Les
plus grandes révolutions de l'histoire n'ont pas été substitution de
pouvoir mais émergence d'une réalité nouvelle qui naît en dehors de
l'ordre déjà existant. Le monde issu de la désintégration du système
féodal n'est pas né de la victoire des serfs, mais, en dehors du système
féodal, par un triomphe qui n'était ni celui des serfs ni celui des
seigneurs, mais celui d'une force nouvelle : celle de la bourgeoisie.
Aujourd'hui,
au-delà de la sphère des luttes entre ouvriers et patrons,
une réalité nouvelle est en train de naître. Une révolution qui consisterait
à substituer une dictature prolétarienne à une dictature bourgeoise,
par une dialectique qui ne s'est jamais manifestée dans l'histoire,
ne pourrait que perpétuer les fins de l'ancien système, notamment
son modèle de croissance, avec toutes ses aliénations.
L'expérience
historique du dernier demi-siècle ne l'a que trop vérifié.
Sans
cette mutation véritable de l'homme, il y a simple passation de pouvoir
à l'intérieur d'un même système d'aliénation de l'homme.
Ceci
doit être clair : une
révolution véritable est pour une société ce qu'une conversion
est pour un individu: un changement des fins et du sens de la vie et de l'histoire.
Roger Garaudy, Appel aux vivants, 1980, extrait A SUIVRE ICI