29 septembre 2015

Frappes françaises en Syrie: une débilité géopolitique

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En choisissant de frapper militairement la Syrie sans autorisation de Damas, la France dévoile son mépris du droit international et se fourvoie à travers la quête du président Hollande débilement opportuniste qui cherche par toutes sortes d’excès extérieurs à obtenir un regain même minimal d’approbation intérieure, lui dont la côte de popularité est désespérément dérisoire. La frénésie politicienne, hélas, ne recule décidément devant rien! L’instrumentalisation de la guerre et de toutes les horreurs et détresses qu’elle inflige aux populations, est une méthode de gouvernance et de maintien du pouvoir pour des politicards pitoyables d’un occident valétudinaire, sans autre vertu que le crime sur les territoires étrangers. Pour revenir à la popularité de l’idée d’intervenir en Syrie, elle existe bel et bien selon des sondages; et pour la comprendre, il faut hélas considérer la diabolique influence de la presse mainstream et de ses spécialistes systémiques reprenant avec moult circonlocutions manipulatrices les soi disant faits censés démontrer les ignominies d’Assad en guise d’analyses pour le vulgum pecus. Nous savons combien la horde des médias reprend en choeur les imprécations bellicistes de Fabius et de tous les idéologues officiels du pouvoir, ces artisans inconscients de la déchéance française!
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Lire l'article de CAMILLE LOTY MALEBRANCHE ICI

Ludmila Tcherina parle de la danse (1962)

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Roger Garaudy avec Ludmila Tcherina, 6 nov 1975



27 septembre 2015

Les quatre lignes



Wilhem Morgner, Chemin à travers champs. 1912

Si la droite la plus réactionnaire (la plus favorable à un retour en arrière économique et social) est désormais, ainsi qu’elle le proclame, “décomplexée”, affirmant haut et fort le socle foncièrement individualiste de ses valeurs avec la politique de jungle qui en découle, la « gauche », par contre, de renoncements en divisions, n’est plus audible par les classes populaires.

Habillée du blanc de la pureté par les spécialistes du marketing politique, servie par les talents personnels et l’ambition d’hommes prêts à tout pour accéder au pouvoir et le conserver, faisant appel d’abord à la peur - peur de l’étranger, peur de la “racaille” et de la violence, peur des actionnaires et des rentiers pour leurs sous -, martelée par les plus importants medias, la politique imposée par les capitalistes s’est emparée des “masses”. Les idées dominantes, avec les moyens modernes de propagande, sont plus que jamais les idées de la classe dominante  (Marx) !

La « gauche » parlementaire a pour l’essentiel, sous les drapeaux mêlés de l’Union Européenne et des USA, rallié le capitalisme et la “démocratie de marché” qui va avec.

Pourtant la « gauche » a dans le passé porté les principales luttes de notre peuple: les Révolutions de 1789, 1830 et 1848, les Communards de 1871 dont le général de Gaulle,éminent homme de droite, reconnaissait qu’ils avaient “assumé la France”, le Front populaire de 1936, 1945 et l'application du programme du Conseil National de la Résistance par un gouvernement comprenant des ministres allant de l'extrême droite aux communistes en passant par toutes les couleurs de l'arc en ciel politique et idéologique, mai 68 et ses millions de grévistes. Ces mouvements et d’autres ont apporté à notre peuple des conquêtes matérielles et morales dont nous avons toujours besoin: souveraineté nationale,  république démocratique et sociale, droits de l’homme et du citoyen.

Mais aujourd’hui, pour paraphraser Victor Hugo, si la gauche sait pour une partie d'entre elle d’où elle vient, elle ne sait pas où elle va.

La gauche « socialiste et social-démocrate », obnubilée par la ligne jadis fixée par Léon Blum de “ gérants loyaux du capitalisme”, n’en peut plus des concessions au “marché”, au libéralisme, au patronat. Quasiment indistincte de la droite libérale, sauf sur quelques sujets "sociétaux", elle peut continuer, c'est la première ligne.

La gauche « de gauche », mélange des gauches “protestataire” et “révolutionnaire” (la distinction est de Régis Debray), a manifestement oublié que le parti n’est pas une fin en soi mais un moyen au service d’une cause. Le “parti” d’ailleurs n’est pas forcément celui (ou ceux) qui existe(nt) déjà. Naissant, comme toujours, “du sol de la société moderne” (Marx), sans doute doit-il pour survivre muter en une forme inédite, plus réseau transversal coordonné que parti au sens strict groupé autour de professionnels de la politique (élus surtout et permanents). La gauche "radicale" devenant majoritaire au sein de l'ensemble nommé "gauche", c'est l'espoir de certains, c'est la seconde ligne.

Faut-il se résigner à regarder les socialistes et leurs alliés se perdre par  « macronisation » ou « bayroutisation » ? Faut-il se résigner à subir les éternelles guerres de chapelles  communistes, trotskistes ou « socialistes frondeuses ». Les deux gauches peuvent elles encore se rencontrer dans l’exercice des responsabilités plutôt que de continuer à se distribuer les rôles du consul (qui gouverne) et du tribun (qui parle au nom du peuple) ? Et pour cela, promouvoir le dialogue plutôt que l’anathème, la recherche d’accords de fond plutôt que du plus petit dénominateur commun, le respect des différences qui enrichit plutôt que la recherche de l’hégémonie qui appauvrit, l’intervention de la “base” – même et surtout non encartée – plutôt que les projets imposés d’en haut ? Le peuvent-elles ?

Le peuvent-elles ?

Poser deux fois la question, c’est laisser deviner l'absence de réponse ! Elle est en grand débat au sein même de « la gauche ». C'est pourtant la troisième ligne, "l'union de la gauche", une union cette fois progressiste et respectueuse de ses diverses composantes.

Mais, la démocratie, ce n’est pas la droite contre la gauche ou inversement. La démocratie ne résulte pas principalement de la pluralité des partis mais surtout de la pluralité des projets qui ne peut émerger que de l’irruption du peuple tout entier dans le débat. Avec l’intervention directe des citoyens, il doit devenir possible de dégager des majorités dépassant largement l’absurde 51/49. L’unanimité est quand même le but ultime de la démocratie (n’est-ce pas Jean Jacques ?) puisque celle-ci doit théoriquement permettre de déterminer l’intérêt général, lequel n’est pas représenté par l’avis de 51 ou 53 citoyens contre l’avis des 49 ou 47 autres.

Une nouvelle démocratie (6e République ?) exige que la France recouvre sa souveraineté. Cette exigence impose, côté négatif le retrait de l’Euro, de l’UE, de l’OTAN, et de toutes les organisations de la mondialisation impériale, et côté positif la détermination d’objectifs institutionnels et sociaux fondant une nouvelle unité nationale. Il est incontestable que peuvent sur cette base et en toute clarté, chacun conservant, pour l'étape suivante, son option « gauche » ou son option « droite », se rassembler des citoyens appartenant à des champs idéologiques très différents.

Si nous regardons dans la direction de l’avenir, sans oublier le passé mais sans en être prisonnier, alors nous pourrons peut-être nous unir entre nous et avec le monde. Justement, les dangers du monde actuel - issus pour l'essentiel de la mondialisation impériale avec ses aspects économiques, politiques et militaires -, les risques qui pèsent sur notre terre, la nouvelle ligne que cette réalité trace entre réformes et révolution, n’indiquent-ils pas que le moment est venu de se fixer l’horizon de cette « union des forces du travail et de la culture » évoquée en d’autres temps par Santiago Carillo ?

L’union n’uniformise pas, au contraire elle différencie, elle “super-personnalise” (Teilhard de Chardin)  en permettant à chacun d’exprimer le meilleur de lui-même; l’union n’additionne pas seulement, “elle produit”, elle est plus, autre et mieux que la somme des éléments qui la composent.

Rassemblons-nous pour préparer, dans une France où “la politique ne se décide pas à la corbeille” (Charles De Gaulle), un avenir qui ait du sens pour chacun et pour tous, un avenir “à visage humain” (selon la belle formule du Printemps de Prague en 1968).

L’immobilité, le statu-quo, la guerre des tranchées, la défense des positions acquises (surtout électorales) comme seule tactique, le repli sur soi, cela ne suffira pas pour endiguer et faire refluer la vague de la mondialisation impériale subie et construire un avenir. Le mouvement comporte un risque, c’est un pari que de croire que “tout ce qui monte converge” (Teilhard) mais l’immobilisme est pire car ne pas avancer dans ce monde c’est reculer. N’attendons pas d’être d’accord sur tout pour nous mettre en chemin.

Beaucoup de femmes et d’hommes, de « gauche » ou de « droite », militants syndicaux et associatifs, athées ou « croyants », partagent la commune espérance d’un monde où l’individualisme, “la concurrence de tous contre tous”(le « monothéisme du marché », disait Garaudy), les égoïsmes et les dominations de classe, de nation, de religion ou de race, la sacralisation du passé seraient remplacés par la compréhension, la coopération, la cogestion, l’invention collective de l’avenir. Et pensent que pour que le pays où ils vivent, la France, joue dans le monde un rôle conforme à cette exigence, elle doit  d’abord retrouver, avec la souveraineté de son peuple, sa liberté d’action.

C'est la quatrième ligne, "nationale internationaliste".

Cette ligne dite couramment "souverainiste" n'est pas majoritaire pour l'instant, ni à droite ni à gauche. Ceux qui la prônent, sous diverses formes, sont en butte aux railleries ou à de violentes et parfois injurieuses attaques. "Souveraineté", "indépendance", "nation", "peuple", sont devenus pour certains des gros mots. Mais souveraineté n'est pas séparable de république, c'est la reconquête de la démocratie par le peuple; indépendance n'est pas repli sur soi mais auto-détermination de la nation par rapport à la mondialisation impériale et ses instruments, l'internationalisme nécessaire étant pleinement assumé dans un monde aujourd'hui UN.
Dans cet esprit ce blog souscrit à l'Appel à l'Alliance pour une France Libre: http://rogergaraudy.blogspot.fr/2015/10/appel-lalliance-pour-une-france-libre.html


Texte modifié le 28/09/2015 et le 7 novembre 2015(A.R)

25 septembre 2015

22 septembre 2015

Marxisme et esthétique. Par Roger Garaudy. Deuxième partie

[Suite de : http://rogergaraudy.blogspot.fr/2015/09/le-mythe-et-lart-marxisme-et-esthetique_20.html]                     

Deux analogies peuvent nous guider dans la
recherche du point de départ d'une esthétique        
Daumier. Les fugitifs. 1852
marxiste : la méthode élaborée par Marx dans le Capital, qui est sa « grande logique » appliquée au cas particulier de l'économie politique, et la méthode élaborée par Marx sous le nom de « matérialisme historique », et dont il a donné des exemples éclatants d'application en particulier dans le 18 - Brumaire de Louis Bonaparte.
Lorsqu'il aborde l'étude d'un phénomène historique Marx souligne que ce sont les hommes qui font leur propre histoire, mais qu'ils ne la font pas arbitrairement.
Le point de départ de Marx est donc celui de la
philosophie allemande et surtout de Kant, de
Fichte, de Hegel.
Mais, à la différence de ce grand idéalisme allemand
qui a eu le mérite de dégager le « moment
actif » de la connaissance et, d'une manière plus
générale, le rôle de l'acte créateur de l'homme
jusqu'à considérer l'histoire entière comme une
création continuée de l'homme par lui-même, Marx
conçoit cet acte créateur d'une manière nouvelle,
matérialiste. Il insiste sur l'action réciproque constante
entre l'homme et les êtres de la nature extérieure
à lui et indépendante de lui, et il recherche
comment la liberté émerge de la nature au niveau
du travail humain.

21 septembre 2015

De la paix

En pensant à la consécration onusienne de la date du vingt-et-un septembre comme journée internationale de la paix, je n’ai pu éluder - fors l’aspect intérieur métaphysique, strictement spirituel de cette rarissime denrée qu’est la paix en ce bas monde de tous les tourments, de toutes les vicissitudes et turbulences, aspect sur lequel je reviendrai sans doute un autre jour - de regarder d’un peu plus près les obstacles à la paix mondiale et sociale. Il faut dire que les butoirs à la paix sont à degrés divers. La guerre n’est que le mur le plus patent, le plus immédiat à la paix, car toutes les paupérisations, les violences de rue, les politiques économiques imposées, les gouvernances tyranniques sont autant de heurtoirs contre lesquels se brise la paix dans la vie des hommes au cœur de l’interaction sociale et mondiale dans un monde aux limites de plus en plus ténues, sur une planète aux distances fortement réduites par les technologies de communication.

Camille Loty Malebranche 
Lire la suite >> ici

20 septembre 2015

Le mythe et l'art. Marxisme et esthétique. Par Roger Garaudy. Première partie


Le point de départ du marxisme, avons-nous dit,    
Paul Klee, Céramique mystique,
Huile sur carton,1925
c'est l'acte créateur de l'homme.
C'est aussi son point d'arrivée : faire de chaque
homme un homme, c'est-à-dire un créateur, un
« poète ».
Comment alors peut se situer la création artistique
dans le développement de l'acte humain du travail,
de la création continuée de l'homme par l'homme ?
Comment le mythe peut-il être une composante de
l'action pour transformer le monde ?

Etats-Unis, Union Européenne, domination allemande, la France est en voie de disparition


19 septembre 2015

Point de vue sur quelques livres d'Alain Coutte

À l’écoute d’Alain Coutte / Une recension de Maria Poumier.
06 mai 2005
Article source:
http://www.geostrategie.com/cogit_content/a_lire_voir/lcoutedAlainCoutte.shtml

Introduction à « 6000 ans de Mythes - Des Patriarches aux Sionistes », « Sionisme et Chrétienté - L’alliance », « Hitler -La Marionnette des Sionistes », « Israël - Le Quatrième Reich (éd. Euro-minorités, Vitrolles)»

Alain Coutte met sur le marché simultanément cinq nouveaux volumes, autant d’armes de destruction massive contre l’idéologie dominante, à condition qu’ils circulent. Comme dirait Régis Debray, le message c’est le média. Alain Coutte a pu financer seul ses publications, jusqu’à maintenant ; il détient donc le principal organe de transmission. Ses ennemis peuvent agir avec lui comme cela s’est pratiqué dans le passé, avec d’autres volumes qui leur déplaisaient : ils peuvent lui racheter tous les exemplaires (avec lui la menace de procès ne suffira pas). Ils en ont certainement les moyens. Mais est-ce vraiment leur intérêt ? Avec Internet, le rendement de l’opération ne serait guère performant. En tout cas, il s’agit de livres assez gênants pour les sionistes et les post-sionistes ; on peut donc s’attendre à toutes les manœuvres de rétorsion. Les Français, normalement, jusqu’à une date récente, n’aimaient pas trop qu’on leur dise : ne lisez pas ceci, ou n’allez pas voir tel spectacle. Norman Finkelstein, Dieudonné, sont parmi les créateurs dont le prestige a grandi d’autant plus que les censeurs ont pris la peine de les fustiger. On ne saurait trop recommander aux curieux de se précipiter sur les livres qu’on leur recommande de ne pas lire : ce sont quand même des livres fragiles, qui peuvent disparaître très vite de la circulation, comme leurs auteurs. Les fatwas sionistes sont souvent efficaces : Cheik Yassine, Rantissi, Arafat n’ont pas échappé aux attentats ciblés ; avec la racaille intellectuelle dont nous disposons, en France, le lynchage salonnier se pratique tous les jours, comme la chose la plus naturelle du monde, dans la bienséance.

Il faut donc le lire en vitesse, coûte que coutte. Il avait fait un travail surprenant avec Le Complot, un des tous premiers démontages des mensonges du 11 septembre, suivi de Irak, la Ruée vers l’Or, et de Washington, les Prédateurs. Interloqués, les organes israéliens en France avaient rapidement affublé l’auteur bizarre de noms d’oiseau méprisants. Cette fois-ci encore, les couvertures tapent très fort, si fort, finalement, qu’on est frappé de stupeur, et qu’on se dit : ce n’est pas un modèle courant de « néo-nazi » échappé d’un asile, comme ils disent, il a peut-être bien quelque chose à dire. Ainsi, après un premier mouvement de recul devant son culot à l’abordage, on se dit : « Quand même, ce Hitler aux yeux clairs qui nous défie, là, en couverture, ne serait-il pas en train de nous dire : «J’ai été la marionnette des sionistes, maintenant c’est votre tour» ? » Et en catimini, il est franchement prudent de les ouvrir, ces tomes horripilants (au sens propre : qui font dresser les cheveux sur la tête). Il y a plus à découvrir là-dedans que n’en contiennent habituellement quelque 2000 pages sur des sujets difficiles. Ce poids impressionnant me rappelle mes fonctions universitaires, quand je suis appelée à participer à des commissions de spécialistes ou à des jurys de thèse, ces occasions où les profs font bêtes de somme, et croulent sous les « travaux » des autres, collègues et futurs collègues. D’autant plus qu’on trouve au début de certains volumes de Coutte un chapitre « De quoi vont-ils m’accuser ? » C’est en accusé, comme un doctorant, que se situe l’auteur, avec un mélange d’insolence et de méfiance, tout à fait justifié par les circonstances. Si la soutenance avait lieu en quelque docte Sorbonne, il y aurait certainement des profs pour s’étendre sur les défauts de la présentation, les redites, les coquilles, le manque de bibliographie et d’index, les transitions bâclées, toutes ces fantaisies communes aux nouveaux venus à l’Université. Oui, mais… et le fond ? Espérons que les historiens spécialistes des questions traitées vont se manifester… plutôt que les tribunaux.
Tout jeune chercheur est aussi un accusateur, et il a bien raison. Il renvoie au corps enseignant une image quelque peu caricaturale de ce qu’il a appris : mais il transmet, il prouve qu’il continuera à transmettre, et cela seul compte vraiment. D’autant plus qu’Alain Coutte n’aspire pas à un titre universitaire, justement, mais à devancer l’université. C’est vexant pour celle-ci, mais c’est le propre des universités populaires de s’asseoir sur les règlements, et d’aller plus vite que la musique, pour le plus grand bien de la rue. Cet étudiant-là a fait ce qu’il fallait faire, mention Très Honorable. Son travail s’inscrit dans la démocratisation croissante de la critique du sionisme.

C’est probablement avec le succès mondial du livre de Roger Garaudy « Les Mythes fondateurs de la politique israélienne » que cette dynamique s’est mise en marche, alors que jusque là, ces questions ne sortaient pas du ghetto des historiens professionnels très austères ou de la langue de bois des militants. En France, Roger Garaudy a été condamné par les tribunaux, mais son livre n’est nullement interdit. Dans le monde arabe, c’est un best-seller, par la simplicité toute pédagogique avec laquelle y est exposé l’enchaînement de mythes qui aboutissent à la pratique monstrueuse des gouvernements israéliens, des origines jusqu’aujourd’hui. Mais Coutte ne prend pas appui sur ce livre de 1996, déjà mythique ; c’est plutôt la réflexion théologique de Garaudy qu’il prolonge, en distinguant très nettement judaïsme et sionisme, thème que Garaudy a lui-même repris dans un ouvrage postérieur, parcouru par un grand souffle œcuménique : Le terrorisme occidental, éd. Alqalam Paris, 2004. De façon originale, Alain Coutte a choisi de rattacher toute l’information historique épineuse qu’il donne à ses sources juives. C’est d’ailleurs un des aspects les plus encourageants de sa recherche : si on le suit dans sa thèse centrale, l’opposition vivace et tenace entre judaïsme et sionisme, alors l’effondrement de l’intérieur du suprématisme en Israël est tout à fait envisageable, à condition que les juifs découvrent toute cette information dont ils sont privés. La biographie de Theodor Herzl et de l’extinction de sa descendance est un chapitre édifiant et surprenant, dans ce domaine. L’autre question centrale, pour Coutte, est l’hypothèse selon laquelle Hitler et les sionistes envisageaient avant la guerre d’un commun accord le transfert du maximum de juifs européens en Palestine. Il accumule là de nombreux éléments concordants, de sources certainement peu connues du lectorat auquel il s’adresse, ces millions de gens qui se sentent en danger et qui se reconnaîtront parmi les personnes à protéger, selon les objectifs de l’association « Euro-minorités » présentée en tête de chaque volume : les braves gens qui détestent les démagogues, les racistes et les menteurs serviles.

Pour les autres sujets abordés par Alain Coutte, il m’en coûte de m’arracher au clavier : comme toutes les bonnes blagues, et les secrets importants, on éprouve le besoin de les partager d’urgence avec le monde entier ! Mais il faut absolument que ses livres soient lus, et non pas déflorés. Les sionistes nous feront bien une petite liste des choses les plus scandaleuses qu’on y trouve ? Ils ont des secrétaires pour cela : ne leur gâchons pas le boulot. En tant qu’enseignante, il est de mon devoir de souligner les mérites de son travail que les sionistes ne signaleront certainement pas : la construction de l’ensemble comme vaste chronologie. Cet ordre simple est toujours le meilleur, parce qu’il est élémentaire, naturel et fécond. La recherche est sous-tendue par l’indignation face au terrorisme israélien en Palestine, et face au terrorisme idéologique que les sionistes prétendent faire régner en Occident : mais le résultat est un dépassement des impasses habituellement qualifiées de révisionnistes ou antisémites. La notion du génocide, et des responsabilités autour d’un génocide, est approfondie, nullement sujette à une vision réductrice, bien au contraire ; de nombreux génocides sont évoqués, avec leurs spécificités. Et le poids de la honte pour l’Occident rejoint le mystère de l’iniquité pour tout le genre humain.

L’un des travers qui affecte les spécialistes du nazisme et du sionisme, c’est qu’ils sont lugubres ; or ceci les enferme dans un ghetto d’incommunication, ils agacent particulièrement la jeunesse ; ils sont sinistres, soient qu’ils fassent des opérations arithmétiques dans des listes de cadavres, soit qu’ils rajoutent de nouveaux adjectifs accablants sur la tête des juifs (avec une minuscule, je ne suis pas raciste, je ne considère pas qu’il s’agisse d’une race comme les Noirs, les Indiens, les Blancs ou les Australopithèques). Les deux volumes sur « Hitler - La marionnette des sionistes » sont très drôles, et restituent certainement une bonne part de l’ironie objective de l’histoire. « Israël - Le Quatrième Reich », est d’une écriture plus soutenue, et abonde en informations très récentes. Les miracles de l’Internet permettent à l’auteur d’être un virtuose du copier-coller-couper. Mais il ne recopie que des choses importantes et utiles, et qui n’avaient pas été regroupées sous ce format simple et universel. A la fin du parcours, on est assuré que le disciple de plusieurs générations d’historiens et d’antisionistes érudits mérite son diplôme de l’Université de la Rue : il a pillé ses maîtres, qui seront peut-être un peu vexés, mais il les fait lire généreusement, avec ses manières d’éléphant rose dans la porcelaine qu’on n’osait pas sortir du placard. Et c’est exactement ce dont la jeunesse a besoin.

17 septembre 2015

Déporté à Bossuet, Algérie (2). Adresse à l'administration du camp

[Roger Garaudy, avec des centaines d'opposants, principalement communistes et syndicalistes, fut déporté de 1940 à 1943 et notamment de 1941 à 1943 dans l'Oranais algérien, à la Redoute de Bossuet (ex Biribi) transformée en camp de concentration par le gouvernement de Pétain. Les conditions de vie y étaient particulièrement mauvaises. Le moral des internés fut soutenu notamment par les initiatives de Garaudy, alors jeune agrégé de philosophie qui réussit avec le concours des 17 autres enseignants internés à mettre sur pied et à faire fonctionner une véritable "université" avec cours et conférences. Jacques Cantier apporte sur tous ces sujets des informations et des témoignages dans son livre "L'Algérie sous le régime de Vichy" (Ed Odile Jacob, 2002). Lire aussi http://rogergaraudy.blogspot.fr/2015/09/deporte-bossuet-algerie-1-le-14-juin.html AR]










DOCUMENT MANUSCRIT PROVENANT DES ARCHIVES PERSONNELLES DE ROGER GARAUDY




   L’état sanitaire actuel de notre camp inspire d’assez vives inquiétudes pour qu’il soit nécessaire d’attirer une fois de plus sur ce problème votre bienveillante attention.
   Depuis six jours, en effet, 59 cas de colite dysenteriforme et, peut-être, de dysenterie épidémique ont été constatés (soit une proportion de 1 malade sur 8 internés).
   Il est certain que le manque d’hygiène dans le camp est de nature à favoriser, sinon à déterminer, le développement de ces troubles ou d’autres épidémies possibles.
   Or, la direction du camp n’a pas eu, jusqu’à présent, les moyens de pallier à ce manque d’hygiène.

I – Alimentation
   Les premiers cas de diarrhées se sont manifestés le lendemain d’un jour où ont été mangées des fèves fermentées.  Or, il est fréquent que les légumes (fèves ou petits pois en particulier) arrivent au camp après un voyage de 4 à 6 jours tassés dans des sacs, et,, par suite, en état de fermentation avancée, ce qui a occasionné, à plusieurs reprises, des intoxications alimentaires.
   D’ailleurs, l’installation rudimentaire des cuisines et l’insuffisance du matériel ne permettent pas de neutraliser par la cuisson (dans deux eaux différentes par exemple) les principes nocifs de ces fermentations.
   La viande consommée ne présente pas non plus toutes les garanties nécessaires. A plusieurs reprises, par exemple, des moutons dont les poumons présentent des lésions ont été livrés.
   Enfin, la situation des cuisines, installées à une quinzaine de mètres seulement des latrines, est particulièrement insalubre, car d’innombrables mouches viennent y polluer la viande et, en général, toutes les denrées alimentaires.

II – Habitation
   Les risques de maladie et d’épidémie sont aggravées du fait de l’entassement des internés dans des locaux exigus : à titre d’exemple, indiquons qu’une chambre de 18m x 6m contient 80 hommes, ce qui représente environ 5m3 d’air par homme, la moitié à peine du minimum indispensable.
   Les internés sont couchés dans des cadres de bois comprenant quatre couchettes, deux en haut et deux en bas, sans paillasse ni sac de couchage.
   Ces cadres, très volumineux, sont séparés de 30 à 40 cm seulement les uns des autres, en sorte qu’on ne peut les déplacer et que tout nettoyage sérieux de la pièce est, dans ces conditions, pratiquement impossible.
   Si l’on ajoute que l’absence de réfectoire oblige les internés à prendre leurs repas sur leurs lits (ils ne disposent ni de tables ni de bancs qui leur permettraient de manger hors de leurs couchettes), l’on conçoit aisément que les miettes et débris de nourriture attirent dans les chambres toutes espèces de parasites, de mouches et de germes pathogènes.
   De plus, l’on ne dispose pas de crésyl ni d’eau de Javel pour la désinfection des batiments ,
                                               pas de chlorure de chaux pour l’hygiène des latrines (d’ailleurs insuffisants pour le nombre des internés),
                                               pas de savon pour le lavage du linge ou la toilette corporelle,
                                               pas de linge de rechange (dans bien des cas pas même de chemise) pour lutter efficacement par la propreté contre les poux qui ont fait leur apparition à maintes reprises au risque de propager le typhus (qui subsiste à l’état endémique autour de Bossuet).
   Cette situation ne manquera pas de s’aggraver d’ici quelques semaines par suite du tarrissement des puits et du manque d’eau qui sévit à la redoute et qui, semble-t-il, motive, à cette saison, son évacuation par la troupe.


III – Composition du camp
   Ces conditions sanitaires risquent d’autant plus d’avoir des effets désastreux que les actuels occupants de la Redoute ne sont pas de jeunes soldats vigoureux, préalablement sélectionnés, par une visite d’incorporation, mais des hommes dont beaucoup sont âgés:
          179 internés ont plus de 40 ans, 14 dépassent 60 ans,
          320 d’entre eux sont d’anciens combattants (dont 130 sont décorés de la Médaille militaire ou des Croix de guerre 14-18 ou 39-40),
          352 sont mutilés ou atteints de maladies chroniques.
 
IV – Possibilités médicales
   Devant ces risques de maladies épidémiques qui auraient facilement prise sur les internés en raison de leur âge, de leur état de santé, et de leurs conditions de vie, les médecins sont pratiquement désarmés, ne disposant à l’infirmerie de la Redoute d’aucun moyen de résistance efficace à ces dangers : ni matériels, ni m »dicaments.
   Il n’y a pas de désinfectants généraux pour les latrines et les locaux,
                pas de matériel opératoire – même pas d’éclairage en cas de nécessité d’intervention urgente pendant la nuit,
                pas de médicaments, un exemple caractéristique : 250gr d’élixir parégorique ont été fournis en un mois et demi ; vu le nombre de malades, c’est la quantité nécessaire pour trois jours de traitement.

Conclusion
   Il conviendrait que soit vérifiée, par une enquête sur place, l’objectivité de ces déclarations, et, qu’après cette vérification, toutes dispositions soient prises :
   1°- pour l’aménagement matériel de notre camp, en remédiant à l’exiguité malsaine des locaux, au couchage défectueux, à la disposition des cuisines, à l’insuffisance du linge, à l’absence de savon ;
   2°- pour l’amélioration de l’approvisionnement, en veillant à la fraîcheur des légumes livrés et en refusant la viande d’animaux dont les viscères ne seraient pas saines ;
   3°- pour l’outillage de l’infirmerie, en la munissant de désinfectants pour les latrines et les bâtiments, et des médicaments nécessaires pour enrayer les épidémies auxquelles nous sommes exposés.
Enfin, la plupart des maux qui menacent les internés étant liés au climat auquel ils sont soumis, ainsi qu’à leur âge et à leur état de santé, il serait nécessaire que soit envisagée l’annulation de la mesure de déportation qui, sans raison valable, expose les familles angoissées à rester sans soutien.

(Le document, évidemment collectivement élaboré, est écrit de la main de Roger Garaudy. NDLR)

A lire (PDF): Les camps français d'internement (1938-1946). Denis Peschanski

16 septembre 2015

Déporté à Bossuet, Algérie (1). Le 14 juin 1942

Au camp de Bossuet, lors de l’hiver 1941, Roger Garaudy monta un spectacle « sur le double thème de la Vieille chanson française et des Chants du Travail » avec un certain nombre d’emprisonnés qui avaient noms Léon Feix, Roger Codou, Henri Crespin, Élie Duguet, Sauveur Albino, André Moine, Jérôme Favard, André Parinaud, Luce Mousset, Pierre Saquet, Jean Mecker, Louis Gautrand et Michel Leymarie. Tous ces militants arrivèrent même à faire publier ces chants « à l’occasion d’une nouvelle fête organisée à Bossuet le 14 juin 1942 au profit des prisonniers de guerre » sous le titre de Chants du travail (NDLR, d'après le Maitron).

A l’occasion de la fête organisée à Bossuet le 14 juin au profit des prisonniers de guerre, nous avons voulu renouer avec l’une des plus gracieuses traditions littéraires de notre France : les tournois poétiques des Jeux Floraux.
Comme les troubadours chantaient les exploits des chevaliers et la beauté de leurs dames, nous avons voulu chanter la poésie et l’orgueil de nos métiers.
Nous avons voulu que le produit de la vente de nos essais, double hommage au passé national et aux forces créatrices du travail, soit consacré à nos prisonniers.
Puisse cette modeste offrande leur apporter quelque douceur.
Les internés politiques
Bossuet 14 juin 1942

(Texte manuscrit de R. Garaudy. Archives personnelles de l'auteur déporté de 1940 à1943, notamment à Djelfa près de Ghardaïa et à Bossuet, qui servira encore de camp de concentration pendant la guerre d'Algérie pour les combattants et partisans de l'indépendance)

A propos de cette soirée à Bossuet, ce livre à acheter ici >> http://www.editions-monedieres.com/histoire/les-chants-de-l-anti-france.html

Présentation de l'éditeur: Cet ouvrage lève un peu plus le voile sur une sombre histoire franco-francaise, celle de la politique anticommuniste et anti libertaire commencée sous la troisième république par des lois d’exception et que le gouvernement a pérennisée, élargie et généralisée dans une logique de répression systématique. Il renvoie donc surtout à l’histoire des camps d’internement du « système Pétain » selon l’expression de Christian Eggers et en particulier à une de ses extensions assez mal connue, les camps d’Algérie. Il permet de suivre l’itinéraire des victimes à travers des témoignages croisés avec des sources administratives. Enfin et surtout, il donne chair à l’histoire en ressuscitant les œuvres d’une soirée poétique tenue le 14 juin 1942, au camp de Bossuet dont les internés, « les indésirables » de Pétain, ceux qu’il nommait l’anti-France, saisirent l’occasion pour rappeler leur rôle dans la construction de la République, en célébrant leurs métiers et leur attachement au pays : « Les chants de l’anti-France »en somme. Guy Perlier, docteur en histoire contemporaine, est membre du bureau de la D.T.87 de l’AFMD (l’association des Amis de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation).