PÂQUES 2021.
Savoir voir dans le christianisme les deux évènements qui le fondent, l’incarnation et la résurrection. L’incarnation fait du dieu un homme, la résurrection fait de l’homme un dieu.
Le judaïsme interprète souvent l’incarnation en Jésus comme une concurrence déloyale du fils envers le père. L’amour (idolâtre ?) porté à l’homme-dieu ferait ombrage à l’amour universel dû au créateur. Mais l’Eternel est un dieu qu’on étudie et qu’on adore, avec qui on discute (voir Abraham), pas un dieu contre l’épaule duquel on repose sa tête. Laissons ce débat aux théologiens.
Selon Gilbert Mury, chrétien et marxiste, si le Christ n’est pas ressuscité, «cela signifie que l’homme est… néantisé par cette transcendance abstraite d’un dieu purement extérieur et infiniment distant». Mais, s’il l’est – et le marxiste peut sans se renier postuler qu’il l’est – alors s’établit entre l’homme et dieu «une relation d’immanence et de proximité», loin du «tout-autre» dominant et aliénant.
Pour le chrétien, savoir voir dans le marxisme un outil qui, en grandissant l’humanité, grandit aussi le Christ. «Autant que le marxiste, écrit Gilbert Mury, le chrétien croit à la valeur de la praxis; il y croit si bien qu’il découvre cette exigence… à la base même de sa morale». «La gloire de Dieu, c’est l’homme vivant», «Dieu s’est fait homme pour que l’homme puisse devenir Dieu» disent les Pères Grecs à la suite de Saint Irénée.
Teilhard de Chardin s’inscrit dans cette theosis (divinisation de l’homme). Il l’inscrit dans un monde en complexification où il est difficile de trouver un sens à la vie, une vérité, tant le divertissement, au sens pascalien, nous submerge. L’évolution du monde depuis la mort de Teilhard conforte cette réalité et valide cette exigence. L’homme vivant, l’homme réel, c’est justement lui dont s’occupe le marxisme.
Marxisme et christianisme ont partie liée. Marxistes et chrétiens ont un monde à construire et à vivre ensemble. Le 21e siècle pose dans l’urgence cette question à laquelle ils peuvent, et donc doivent, répondre ensemble : « suicide planétaire ou résurrection » (Roger Garaudy) ? Et la Résurrection, c’est alors tous les jours.
(D'après A.R. "Le principe Transcendance", TheBookEdition, pp 144-145)