Conspiration contre la Révolution Islamique
par
Roger Garaudy
La
Révolution islamique, dirigée en Iran par l'imam KHOMEYNI, ne
ressemble
à aucune révolution antérieure.
Au cours
de l'histoire il y eut des révolutions visant à changer un régime
politique
; il y eut des révolutions sociales dressant des misérables contre des
nantis ;
il y eut des révolutions nationales dirigées, par exemple, contre un
oppresseur
colonialiste.
La
révolution iranienne contenait tout cela : elle était politique pour mettre
fin à la
tyrannie du SHAH; elle était sociale pour libérer les masses
opprimées
d'une oligarchie de la richesse ; elle était nationale pour faire
revivre
l'une des plus vieilles et des plus belles cultures du monde contre
l'idolâtrie
de l'argent qu'essayait de lui imposer, avec le SHAH, le néocolonialisme
américain.
Mais la
révolution iranienne avait une signification inédite : elle mettait en
cause et
renversait non seulement un régime politique, social, et semicolonial,
mais, au
delà, toute une civilisation, toute une conception du
monde et
de la vie : contre cette religion qui n'ose pas dire son nom mais
qui
prétend régir, dans le monde entier, sous la direction des Etats-Unis,
tous les
rapports sociaux et humains et que j'appelle le "MONOTHEISME
DU
MARCHE", c'est à dire une idolâtrie de l'argent, le peuple iranien, guidé
par
l'Imam KHOMEYNI, faisait triompher, au nom de l'Islam, c'est à dire
de la
soumission à Dieu qui est au principe de toute foi depuis que DIEU,
comme dit
le Coran, « a insufflé en le premier homme de son esprit »,
rappelant
ainsi au monde entier sa vocation première, sa vocation divine.
C'est
pourquoi, elle soulevait la haine de tous ceux qui privent de son sens
notre vie
en ne lui laissant d'autre but, sous le nom de "CROISSANCE",
non une
croissance de l'homme et du divin qui habite en lui, mais une
croissance
de la richesse pour les privilégiés, et de la misère pour les
multitudes,
en ne permettant aux uns et aux autres qu'un bonheur de
supermarché.
Dès lors
ne se firent pas attendre les tentatives d'une coalition des forces du
passé
contre cette nouvelle irruption de l'homme et ce rappel du message
Naturellement
l'initiative de toutes ces calomnies et de cette hostilité contre
l'Iran
venait des Etats-Unis et de ses vassaux.
La
première coalition contre l'Iran commença par la guerre IRAK-IRAN :
toutes
les ressources financières et militaires affluèrent du monde entier, à
l'instigation
des Etats-Unis, pour éteindre le feu nouveau de la foi qui se
répandait
dans les masses du monde islamique tout entier.
Cette
première tentative échoua : les "EXPERTS ET LES STRATÈGES"
avaient
pourtant assuré qu'il n'existait plus en Iran, depuis la révolution, ni
Etat ni
Armée, et qu'en quelques semaines Téhéran serait vaincu. Tous se
sont trompés
car les calculs portaient seulement sur la puissance de feu et la
"LOGISTIQUE"
militaire, mais la foi d'un peuple n'entrait pas dans les
cirguits
électroniques de leurs ordinateurs.
Après cet
échec, une autre agression se produisit sur un autre front pour
tenter
d'enserrer l'Iran et la Syrie dans un étau de fer. Ce fut l'invasion du
Liban par
Israël, puissamment aidé par les Etats-Unis : sur 567 avions dont
disposait
Israël en 1982, à la veille de l'invasion du Liban, 457 provenaient
des
Etats-Unis, subventionnés par les dons et les prêts de Washington, le
tiers du
budget militaire d'Israël provenait en outre, cette année là, du
Trésor
américain.
Cette
agression nouvelle fut non seulement l'occasion, pour Israël,
d'occuper,
contre toute loi internationale une portion du territoire libanais
et d'y
installer une marionnette à leur service et une troupe permanente
d'occupation,
mais de formuler, dans la revue de l'Agence Juive mondiale,
publiée à
Jérusalem "KIVOUNIM" (ORIENTATIONS) dans le numéro 14,
de 1982,
sa stratégie générale fondée sur la désintégration de tous les Etats
voisins,
de l'Euphrate jusqu'au Nil et au delà, et dans lequel étaient visée
notamment
la Syrie.
«
L'éclatement de la Syrie et de l'Irak en régions déterminées sur la base de
critères
ethniques ou religieux, doit être, à long terme, un but prioritaire
pour
Israël, l a première étape étant la destruction militaire de ces Etats.
Les
structures ethniques de la Syrie l'exposent à un démantèlement qui
pourrait
aboutir à l a création d'un Etat chiite
le long de la côte, d'un Etat
sunnite
dans la région d'Alep, d'un autre à Damas , et d'une entité druze qui
pourrait
souhaiter constituer son propre Etat - peut-être sur notre Golan - en
tous
cas avec l'Houran et le nord de la Jordanie... Un tel Etat serait, à long
terme
, une garantie de paix et de sécurité
pour la région. C'est un objectif
qui
est déjà à notre portée. »
Quant à
l'Iran, dès le mois de décembre 1981, avant même ses carnages au
Liban,
ARIEL SHARON dévoilait déjà les projets d'expansion d'Israël :
«
Dans les années qui viennent la sphère des intérêts stratégiques d'Israël ne
s'étend
pas seulement aux pays arabes de la Méditerranée mais à tout le
Proche
- Orient, et elle doit s'étendre à l'Iran, au Pakistan, au Golfe, à
l'Afrique
et à la Turquie. »
Il
ajoutait en 1982 : « Prenez la Déclaration américaine de l'Indépendance.
Elle
ne contient aucune mention de limites territoriales. Nous ne sommes
pas
obligés de fixer les limites de l'Etat. »
Depuis
lors l'Iran fut constamment désigné pour cible comme responsable
de toutes
les formes de résistance à la domination américaine dans le
monde.
Comme autrefois HITLER toute "RESISTANCE" était appelée
"TERRORISME".
Lorsque, par exemple, lors de la deuxième invasion du
Liban, en
1996, dans la zone illégalement occupée au Liban par Israël, un
soldat
israélien de l'armée d'occupation est tué par un résistant, SIMON
PERES,
dénonçant cette exécution d'un occupant par un résistant comme
un acte
de "TERRORISME", en prend prétexte pour commettre un "CRIME
CONTRE
L'HUMANITE " : le bombardement de civils, de femmes et
d'enfants,
à Cana dans un camp de l'ONU.
Pour
renforcer une coalition globale, mondiale, contre l'Iran, celui-ci fut
présenté
comme l'organisateur du "terrorisme" à l'échelle mondiale. A
Sharm el
Cheikh, lors de la conférence internationale contre le
"terrorisme",
SHIMON PERES, sans avancer la moindre preuve, désigna
l'Iran
comme responsable du "terrorisme mondial".
Une
illustration caractéristique de cette mauvaise foi fut l'attribution à des
"agents
iraniens" des deux explosions qui se produisirent à Buenos Aires, le
17 mars
1992 à l'Ambassade d'Israël, qui fit 29 morts, et le 18 juin 1994 à
l'Association
israélite d'Argentine, au cours de laquelle périrent 86
personnes.
Dans le
premier cas l'Ambassade israélienne s'opposa à l'entrée sur les lieux
de tout
magistrat argentin chargé de rechercher les causes. Dans le deuxième
cas,
s'appuyant sur la seule dénonciation d'un renégat émigré d'Iran, on
reprit la
thèse d'une voiture piégée à l'extérieur, excluant à priori
l'explication
la plus vraisemblable : celle d'un règlement de compte et d'une
provocation
entre factions israéliennes opposées des "travaillistes" et du
Likoud.
Le projet
d'une coalition globale contre l'Iran fut précisé d'une manière
plus
systématique encore lorsque l'un des idéologues du Pentagone,
SAMUEL
HUNTINGTON développa, en 1994 (Dans la revue
"COMMENTAIRE"
n° 66) ses thèses sur " L E CHOC DES CIVILISATIONS"
Depuis la
fin de la deuxième guerre mondiale, c'est à dire pendant un demi-siècle,
la
politique de surarmement américain avait donné pour prétexte : la
menace
soviétique.
C'était,
au nom de la sécurité américaine, la justification d'agressions en
tous les
points du monde jusqu'au Viet Nam ou en Corée, de soutien à
toutes
les dictatures militaires en Amérique latine comme aux Philippines
de
MARCOS, à la protection de l'apartheid dans l'ancienne Afrique du Sud.
Après
l'effondrement de l'URSS i l fallait trouver un remplaçant dans le
rôle du
"méchant", de l'«Empire du mal» à combattre sur trois continents,
et ce fut
l'Islam afin qu'une menace mondiale de "terrorisme" justifie la
continuation
et même l'accélération de la course aux armements, et les
occasions
"d'intervention" économique ou militaire dans tous les points du
monde,
Les
thèses d'HUNTINGTON sur le " CHOC DES CIVILISATIONS"
constituaient
la base théorique de cette nouvelle orientation stratégique.
Ses
conclusions sont révélatrices :
«
Le choc des civilizations dominera la politique mondiale. Les lignes de
fracture
entre civilisations seront les lignes de front de l'avenir ...
Les
guerres antérieures, écrit-il, se situaient pour l'essentiel à l'intérieur de
la
civilisation occidentale : c'étaient des "guerres civiles
occidentales". Avec
la
fin de la guerre froide, la politique internationale sort de sa phase
occidentale
pour devenir le centre des interactions entre civilisation
occidentale
et civilization non - occidentale. »
Dans ses
conditions il montre clairement les implications de son analyse du
point de
vue de la politique internationale :
«
Limiter l’accroissement de la force militaire des États confucéens et
musulmans
;… conserver une supériorité militaire en Extrême-Orient et
dans
l'Asie du Sud - Ouest; … exploiter les différences et les conflits entre
États
confucéens et États musulmans; … soutenir dans les civilisations non
occidentales
les groupes favorables aux valeurs et aux intérêts de l'Occident;
…
renforcer les institutions internationales qui reflètent et légitiment les
intérêts
et les valeurs occidentales et … favoriser la participation des États
non
- occidentaux à ces institutions.
L'Occident
devra par conséquent conserver la puissance économique et
militaire
nécessaires à la protection de ses intérêts dans ses relations avec ces
civilisations. »
Voilà qui
a au moins le mérite d'être clair.
Quel peut
être le rôle d'Israël dans la "géopolitique" ainsi conçue ?
Israël a
une position stratégique déterminante dans cet "affrontement des
deux
mondes".
Le père
spirituel de l'Etat d'Israël lui avait assigné, avant même qu'il
n'existât,
sa mission fondamentale pour créer " L'ETAT JUIF" : dans toutes
ses
démarches auprès des puissances occidentales alors colonialistes
(Angleterre,
Allemagne, Italie, Russie) son argument majeur était que si
l'une
d'elle était la protectrice de cet "ETAT JUIF", elle aurait non
seulement
un avantage décisif sur toutes ses rivales, mais cet Etat
représenterait
pour tous un coin enfoncé par l'Ouest, pour la pénétration
coloniale
de l'Occident. Il écrivait en 1895, dans son livre : " L ' ETAT JUIF"
:
«
Pour l'Europe nous constituerions là bas un morceau du rempart contre
l'Asie,
nous serions la sentinelle avancée de la civilisation contre la
barbarie. » ("L' ETAT JUIF" Ed. Lipschitz. Paris
1926. p. 95)
La thèse
de SAMUEL HUNTINGTON rejoint exactement celle de HERZL :
le "
CHOC " qu'il imagine, comme avenir inéluctable de l'histoire
universelle,
serait, dit-il, celui d'une « civilisation judéo-chrétienne »
contre ce
qu'il appelle « une collusion islamo-confucéenne. »
Il
occulte ainsi, sous des formulations pseudo-religieuses, une réalité
politique
et humaine fondamentale ; en face des tentatives américaines de
"mondialisation",
c'est à dire de domination américaine du "monothéisme
du
marché" écrasant la culture de tous les
peuples et le sens même de leur
vie, une collaboration.,
s'ébauche, depuis la conférence de Pékin de mai
1996: 31
pays ont décidé de reconstituer, avec tous les moyens des techniques
modernes,
une nouvelle "route de la soie" dont les deux protagonistes
principaux
sont la Chine et l'Iran. Ce projet humain grandiose constitue
l'alternative
aux projets de "mondialisation" et
d'hégémonie américaine :
elle se
donne au contraire comme objet, en désenclavant les déserts de
l'Asie
Centrale, de réaliser l'unité de la "Grande île" eurasiatique,
dans
laquelle
l'Europe n'est qu'une petite péninsule de l'Asie.
Au lieu
d'imposer la domination d'un seul dans une destruction des
cultures
de tous les peuples au profit d'une "mondialisation" du marché,
elle
repose sur l'objectif inverse : celui d'une unité symphonique du monde
où chaque
peuple apporterait les richesses de sa culture, de son histoire et
créerait
ainsi une fécondation réciproque des civilisations.
L'Iran a déjà
apporté une riche contribution à ce projet en construisant le
réseau
ferroviaire qui va du Turkménistan à Bandar Abbas sur le Golfe
Persique.
La
Turquie d ' ERBAKA s'efforçant de briser les liens avec Israël que ses
chefs
militaires lui avaient imposés, et la résistance héroique des
"Hezbollah"
se faisant un rempart contre la pénétration israélo-américaine
au Liban
participent à cette grande épopée humaine à laquelle se joignent
déjà
l'Inde et la Malaisie.
C'est
ainsi que l'avenir a déjà commencé : un avenir à visage humain et
divin.
La
victoire de ce choix humain contre la tentative déshumanisante de la
domination
américaine s'efforçant d'imposer au monde son
"monothéisme
du marché" et son idolâtrie de l'argent, dépend des efforts
responsables
de chacun de nous.
Le point
faible de l'ennemi, c'est à dire des Etats-Unis, c'est l'économie. Ce
pays, le
plus riche du monde, et qui subventionne si largement son
mercenaire
israélien, est en même temps le plus endetté, car i l vit au dessus
de ses
moyens grâce à un pillage néo-colonial des richesses du monde. Il
crée
ainsi un déséquilibre tel que les 20 % des habitants les plus riches du
monde
disposent de 83 % des ressources naturellee de la planète et que les
20 % les
plus pauvres en partagent 1,4 %. L'on ne saurait imaginer une
gestion
plus désastreuse de la terre des hommes, car ce partage odieusement
inégal
conduit à cette situation catastrophique : en 1996 plus de 40 millions
d’êtres
humains dans le monde (parmi lesquels 13 millions d'enfants, selon
les
données de l'UNICEF) sont morts de malnutrition ou de faim.
Le
"modèle de croissance" de l'Occident, imposé par les Etats-Unis,
coûte
ainsi à
l'humanité l'équivalent de morts de UN HIROSHIMA TOUS LES
DEUX
JOURS.
Comment
inverser les actuelles dérives du monothéisme du marché qui
nous
conduiraient à un suicide planétaire, à la fois par l'épuisement des
ressources
non renouvelables de la nature, et la destruction, par la misère,
des 3/4 de
l'humanité !
D'abord
en détruisent le mythe baptisant "DEMOCRATIE" la liberté du
marché.
La LIBERTE DU MARCHE c'est la liberté accordée au plus fort de
dévorer
le plus faible. C'est la loi de la jungle. Le marché libre c'est l'assassin
de la
démocratie véritable, c'est à dire du droit de chacun à participer à
l'élaboration
et à l'exécution des décisions dont dépend son destin, alors que
le
système que prétendent imposer au monde les Etats-Unis et leurs valets
conduit à
l'accumulation de la richesse à un pôle des sociétés et de la misère
à
l'autre, et, fait naître une richesse artificielle car elle ne dépend pas de la
production
mais de la spéculation.
Dans ce
système, selon les données même de la "Banque pour le
développement"
on s'enrichit 40 fois plus par la spéculation que par la
production
et les services.
C'est un
système fondé sur ce que le Coran appelle le "RIBA" : l'argent
gagné
sans travail.
Voici
l'alternative pour que le XXIème siècle marque la fin de la préhistoire
animale
de l'homme, où, dans un monde cassé, la richesse d'une infime
minorité
implique la dépendance, l'exploitation ou la mort de la plus
grande
partie de l'humanité:
1 - La
renaissance de l'unité humaine ne peut se faire, comme le fut sa
rupture,
seulement par la violence et les armes, mais par toutes les forces
proprement
humaines : de l'économie à la culture et à la foi.
2 - La
faiblesse des actuels peuples opprimés est, pour une large part, due à
leur
division, par des oppositions et des guerres suscitées et entretenues par
les
actuels maîtres du monde. La première tâche est donc de mettre fin, par
la
négociation pacifique, à tous les conflits, qui font le jeu des oppresseurs.
3 -
Refuser collectivement de payer les prétendues dettes au F.M.I. et ceci
pour 3
raisons :
1° - Qui
est le débiteur ?
L'Occident
a une terrible dette a l'égard du Tiers-monde :
• Qui a
remboursé au Pérou les 185 000 kilogrammes d'or et les 16 millions
de
kilogrammes d'argent dont l'officielle "Casa de Contratacion" de
Séville,
avoue le
transport de 1503 à 1660 ?
Et plus
généralement aux Indiens d'Amérique le rapt de tout leur
continent?
• Qui
fera réparation à l'Inde ancienne, exportatrice mondiale de textile,
pour les
millions de tonnes de coton enlevés aux cultivateurs à des prix de
rackett,
et pour la destruction de l'artisanat des tisserands indiens au profit
des
grandes firmes du Lancashire?
• Qui
rendra à l'Afrique la vie des millions de ses fils les plus robustes,
déportés
comme esclaves aux Amériques par les négriers occidentaux
pendant
trois siècles?
2°-
Quelle est la cause de cet endettement ?
Les pays
anciennement colonisateurs avaient déstructuré les économies
autochtones,
en particulier en sacrifiant les cultures vivrières au profit des
monocultures
et des monoproductions qui en faisaient des appendices des
économies
de la métropole, au profit exclusif de celles-ci. De telles
économies
ne pouvaient assurer l'indépendance de ces pays, ni
l'autosuffisance
alimentaire, ni la main d'oeuvre d'industries ne
correspondant
pas aux besoins du pays. La dépendance a donc continué, et
les
emprunts devinrent inévitables.
3 0 - Ces dettes ont été remboursées
depuis longtemps par les intérêts
usuraires
payés aux prêteurs étrangers, (par exemple l'Algérie, avec 26
milliards
de dollars de dette, paye 6 milliards d'intérêts par an). Aucun
redressement
n'est ainsi possible.
Les
sommes versées à titre d'intérêts de la dette dépassent depuis longtemps
son
montant initial, et la prétendue "aide" est très inférieure aux
paiements
de ces
"dettes".
• Il
s'agit de refuser d'être rançonnés et de payer au F.M.I. ces fausses dettes
et les
intérêts usuraires qui y sont liés.
• De
refuser également les "aides" dérisoires destinées à masquer cette
injustice
plusieurs fois centenaire.
• De
constituer, avec la suppression de la dette et de ses intérêts, un fonds de
solidarité
qui compensera largement "l'aide" prétendue de nos exploiteurs.
4 - De
s'opposer à tous les "embargos" imposés arbitrairement, par les
provisoires
"maîtres du monde", aux pays qui refusent leur domination.
De n'en
tenir désormais aucun compte, et de commercer librement avec
ceux de
nos frères qui en sont frappés.
5 - D'une
manière plus générale, créer un "marché commun" pour
multiplier
les échanges Sud-Sud entre ces pays qui détiennent 80 % des
ressources
naturelles du monde.
•
Procéder à ces échanges sur la base du troc pour ne point passer par les
devises
du Nord et notamment du dollar, en veillant à ce que,
progressivement,
pour mettre fin à la spéculation, i l n'ait plus cours en
attendant
de créer une monnaie commune.
6 - Ceci
implique un boycott systématique des Etats-Unis et de leurs vassaux
notamment
d'Israël, mercenaire de l'Occident contre les cultures et contre la
paix.
Depuis
1967, en fait le boycott d'Israël par les pays arabes a cessé : les
territoires
occupées ont servi de lieu de transit pour les exportations
israéliennes.
Après
1975, ce fut le Liban, grâce à l'occupation de sa frontière sud sous le
nom de
"zone de sécurité".
Déjà,
dans un article de "Al-Hamischmar" du 20 mars 1991, étaient exposés
les
travaux du Professeur Gad Gilbert, expert du Centre d'étude stratégique
Dayan, à
l'Université de Tel Aviv : i l apparaissait qu'avait cessé le boycott
des
compagnies étrangères implantées en Israël. En ce qui concerne les
exportations,
dès 1980, elles s'élevaient à environ 500.000 dollars dans les
pays
arabes, en 1996 à plus d'un million et demi de dollars. Dans le journal
israélien
"Yediot Ahronot" du 25 janvier 1994, Galby Bron écrivait
qu'«Israël
achète 90% de son pétrole dans les pays arabes. » Les illusions
créées
par les "Accords d'Oslo" servirent à justifier un accroissement des
échanges
économiques entre Israël et quelques uns de ses voisins arabes.
C'est une
responsabilité personnelle pour chaque citoyen de ces pays de
mettre
fin à la trahision que constitue une telle aide à Israël organisée par
ses
trafiquants et ses dirigeants.
• lutter
aussi contre l'anticulture des "Tyrannosaures" et des
"Terminators"
d'Hollywood,
comme de leurs gadgets, et de toutes les manifestations
morales
ou matérielles de leur décadence.
7 - Ceci
implique, sur le plan politique, le retrait collectif de toutes les
institutions
à prétention universelle devenues les instruments de la
domination
d'un seul et servant de couverture à ses agressions militaires,
économiques
ou culturelles : O.N.U., F.M.I., Banque Mondiale, Organisation
mondiale
du commerce (ex G.A.T.T.), et de celles de leurs filiales qui se font,
comme
elles, complices d'une domination impériale du monde et d'une
conception
réductrice de l'homme, considéré seulement comme
consommateur
et producteur, mû par son seul intérêt, et renonçant à
donner à
l'homme un autre sens à sa vie que de travailler en esclave pour
consommer
davantage, quand i l n'est pas chômeur, colonisé, ou exclu.
8 - Les
menaces ou les agressions contre l'un quelconque d'entre nous,
seront
combattues, par tous les moyens, par l'ensemble de notre
communauté
mondiale.
9 - Cette
communauté mondiale, visant à la création d'un monde à visage
humain,
ne comporte aucune exclusive, ni religieuse, ni politique, car son
objectif
est de créer une unité non plus impériale mais symphonique de
l'humanité
où chaque peuple et chaque communauté apportera les
richesses
propres de sa terre, de sa culture et de sa foi.
Le
premier Bandoeng avait pour objet, dans un monde bipolaire, de refuser
l'alignement
sur l'un des deux blocs pour sauvegarder son indépendance.
Cet idéal
reste le nôtre.
Mais les
conditions historiques ont changé. Nous vivons dans un monde
unipolaire,
et nous avons à défendre nos identités, de la culture à
l'économie,
contre l'intégrisme niveleur des prétendants à la domination
mondiale
par le seul jeu d'un monothéisme du marché, c'est à dire d'une
"liberté",
pour les plus forts, de dévorer les plus faibles, en faisant du
marché,
c'est à dire de l'argent, le seul régulateur des relations sociales.
Nous
refusons cette vision du monde sans l'homme, d'une vie sans projet
humain ni
signification, et nous nous unissons pour construire un monde
UN ,
riche de sa diversité et assuré de son avenir par la convergence des
peuples
et des cultures dans une foi commune, nourrie de l'expérience et de
la
culture de chacun, et animée par le projet commun de donner à chaque
enfant, à
chaque femme, à chaque homme, quelle que soit son origine et sa
tradition
propre, tous les moyens de déployer pleinement toutes les
possibilités
humaines qu'il porte en lui .
Roger Garaudy.
(Juin 1997)
Archives personnelles de l'auteur
[NDLR: De larges passages de ce texte ont été ensuite utilisés dans"L'avenir mode d'emploi"]
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