémas
qui affichaient les plus bestiales productions de l’Occident [5][5] Roger Garaudy,
Appel aux vivants, Paris, Le Seuil,... ». L’événement montre la pertinence d’un
« socialisme islamique », soit une alliance entre révolution et foi
dont Garaudy se réclame depuis plusieurs années. Selon lui, « une
république islamique implique […] une démocratie communautaire, associative et
participative [6][6] Ibid., p. 298. ». S’il s’agit d’un véritable
aveuglement, ce n’est pas faute d’avoir pu approcher la réalité sur place. En
juin 1980, il participe, aux côtés des socialistes Lionel Jospin et Didier
Motchane, aux discussions internationales organisées à Téhéran à propos du sort
d’une partie du personnel de l’ambassade américaine, retenue en otage par les
étudiants islamistes depuis le mois de novembre. Deux ans plus tard, dans Promesses
de l’islam, il doit bien reconnaître, pour le déplorer, l’intégrisme des
mollahs, mais ne démord pas de son engouement pour cette « conception
plénière de la révolution, qui n’est pas seulement subversion des structures
mais, d’un même mouvement, mutation de l’homme [7][7] Roger Garaudy,
Promesses de l’islam, Paris, Le Seuil,... ». Si les soutiens français du nouveau régime
iranien se sont un à un désistés, Garaudy persiste à se faire l’apologiste de
la théocratie islamiste.
De retour en
Iran en 1989, auréolé de sa réputation de nouveau converti, Garaudy est reçu
très officiellement par les dignitaires religieux du régime. Le 11 février,
jour de la fête nationale, il assiste aux cérémonies organisées pour le dixième
anniversaire de la Révolution. Garaudy exalte cet épisode glorieux, pour lui
comparable à 1789 en France, lorsque « le tchador devenait ainsi le
contraire du strip-tease, comme la lecture constante de la grande poésie
coranique la réaction contre les formes hurlantes et convulsives du rock [8][8] Roger Garaudy,
Mon tour du siècle en solitaire, Beyrouth,... ». L’invité est fasciné par la volonté de ses
hôtes, dans la lignée des grands projets totalitaires du siècle, de modeler un
homme nouveau, débarrassé des stigmates de la corruption occidentale et de la
culture made in US. L’exaltation de la soumission des femmes et le rejet
de la musique dépravée de l’Occident reprennent parfaitement les diatribes de
ses amis ayatollahs. Ceux-ci convient Garaudy à assister à un grand défilé
militaire dans les rues de Téhéran, qui demeure le souvenir le plus émouvant de
sa visite :
« D’ici,
de la tribune, cette foule apparaît comme un oiseau fabuleux aux ailes
déployées. Aux deux extrémités, comme de fines plumes noires serrées, les
groupes à l’infini de femmes, veuves, mères en deuil, jeunes filles aux voiles
funèbres. Puis les alignements serrés d’uniformes marron : ceux des
soldats en partance. […] Au centre, comme le corps, la tête et le cœur de l’oiseau
qui plane, une large bande de duvet blanc ; ce sont les milliers de
volontaires des commandos suicides qui se jetteront, avec leur charge
d’explosifs autour du corps ou dans leur voiture, sur les objectifs de
l’ennemi. Ils portent déjà leur linceul comme vêtement de leur mort proche et
voulue [9][9] Ibid., pp.
437-438.. »
Ce volatile
qui émerveille tant Garaudy n’est certes pas une colombe. Les volontaires de la
mort sont souvent des adolescents fanatisés qui appartiennent aux troupes du
Bassidje ou du Hezbollah. Lorsque Garaudy les caresse du regard, la guerre
entre l’Iran et l’Irak s’est achevée depuis un an. Il ne mentionne pas leur
cible, puisqu’elle est évidente : ces jeunes kamikazes destinés au martyre
visent en particulier Israël.
De retour en
Europe, Garaudy, enchanté de l’accueil reçu en Iran, tient vite à relativiser
la gravité de la fatwa formulée par Khomeiny à l’encontre de Salman
Rushdie, le romancier britannique qui vient de publier Les Versets
sataniques. Pour lui, pas de doute, la liberté avec laquelle il s’en prend
à l’islam montre a contrario le traitement de faveur réservé aux Juifs
en Occident [10][10] Roger Garaudy,
« Sur “l’affaire Rushdie” », L’Evénement....
Le géniteur du négationnisme
d’État
Après un
intermède pro-irakien, il faut attendre la publication de son livre Les
Mythes fondateurs de la politique israélienne et surtout son procès en 1998
pour assister aux retrouvailles entre Garaudy et les dirigeants iraniens. Comme
dans les autres pays du monde musulman, la couverture de ce procès par les
médias iraniens atteint des proportions inédites. Son originalité réside dans
le ton d’emblée très offensif des articles publiés dans la presse et dans la
diffusion extrêmement rapide de la rhétorique négationniste parmi les élites du
pays. En même temps que le déroulement des audiences lors desquelles comparaît
le philosophe musulman, le public se familiarise avec ses idées et découvre la
négation de la Shoah. Quelques jours après le début du procès, Jomhouri
Islami, le journal de l’aile la plus dure du régime, affirme que « le
faux slogan du meurtre de millions de Juifs » par les nazis est un
« prétexte ridicule » grâce auquel les sionistes, « par sa
fabrication et sa propagation », ont réussi à convaincre l’opinion de la
nécessité de créer un Etat juif [11][11] Jomhouri
Islami, 14 janvier 1998, cité dans la revue.... Kayhan International
informe ses lecteurs que Garaudy est poursuivi en justice pour avoir seulement
exprimé un « jugement d’expert », selon lequel les chambres à gaz
comptent parmi « les mythes fondateurs de l’Etat usurpateur connu sous le
nom d’Israël ». Pour les rédacteurs du quotidien, le procès intenté à
Garaudy, « un des géants de la culture française », marque « l’aube
d’une sombre période de chasse aux sorcières » [12][12] Kayhan International,
19 janvier 1998, ibidem.. Même son de cloche dans les colonnes de Resalat selon lequel un
« écrivain libre penseur » est poursuivi alors que ses théories ne
sont « pas éloignées de la vérité ». Il est d’ailleurs très possible,
précise le journal, qu’au lieu d’écrire l’histoire d’Auschwitz et des chambres
à gaz nazies, les intellectuels occidentaux n’aient fait que l’inventer.
Dès les
premiers jours d’audience à Paris, des étudiants iraniens liés au Hezbollah
manifestent devant l’ambassade de France à Téhéran. Dans l’attente du verdict,
le 20 janvier 1998, le président Mohammad Khatami, réputé modéré, déclare que
les « gouvernements occidentaux ne tolèrent pas qu’on s’oppose à leurs
intérêts, et c’est pourquoi l’Occident juge un érudit pour avoir écrit un livre
sur les sionistes [13][13] Dépêche de
l’Agence France Presse, Le Monde, 21 janvier... ». Garaudy a certes été reçu
par le Premier ministre libanais et le vice-président syrien en 1996, mais
c’est la première fois qu’un chef d’Etat fait un communiqué officiel pour lui
apporter son soutien. Sitôt la peine connue, le gouvernement lui fournit une
première avance de dix mille rials, soit environ deux mille dollars, pour
participer au paiement des amendes et des frais de justice. L’ayatollah Ahmad
Janati, secrétaire du conseil des Gardiens de la Révolution, demande à ce que
le livre de Garaudy soit « traduit dans toutes les langues des Etats
islamiques » et « distribué partout ». Garaudy est surtout
invité à venir personnellement en Iran, pour y être à nouveau reçu par les plus
hauts dignitaires du régime. Mais, cette fois-ci, il est bien plus qu’un
intellectuel français converti à l’islam et ayant des sympathies affichées pour
la République islamique [14][14] Roger Garaudy
s’est converti à l’islam en 1982, quelques.... Il apparaît comme le grand fédérateur du monde
musulman dans le combat contre l’Occident et le sionisme. En avril 1998,
Téhéran est la dernière étape de son périple au Moyen-Orient. A quelques jours
de son arrivée, la presse locale radicalise encore son apologie du
négationniste français. Pour le Tehran Times, un journal plutôt
« progressiste », les chercheurs comme lui ont de bonnes raisons de
douter des détails du « prétendu Holocauste » qui ne serait rien de
plus qu’une « invention des sionistes pour gagner la sympathie de
l’Occident » et lui extorquer des milliards de dollars tous les ans.
« Pour conserver leur arme de chantage », ils s’en prennent de façon
irrationnelle à des personnes âgées et innocentes telles que Roger Garaudy ou Maurice
Papon, ajoute le quotidien [15][15] Tehran Times, 4
avril 1998.. Un
journaliste n’hésite pas à parler d’« Holocauste judiciaire » à
propos des poursuites contre le « penseur octogénaire français [16][16] Kayhan
International, 20 avril 1998. ». Des pétitions de soutien recueillent les
signatures de 600 journalistes et de 160 membres du Parlement iranien.
Garaudy est
reçu avec les honneurs par le président Khatami et l’ayatollah Ali Khameneï le
20 avril 1998. Le Guide suprême, qui a succédé à Khomeiny en 1989, paraît à ses
côtés dans une émission de télévision où il le félicite chaleureusement pour
son courage et loue ses travaux. Une grande conférence est aussi organisée sous
l’égide du ministre iranien des Affaires étrangères, où Garaudy peut réitérer
ses attaques contre les Etats-Unis et Israël qui, selon lui, ne forment qu’une
seule et même entité menaçante. Il est même invité à s’exprimer devant le plus
prestigieux séminaire religieux d’Iran, la madrasa de Feyzieh, dans la
ville sainte de Qom, qui était le fief de Khomeiny. A l’occasion de ce séjour,
les autorités insistent lors de plusieurs déclarations publiques sur la
convergence de ses vues avec les positions officielles du régime. Elles font
aussi preuve d’un intérêt particulier pour les arguments négationnistes exposés
dans son livre, car ils sont susceptibles d’enrichir la palette rhétorique de
la propagande antisioniste d’Etat. Plusieurs dignitaires dressent un parallèle
entre l’affaire Salman Rushdie et le cas de Roger Garaudy, dénonçant l’attitude
de l’Occident qui a pris la défense du premier, nécessairement coupable, mais a
condamné le second, alors que lui ne l’est pas. A partir de cette visite
retentissante, Garaudy est considéré comme une référence intellectuelle
incontournable par les dirigeants iraniens. Promu au rang de théoricien et de
consultant, il fournit opportunément une caution d’apparence scientifique aux
diatribes anti-israéliennes et anti-occidentales de la République islamique. De
nombreuses émissions télévisées ou radiophoniques, comme la plupart des
journaux, font appel à son « expertise ». Aux yeux des mollahs et des
hommes politiques, Garaudy est à la fois un converti sincère, un martyr de
l’oppression sioniste, et un agent d’influence chez l’ennemi. Bref, un homme
lige indispensable pour asseoir l’idéologie du régime.
Non
seulement sa venue en Iran a contribué à diffuser le discours négationniste sur
place, mais elle a aussi fait du pays un havre et un centre stratégique pour
les négateurs de la Shoah du monde entier. Dès 1998, nombre de négationnistes
occidentaux en quête de soutien, d’audience ou tout simplement d’un refuge,
marchent sur ses pas et se rendent à Téhéran. Le négationniste allemand
Fredrick Toben, animateur en Australie d’une officine de propagande appelée
Adelaide Institute, fait le voyage en décembre 1999. Dans une interview donnée
à une chaîne de télévision iranienne, il affirme que le génocide nazi est un
mensonge et se pose en victime de persécutions dans son pays : « […]
en tant que chercheur, j’ai été condamné à dix mois de prison juste parce que
j’ai exprimé mon point de vue sur les chambres à gaz et le massacre des Juifs
en Allemagne. J’ai passé sept mois en prison [17][17] Cf. Tsvi
Fleischer, « Toben to Teheran », The Australia/Israel.... » Même s’il entre désormais
en concurrence avec d’autres négationnistes, Garaudy n’en conserve pas moins
son statut d’intellectuel vedette. En mai 2000, au moment du procès des treize
Iraniens de confession juive accusés d’espionnage au profit d’Israël, la
télévision officielle diffuse un entretien avec le philosophe français qui
affirme que tout « sioniste » à travers le monde est forcément au
service de l’Etat hébreu [18][18] Mouna Naïm,
« Iran : le procès des treize Juifs acccusés.... Quelques mois plus tard, en
novembre 2000, c’est au tour du négationniste suisse Jürgen Graf de poser le
pied sur le sol iranien. Mais lui est en cavale. L’auteur de L’Holocauste au
scanner vient d’être condamné à quinze mois d’emprisonnement par un
tribunal helvétique. Pour venir en aide au fugitif, le gouvernement lui offre
l’asile. Graf obtient même du régime un poste à l’université. Au même moment,
il est rejoint par Robert Faurisson. Durant ce mois de novembre, le gourou du
négationnisme français est reçu pendant une semaine à Téhéran à l’invitation
d’un office du gouvernement iranien, l’Institut Neda des sciences politiques,
où il est accueilli par un certain Ahmad Soroush Nejad. Ce dernier est l’un des
principaux responsables du développement de la propagande négationniste en
Iran. Il achève alors la traduction en persan d’un des premiers ouvrages de
Faurisson, publié en 1980 aux éditions de la Vieille Taupe [19][19] Il s’agit du
livre intitulé Mémoire en défense contre....
En quelques
mois, à partir de l’affaire Garaudy, s’est ainsi structuré un nouveau corps de
doctrine parmi les officiels iraniens. La mise en cause d’une manipulation de
l’histoire par les « sionistes » est venue enrichir les thèmes de la
propagande d’Etat dirigée contre l’Etat hébreu et l’Occident. Les attentats du
11 septembre 2001 n’ont fait qu’alimenter ces thèses complotistes, selon
lesquelles, par exemple, les Américains auraient eux-mêmes planifié les
attaques d’avions kamikazes, non sans que les Juifs travaillant dans les tours
du World Trade Center de New York aient été préalablement prévenus. Depuis, le
gouvernement iranien a maintes fois confirmé son choix d’une méthode de
communication fondée sur des déclarations menaçantes plutôt que sur la
diplomatie. Les diatribes contre l’Etat d’Israël s’inscrivent dans cette
stratégie de la tension qui vise à compenser l’isolement de l’Iran et à se
faire entendre sur la scène internationale, mais elles correspondent aussi aux
principes fondamentaux de la Révolution islamique, périodiquement réaffirmés
depuis les premiers textes canoniques de Khomeiny [20][20] Meir Litvak,
« The Islamic Republic of Iran and the.... Ce discours répétitif sur la
disparition souhaitée et programmée de l’« entité sioniste » repose
sur des figures de style aisément repérables, mais qui ont évolué. La métaphore
pathologique, comparant Israël à une « tumeur maligne » ou un
« cancer » dans le corps sain du monde musulman, a longtemps prévalu.
A partir de la fin des 1990, la dénonciation du « mensonge de
l’Holocauste » et de son exploitation lui est progressivement associée.
Nul hasard si, dans cette nouvelle rhétorique, se trouve constamment cité le
nom de Garaudy. Il fonctionne comme une instance de légitimation qu’il suffit
d’invoquer pour être crédible auprès d’une audience gardant en mémoire
l’extraordinaire mobilisation organisée autour du musulman français. Que ce
soit dans les allocutions de l’ayatollah Ali Khameneï, dans ceux de l’ancien
président Ali Akbar Hashemi Rafsandjani, devenu le chef du Conseil de
consultation pour l’intérêt supérieur du régime iranien, ou dans les
commentaires de simples chroniqueurs de la radio-télévision d’Etat, la
référence à Garaudy, omniprésente, est devenue un lieu commun de l’antisionisme
officiel [21][21] Voir les
références à Roger Garaudy dans les déclarations....
Ce discours
s’est encore amplifié depuis que Mahmoud Ahmadinejad, ancien maire de Téhéran et
représentant de l’aile conservatrice du régime, a profité des échecs
économiques de l’ancien président réformateur Khatami pour remporter les
élections présidentielles du 17 juin 2005 avec plus de 62 % des voix. Soucieux
de détourner le mécontentement populaire vers des enjeux extérieurs et de se
montrer en position de force dans le bras de fer engagé avec la communauté
internationale à propos de son programme nucléaire, le nouveau président s’est
révélé peu avare en déclarations tonitruantes. Le 14 décembre 2005, en
déplacement dans la province du Sistan-Baloutchistan, au sud-est du pays, il
prononce un important discours devant plusieurs milliers de personnes
rassemblées dans la ville de Zahedan. L’événement est retransmis à la
télévision publique iranienne, qui montre les images d’une foule fanatisée
scandant « Allah Akbar ! » à chacune de ses déclarations — une
manière de faire la démonstration de sa popularité et d’envoyer un message
clair à ses détracteurs. « Les Occidentaux ont inventé le mythe du massacre
des Juifs et le placent au-dessus de Dieu, des religions et des prophètes. Et
si quelqu’un dans leur pays met en cause Dieu, on ne lui dit rien ; mais
si quelqu’un nie le mythe du massacre des Juifs, les haut-parleurs sionistes et
les gouvernements à la solde du sionisme commencent à vociférer [22][22] Mounia Daoudi,
« Ahmadinejad dans la surenchère négationniste »,... », martèle-t-il devant le
public captivé. Puis il reprend un argument qu’il a déjà formulé la semaine
précédente à La Mecque, en marge du sommet de l’Organisation de la conférence
islamique (OCI), selon lequel les puissances occidentales, puisqu’elles se
déclarent coupables du massacre des Juifs durant la Seconde Guerre mondiale,
devraient elles-mêmes leur céder des terres afin qu’ils y établissent leur Etat
plutôt qu’en Palestine. Nouvelles protestations de la Communauté
internationale, et notamment du Conseil de sécurité de l’ONU, même si les pays
arabes s’abstiennent de tout commentaire. En dehors de l’Iran, plusieurs
personnalités islamistes applaudissent les déclarations d’Ahmadinejad. Khaled
Meshaal, chef du Hamas palestinien, les qualifie de « courageuses et
justes », estimant qu’elles reflètent ce que tout musulman pense au plus
profond de lui-même [23][23] Mouna Naïm,
« Le négationnisme du président iranien.... Quelques jours après, en Egypte,
Mohammed Mahdi Akef, chef spirituel des Frères musulmans, principal mouvement de
l’opposition islamiste au sein du Parlement, reprend à son compte l’expression
du président iranien et affirme à son tour que l’Holocauste est un
« mythe ». Et il cite sa source : Garaudy. Pour les
négationnistes, en effet, il s’agit d’un moment historique. C’est la première
fois que leurs thèses sont officiellement et explicitement relayées par un chef
d’Etat. Dans les jours qui suivent le discours de Zahedan, en pleine polémique,
les plus connus d’entre eux, dont Horst Mahler, Fredrick Toben, Arthur Butz,
Israël Adam Shamir ou encore les Français Robert Faurisson et Serge Thion,
envoient des e-mails de soutien au président iranien qui sont rendus publics
par l’agence de presse Mehr, proche du pouvoir [24][24] Marie-Laure
Colson, « Ces négationnistes qui votent.... Plusieurs analystes se sont
interrogés sur ses écarts de langage, les mettant sur le compte de son
inexpérience. En réalité, ces violentes sorties font partie de son style de
gouvernement, imprégné de populisme, destiné à séduire, par des messages
simples et des formules choc, les couches les plus défavorisées de la population
iranienne et, au-delà, du monde arabo-musulman. Selon un universitaire
israélien, Mahmoud Ahmadinejad représente une nouvelle génération d’Iraniens
qui, au cours de leur éducation, ont été formés aux théories négationnistes [25][25] Cf. l’analyse
de David Menashri, directeur du Centre....
Loin de
s’apparenter à de simples dérapages, les propos tenus par Ahmadinejad reflètent
une idéologie diffusée dans de larges secteurs de la société iranienne.
Pourtant, il s’agit toujours d’une idéologie d’importation. Il n’existe pas
encore de théoricien négationniste iranien, pas plus d’ailleurs que dans le
monde arabe. La négation de la Shoah s’apparente plus à un discours étranger
dans lequel les journalistes, les intellectuels et les hommes politiques
pensent trouver une arme contre l’Occident. Et cette offensive verbale est
perçue comme d’autant plus efficace qu’elle repose sur des références
occidentales. Dans cette perspective, l’emploi du terme de « mythe »
par le président iranien pour qualifier le génocide nazi n’est pas anodin. Il
découle directement du livre de Roger Garaudy qui a connu un grand succès
éditorial au Moyen-Orient. Une interview du Français a d’ailleurs précédé de
quelques heures le discours présidentiel sur la première chaîne de la
télévision d’Etat. Le 13 décembre 2005, Garaudy, dans un costume agrémenté
d’une large cravate bleue, s’exprimait depuis son domicile de
Chennevières-sur-Marne sur les écrans iraniens. Citant les écrits de Churchill,
de Gaulle et Eisenhower, il révèle à des téléspectateurs peu au fait de ce
genre de questions qu’« aucun des grands hommes qui ont vaincu Hitler et
révélé au monde ses actes barbares n’a dit ne serait-ce qu’un seul mot sur les
chambres à gaz [26][26] « Roger
Garaudy à la télévision iranienne », L’Arche,... ». Deux jours plus tôt, dans
un discours dirigé contre Israël, Gholam Ali Haddad Adel, le porte-parole du
Parlement, avait déjà évoqué les positions de Garaudy. Plus récemment, c’est le
leader charismatique du Hezbollah pro-iranien, le cheikh Hassan Nasrallah, qui
s’est à nouveau référé à lui au moment de la vague de protestations contre la
publication de caricatures de Mahomet dans un journal danois, louant les
mérites du « grand philosophe », « insulté et humilié » en
France [27][27] Déclaration du
3 février 2006, sur la chaîne de télévision.... En contrepoint, le ministère
iranien de la Culture a d’ailleurs organisé un grand concours de dessins sur la
Shoah dont les lauréats, originaires de plusieurs pays, ont été récompensés de
plusieurs milliers de dollars et d’une statuette représentant un jeune
Palestinien lançant une pierre avec une fronde [28][28] Jean-Pierre
Perrin, « Dessins sur l’Holocauste : des....
Peu après
l’hommage rendu par Nasrallah à Garaudy, suivront la reprise des hostilités
entre le Hezbollah et Israël, l’aide en sous main de l’Iran apportée au groupe
armé chiite dans sa guerre contre l’Etat hébreu, les appels réitérés à sa
destruction, les bombardements israéliens sur Beyrouth. L’air de rien, dans une
totale indifférence du monde occidental, l’ancien idéologue du parti communiste
français, qui a planté la graine du négationnisme en terre musulmane, donnant
du grain à moudre aux plus farouches ennemis d’Israël, a contribué au travail
de stigmatisation du peuple juif et de délégitimation de sa présence en
Palestine. C’est fort de cette délégitimation radicale que le régime iranien
peut promettre son éradication, et va vraisemblablement s’y employer. Il n’aura
fallu qu’une petite dizaine d’années pour que s’enracine durablement le
discours exporté par Garaudy au Moyen-Orient. Apparaissant comme le principal
inspirateur du négationnisme d’Etat qui sévit aujourd’hui dans la République
islamique d’Iran, Garaudy n’est pas étranger au désastre qui menace, encore et
toujours, dans une région déjà saturée par les haines et les guerres. Voilà
donc l’ultime contribution au monde de l’ancien apologète stalinien.
Notes
Nous
remercions les éditions Calmann-Lévy d’avoir autorisé pour les TM, à la
prière des auteurs, la publication de cet extrait du livre Roger Garaudy.
Itinéraire d’une négation, qui paraîtra en février 2007.
Roger
Garaudy, « De la sécession de l’Occident au dialogue des
civilisations », in L’impact de la pensée occidentale rend-il possible
un dialogue réel entre les civilisations ?, Paris, Berg International,
1980, pp. 91-106.
Serge July
dans Libération, 12 février 1979, cité dans la revue de presse de
Jacques Bureau, « Libération. Devant la révolution
inattenue », Esprit, janvier 1980, p. 56.
Michel
Foucault, « A quoi rêvent les Iraniens ? », Le Nouvel
Observateur, n° 727, 16-22 octobre 1978, reproduit in Dits et Écrits,
1976-1988, Paris, Gallimard, 2001, p. 694.
Michel
Foucault, « Une poudrière appelée islam », Corriere della sera,
vol. 104, n° 36, 13 février 1979. Ibid., p. 761. Sur ces écrits, cf. Janet Afary et Kevin B. Anderson, Foucault
and the Iranian Revolution. Gender and the Seductions of Islamism, Chicago,
The University of Chicago Press, 2005.
Roger
Garaudy, Appel aux vivants, Paris, Le Seuil, 1979, p. 281.
Ibid., p. 298.
Roger
Garaudy, Promesses de l’islam, Paris, Le Seuil, 1981, p. 176.
Roger
Garaudy, Mon tour du siècle en solitaire, Beyrouth, Al Fihrist, 1999, p.
441.
Ibid., pp. 437-438.
Roger
Garaudy, « Sur “l’affaire Rushdie” », L’Evénement du Jeudi, 30
mars au 5 avril 1989 ; « Contre le non-sens », entretien avec
Roger Garaudy, Krisis, n° 3, septembre 1989, p. 65.
Jomhouri
Islami, 14 janvier
1998, cité dans la revue de presse d’Esther Webman, du Stephen Roth Institute
for the study of contemporary antisemitism, Université de Tel Aviv, www.tau.ac.il
Kayhan
International, 19 janvier
1998, ibidem.
Dépêche de
l’Agence France Presse, Le Monde, 21 janvier 1998.
Roger Garaudy
s’est converti à l’islam en 1982, quelques semaines après avoir rencontré sa
future femme, la Palestinienne Salma Al-Farouki. Il professera désormais un
antisionisme radical, dont témoigne d’abord un texte (cosigné avec le père
Michel Lelong et le pasteur Etienne Mathiot) intitulé « Le sens de
l’agression israélienne », publié comme placard publicitaire dans Le
Monde du 17 juin 1982 ; celui-ci sera suivi, au début 1983, d’un
ouvrage confidentiel (L’Affaire Israël) puis, en décembre 1995, aux
éditions de la Vieille Taupe, de son livre promis à une notoriété certaine, Les
Mythes fondateurs de la politique israélienne.
Tehran Times, 4 avril 1998.
Kayhan
International, 20 avril
1998.
Cf. Tsvi
Fleischer, « Toben to Teheran », The Australia/Israel Review,
vol. 25, n° 1, janvier 2000, p. 6 (www.aijac.org.au)
Mouna Naïm, « Iran :
le procès des treize Juifs acccusés d’espionnage est utilisé par le camp
conservateur », Le Monde, 12 mai 2000.
Il s’agit du
livre intitulé Mémoire en défense contre ceux qui m’accusent de falsifier
l’histoire. La question des chambres à gaz, Paris, La Vieille Taupe, 1980.
Meir Litvak, « The Islamic Republic of Iran and the Holocaust :
Anti-Semitism and Anti-Zionism », The Journal of Israeli History,
vol. 25, n° 1, mars 2006, pp. 267-284.
Voir les
références à Roger Garaudy dans les déclarations des plus hauts dignitaires
iraniens, citées par Bill Samii, « Iran : Ahmadinejad’s anti-Israel
statements reflects official line », Radio Free Europe, 19 décembre 2005, www.rferl.org
Mounia
Daoudi, « Ahmadinejad dans la surenchère négationniste », 14 décembre
2005, www.rfi.fr
Mouna Naïm,
« Le négationnisme du président iranien sur la Shoah suscite peu de
réactions dans le monde arabe », Le Monde, article mis en ligne le
16 décembre 2005.
Marie-Laure
Colson, « Ces négationnistes qui votent Ahmadinejad », Libération,
30 décembre 2005.
Cf.
l’analyse de David Menashri, directeur du Centre d’études iraniennes de
l’université de Tel Aviv dans Haaretz, 22 février 2006.
« Roger
Garaudy à la télévision iranienne », L’Arche, n° 574, février 2006,
p. 84.
Déclaration
du 3 février 2006, sur la chaîne de télévision Al-Jazira, source : memri.org
Jean-Pierre
Perrin, « Dessins sur l’Holocauste : des lauréats très
discrets », Libération, 2 novembre 2006. « Chard », alias
Françoise Pichard, caricaturiste de l’hebdomadaire français d’ultra-droite Rivarol,
a remporté le deuxième prix avec un dessin montrant deux Juifs à la mine
déconfite devant la façade en carton-pâte d’un bâtiment effondré qui porte sur
la tranche l’inscription : « Mythe des chambres à gaz ».
« Qui l’a mis par terre ? » demande l’un d’eux, et l’autre de
répondre « Faurisson ».
Plan de l'article
Pour citer cet article
Minard
Adrien, Prazan Michaël, « La consécration persane de Roger
Garaudy », Les Temps Modernes 7/2006 (n° 641) , p. 29-44
URL : www.cairn.info/revue-les-temps-modernes-2006-7-page-29.htm.
DOI : 10.3917/ltm.641.0029.
URL : www.cairn.info/revue-les-temps-modernes-2006-7-page-29.htm.
DOI : 10.3917/ltm.641.0029.