Aujourd'hui ce que l’on appelle la crise, sans
toujours prendre conscience de sa profondeur, c'est la désintégration du tissu
social: 1'affrontement aveugle d'appétits concurrents conduit à 1'absence
de toute finalité humaine de nos sociétés capitalistes, à un individualisme du
repliement sur soi, qui juxtapose des millions de solitudes et de désespoirs
par absence de but.
Les questions sur le sens de notre histoire
commune, et sur le sens de la vie de chacun émergent du quotidien. Le désir
confus et angoissé de sortir du cercle de ce qui est fermente en chacun.
Les interrogations majeures naissent des
couches sociales les plus caractéristiques de notre temps, celles qui constituent «le
bloc historique nouveau » porteur de 1'avenir: ouvriers
travaillant à la chaîne, dont la vie personnelle est étouffée par la répétition
de gestes vidés de sens, techniciens et ingénieurs dont notre société fait des
technocrates interrogés sur les moyens et jamais sur les fins, scientifiques
ayant une vision positiviste du monde dominée par 1’entropie [1], la loi de
la mort.
Pour que la Bonne Nouvelle de 1'Evangile
devienne en chacun une espérance vivante, une nouvelle formulation de la foi
est nécessaire.
Comment dire la foi chrétienne dans un langage
que puissent entendre des hommes et des femmes d'aujourd'hui, des hommes et des
femmes qui ne la partagent pas encore ?
Tout ce qui est tué, chez des millions
d’hommes et de femmes, par le mécanisme quotidien, DIEU et la foi, ne peut
être, au départ, éprouvé par eux que comme une absence, un vide à combler.
La foi, cette manière de vivre de la vie de
tous, d’être responsable de 1'avenir de tous, d’ avoir conscience que notre
histoire, n’est pas déjà écrite, déjà finie, mais qu'elle doit être inventée et
inventée par tous, cette foi doit s’enraciner dans les préoccupations d’aujourd'hui,
les plus lancinantes, les plus immédiates, les plus quotidiennes.
Nous devons partir des angoisses, des
protestations, des révoltes élémentaires pour en dégager le mouvement plus
profond qui les suscite, le sens, 1’orientation.
Comment peut émerger aujourd'hui le besoin de
la foi, à partir de l'expérience quotidienne de la vie des multitudes, et
comment répondre à ce besoin?
La foi ne peut plus s'enraciner dans la peur,
dans le sentiment d’impuissance devant les forces de la nature, comme dans les
sociétés pre-techniciennes.L’homme n’est que trop convaincu de sa domination
sur la nature, et, devant la faillite de cette maîtrise il s'interroge sur la
nécessité et la valeur de cette domination.
La foi ne peut plus s'enraciner dans la
crainte et le respect du pouvoir social: mime si les rouages sont pour lui une
énigme, il n'y voit plus aucun mystère, et s'il redoute ce pouvoir, il le
méprise et cherche seulement à le fuir.
La foi, à notre époque, surgit du sentiment
d'une mutilation: le travail aliéné, répétitif, la fausse religion positiviste
de la technique et des moyens, le scientisme prétendant tout réduire en raison
et incapable d'assigner à 1'homme des buts, tout cela fait naître
aujourd'hui des interrogations et des révoltes inspirées par la conscience
confuse d'être mutilés d'une dimension humaine première et fondamentale, la
dimension spécifiquement humaine de la création.
L'ennemi de toute foi demeure la suffisance et
le contentement de soi.
Le problème est de faire prendre conscience à 1'homme
insatisfait, au contestataire, au rebelle, que son effort pour briser le cercle
est le signe d'un désir plus essentiel. Qu'il est habité par les autres et
habité par Dieu.
Le problème est de 1'aider à revendiquer,
contre un monde, dont toutes les structures tendent à étouffer cette
revendication première, son héritage de fils de DIEU.
Le premier médiateur est peut-être le poète. Celui
qui rompt avec ce positivisme déshumanisant qui cherche à nous convaincre que
ce qui ne se réduit pas à la raison abstraite n'existe pas, nous incarcère dans
un monde de choses immuables, dans le cercle de ce qui est.
Au delà du concept qui manipule les objets, il
y a 1'amour qui appelle les sujets. Il y a 1'utopie et le poème qui désigne
les projets et qui éveille en nous le désir de les réaliser. C*est ce que les
contestataires de 1968 avaient spontanément senti en jetant à vieux
monde figé ce défi fulgurant: "L’imagination au pouvoir."
Nous devons restituer au langage poétique sa
signification ontologique comme indicatif de transcendance, comme
annonciation et ferment de 1'avenir, et comme créateur d'être, de 1’être nouveau.
Car la poésie, 1'art en général,
n'est pas seulement un langage: elle rappelle à 1' homme que le
possible fait partie du réel. Que le réel n’est pas seulement ce qui existe
déjà, le prétendu cercle de ce qui est. Que la réalité la plus réelle est créée
par notre liberté.
DIEU n'est pas de 1’ordre des mots et
des choses. Il est de 1’ordre du poème. Il ne peut en être parlé que par
images. Avec les images de chaque temps et de chaque peuple. Avec des images
qui nous font sentir qu'il n'y a pas de cercle de ce qui est, mais qu'il existe
une infinité de possibles, que je ne peux jamais concevoir ou imaginer qu'une
fraction de 1’être.
Exprimer la foi dans le langage de notre
temps, c'est aider à prendre conscience que la création n'est pas achevée. Que
DIEU habite cette création continuée. Que le monde est le poème commencé de 1'univers.
DIEU n'est pas un être mais un acte.
L'acte même de cette création continuée.
Un acte qui ne s'accomplit qu'à travers des
hommes.
DIEU se taira toujours si tu ne lui prêtes pas
ta bouche.
DIEU n'agira jamais si tu ne lui prêtes pas
tes mains.
C’est pourquoi nous sommes totalement
responsables de notre histoire.
Responsables sans consolation.
DIEU a toujours été présent, il est toujours présent dans tout
acte inspiré par la foi, 1'espérance et 1'amour.
Chaque acte d'amour, chaque grande oeuvre d’art,
chaque invention et chaque création, chaque sacrifice, chaque utopie concrète,
chaque révolution inaugurant un avenir plus humain de 1'homme, nous
révèle cette présence permanente de DIEU, cette dimension divine de 1'homme.
Chaque souffrance aussi. Chaque fois qu'un
homme se lève pour refuser le malheur et crie, c'est DIEU qui t'appelle. Et tu
n'es jamais seul: des millions d'yeux te regardent et leur regard est le regard
de DIEU. Des millions de bouches t'appellent et leur clameur est la provocation
de DIEU.
Tous les hommes ne forment qu'un seul homme. Ils
sont les feuilles d'un seul arbre. Tous leurs corps sont ton corps, que 1’on
assassinait à AUSCHWITZ, en SIBERIE, au VIETNAM , que 1’on
étouffe à PRAGUE , que 1’on torture au CHILI.
L'amour, avant d'être un sentiment, est une
manière de vivre: de vivre de la vie de tous, de ne vivre qu'habité par tous.
Responsable de tous.
La faim de millions d'hommes, de 1'A5IE à
la CORDILLERE des ANDES, doit devenir ta faim. Car tu en es, pour ta part,
responsable: tu affames cet homme et tu 1’assassines si tu ne fais rien.
Je ne te demande pas: qu'as-tu fait pour le nourrir? Mais d'abord: qu'as-tu
fait pour empêcher qu'on 1’affame ? Car ce marché, qui est le
contraire de 1’amour, ce marché mondial condamne à la faim un milliard d'hommes,
que fais-tu pour le détruire ?
Plus tu seras capable d'amour, plus tu seras
prêt à comprendre ce qu'est l’acte de DIEU.
Plus tu seras créateur, plus tu seras prêt à
comprendre ce qu’est 1’acte de DIEU.
Etre homme c’est participer à cet acte.
DIEU ne serait-il donc rien en dehors de 1’acte
de 1'homme ?
-Non, DIEU ne se réduit pas à 1'acte de
1'homme comme il n'est contenu dans aucune parole de 1'homme. Quand
je dis: DIEU, c’est pour rappeler qu'il les déborde toujours, qu'aucune parole
ne peut prétendre enfermer toute la vérité, qu'aucun acte ne se suffit à
lui-même. La création n'est jamais achevée. Nous ne pouvons jamais nous
arrêter, satisfaits, et dire: cela est bien car nous avons atteint le
but.
Si je dis: DIEU, c’est pour rappeler qu'il est
au delà de tout ce que nous faisons. Au delà même de ce que nous ferons.
Il est tel que tu ne peux rien savoir de ce qu'il est, mais être seulement à 1' écoute de ce qu'il fait en JESUS-CHRIST, dans 1'histoire, en tout homme, et en toi.
Il est tel que tu ne peux rien savoir de ce qu'il est, mais être seulement à 1' écoute de ce qu'il fait en JESUS-CHRIST, dans 1'histoire, en tout homme, et en toi.
Tu ne peux prétendre parler et juger en son
nom sans devenir inquisiteur. Tu ne peux prétendre agir en son nom sans devenir
tyran. Tu ne peux parler, juger, agir qu' à tous risques, sous ta seule
responsabilité. En te souvenant toujours humblement de tes limites premières,
que d' autres avant moi t'ont rappelées :
"Tout ce que nous disons de DIEU c'est un
homme qui le dit."
"Pour trouver DIEU nous ne pouvons partir
de lui, où nous ne sommes pas. Il faut partir de nous, où il est."
Un homme a vécu qui a accompli pleinement ces
actes divins: ceux qui inspirent la foi, 1'espérance, et 1'amour.
Il lui fut demandé: "Es-tu Fils de DIEU
?"
Et il répondit: "Je le suis."
Il ajouta: "Si vous me connaissiez, vous
connaîtriez aussi mon Père."
Cet homme a vécu divinement sa vie d'homme.
Seul un DIEU pouvait être aussi humain.
Il ne s'est jamais laissé déterminer par le
monde qui 1'environnait.
Il est mort. Il est mort d'une vraie mort. Il
est ressuscité.
Nous ne pouvons rien savoir ni dire de DIEU
sinon que 1’acte de DIEU s’est exprimé pleinement dans la vie, la mort et la
résurrection de cet homme, de JESUS-CHRIST.
Il nous a sauvés. Il nous a montré la liberté.
De lui nous avons appris ce qu'est 1'acte,
c’est à dire le contraire de 1’entropie. L'acte, c'est à dire la
création. L'inverseur de la dérive du monde vers la mort. L'acte, c'est à dire 1’initiative
historique de 1'homme quand il invente son propre avenir. C’est
seulement dans un homme, dans tout homme, et d'abord dans cet homme, que tu
peux découvrir DIEU.
Chez Celui qui nous "appelle à la
liberté"( GA. V, 13).
CHRIST est vivant. Il a rendu présent 1’acte
de DIEU. Il révèle la présence de notre avenir dans notre aujourd'hui.Son
incarnation, c’est la présence d'une espérance nouvelle au coeur de 1'histoire.
Cette espérance, comment pouvons-nous la faire
vivre et triompher ?
Nous avons parfois le sentiment de notre
impuissance.
JESUS CHRIST non plus n'avait pas la
puissance.
Il a lutté pour que tout change.
Et pour que tout change il a seulement laissé
toute la place, en lui, aux autres et à 1' acte de DIEU.
JESUS, ce raté, qui ne fut point roi des
juifs, qui s'est incarné au contraire à la base, dans la vie d'un ouvrier, sans
pouvoir, sans avoir, sans même ce savoir de 1’ orgueilleuse sagesse des
grecs et des romains, ce raté qu'on couronna, par dérision, d’épines, que 1'on
abreuva de soufflets et de coups de poings, que 1'on châtia du supplice
des esclaves, que 1'on railla même sur son gibet: "Si tu es fils de
DIEU, descends de la Croix!", ce marginal que les passants injuriaient, et
que personne n'essaya de sauver, les histoires de son temps ne font même pas
mention de lui.
Depuis lors les conquérants et les rois sont
morts sans laisser la moindre trace dans nos vies d'aujourd'hui, les riches ont
disparu avec leurs richesses, et LUI, lui seul, le raté palestinien, marche
encore sur notre terre des pas d'éternité. Il a donné une mesure nouvelle pour toutes les
grandeurs. LUI seul nous interpelle encore. Il ressuscite chaque jour dans nos
vies.
L’Eucharistie aussi peut s'exprimer dans le
langage de notre temps, dans une philosophie de notre temps, qui ne soit pas
une philosophie de 1’être mais de 1’acte.
Le pain et le vin ne sont pas des choses, à la
manière d'un caillou, d'un nuage ou d'un fleuve. Le pain et le vin n’ existent que dans une
communauté humaine. Une communauté de travail et d’ échange.
Depuis le travail- du grain semé jusqu'à 1'amour
du pain partagé, toute la geste du pain nous rappelle que 1'homme est
travail et que 1’homme est amour. Il y a le travail de 1'homme:
semer le blé, moudre le grain, faire le pain. Il y a 1'amour de 1'homme
dans le geste de rompre et de partager le pain, de le donner.
Le CHRIST n’ est pas dans le pain mais dans le pain partagé. Pas
dans la chose, mais dans l’ acte
du partage.
Mais tout le pain n’est pas partagé.
Le pain n’ est encore partagé que dans ce rite symbolique. Dans la liturgie
de la MESSE et de la COMMUNION.
Partout ailleurs, le pain est vendu, mis sur
le marché. Sur le marché qui recrée la jungle des fauves: si mon voisin a faim,
tant mieux ! Je lui vendrai plus cher mon blé. Ce pain n’est plus travail
d'homme: il devient marchandise, un rapport de concurrence, c'est à dire de
servitude de celui qui n'a pas, de domination de celui qui a. Le marché, c'est
le contraire du partage. Le marché c'est le contraire de 1' amour.
Tout ce qui est libérateur parle le même
langage.
MARX dit la même chose que les prophètes. Son "CAPITAL" dit la même chose que la BIBLE. Retrouver partout l’acte au-delà de 1'être. Le rapport humain au delà du fétiche de la marchandise comme dit HARX, au delà de 1’idole comme disaient les prophètes.
MARX dit la même chose que les prophètes. Son "CAPITAL" dit la même chose que la BIBLE. Retrouver partout l’acte au-delà de 1'être. Le rapport humain au delà du fétiche de la marchandise comme dit HARX, au delà de 1’idole comme disaient les prophètes.
Vivre, c'est vivre non dans un monde de choses
mais d’action, où chaque jour 1’impossible devient possible.
Le pain n'est pas une chose, c'est un acte:
celui de le produire et de le répartir. Un acte de concurrence, générateur de
violence, lorsqu'il est marchandise; un acte d'amour lorsqu'il est partagé.
Le partage seul est humain. Le partage seul
est divin. JESUS nous 1'a enseigné dans son dernier repas avant son
exécution, dans la CENE du jeudi saint, lorsqu'il donne le pain et le vin,
avant de tout donner, dans le sacrifice de sa chair et de son sang.
Manger ce pain-là t'engage. Tu ne peux
le manger impunément. Tu as mangé et bu avec le CHRIST. Cela exige une nouvelle
manière de vivre. Il faut que quelque chose change à la face du monde
si tu prétends t'être abreuvé à la source de toute création et de
tout changement. Manger le pain et le vin avec le Ressuscité,
c'est anticiper le festin du Royaume où tout le pain et le vin seront
partagés. C’est s’engager à préparer chaque jour 1'avènement de ce
Royaume. L’Eucharistie n'est rien si elle n'est pas un feu qui se propage.
L'histoire du Salut c’est 1'histoire de
la libération de 1'homme.
La création est le premier acte de salut, le
premier acte de libération. Ils’accomplit chaque jour. Le DIEU des actes
libérateurs a toujours marqué qu'une rupture est nécessaire pour créer un nouvel
ordre. Une rupture dans nos vies, une rupture dans nos sociétés, une rupture dans
notre histoire. Une rupture et un défi: un défi aux dérives catastrophiques qui
nous tirent vers le bas, vers 1’abandon, vers 1'entropie.
La genèse de 1'homme est jalonnée de ruptures.
La genèse de 1'homme est jalonnée de ruptures.
Lorsque, par son travail d'homme, c’est à dire
par un travail précédé de la conscience de ses fins, précédé de son projet,
surgissant dans la chaîne des causes,1'homme a fait brèche dans le
cercle illusoire de ce qui est, 1’homme a fait brèche dans 1'instinct
qui s’adapte à ce qui est, pour inaugurer le règne nouveau du travail qui crée,
la première rupture était accomplie.
Celle qui inaugurait un nouvel âge de la vie,
qui pouvait être danse, chant, poème.
Le travail de 1’homme depuis lors
prolonge et continue la création lorsqu'il n'est pas aliéné, c'est à dire
lorsque celui qui accomplit le travail n'est pas dépossédé de son fruit,
lorsque le but et les moyens de ce travail ne lui sont pas imposés du dehors
par un maître.
Le DIEU de la création, le DIEU de la
libération, est aussi le DIEU de 1'Exode. Ce lui qui enseigne qu'aucun
pouvoir n'est sacré. Celui qui a conduit un peuple à se libérer de 1'esclavage,
de la servitude du Pharaon, de la misère du Pharaon, de la politique du
Pharaon, des idoles du Pharaon. Et à faire lui-même sa propre histoire. L'Exode,
1’exode éternel, de ceux qui vivent, comme ABRAHAM, 1'aventure de
DIEU, et la faim, et la brûlure du désert, c'est 1’acte de sortir, 1'
acte de faire la brèche, d'ouvrir les chemins de la liberté à 1’appel
de Celui qui fait toutes choses nouvelles. Le baptême de 1'exode, c'est 1’
acte de la liberté et de la création(I.Cor.10).
L’Incarnation est un autre acte libérateur: celui
où "DIEU s’est fait homme pour que 1'homme puisse devenir DIEU"
(Athanase. De incarnatione verbi. 54), créateur à 1’image de DIEU.
Et puis il y a la mort. Il n’y a pas la mort.
La mort abstraite. Il y a des hommes qui meurent et d'autres qui les tuent. Cette
mort n'est pas un fait. C’est un acte. Celle-là seule est révoltante. Millions
de ceux que tue la faim, de 1'ASIE à la CORDILLERE des ANDES, de ceux
dont la misère dégrade et abrège la vie, victimes des maîtres, et des bourreaux,
et de toutes les guerres, suicidés du monde riche, tués par 1'absence de
but, toutes ces morts là, que 1’on
peut combattre, culminent avec la Croix du CHRIST. Car la Croix n'est pas le signe
de la mort, mais du meurtre, des puissances qui détruisent 1'homme. Le
CHRIST n'est pas mort. On 1'a tué. Et cela donne sens à sa Résurrection.
La mort du CHRIST est un acte humain. Une mort
donnée et une mort choisie. Une mort qui nous révèle qu'il y a des causes - et
d’abord la cause de 1'homme - que 1'on peut préférer à la vie. Et
que c'est seulement par le choix volontaire de risquer la mort pour une telle
cause que 1’on conquiert la liberté.
La Résurrection témoigne qu'il est possible de
vaincre cette mort là. Qu'il est possible de vaincre 1'échec. Que la
mort n’aura plus le dernier mot. Que la mort ne tue plus. A condition de la
combattre.
La Résurrection nous révèle ce que peut être
une histoire humaine libérée par la liberté de DIEU, vivifiée par 1'acte
de DIEU: la création du nouveau, rendre possible 1’impossible.
Cette Résurrection est la matrice de toutes les
insurrections. Cette Révélation est le levain
des révolutions. La Résurrection, c'est le style de la politique permanente de
DIEU dans 1'histoire. C’est le modèle de 1'acte de DIEU ouvrant
chaque jour l'histoire à un nouvel avenir, à travers le refus que 1' esclave
rebelle oppose à ce qui est, à ce que tu crois être le cercle de ce qui est.
C’est ainsi que se crée notre histoire: 1'histoire
indivisible de notre salut et de notre libération.
Une libération pleinière: pas seulement un transfert
de pouvoir ou de propriété. Mais, par une communauté qui exclut le pouvoir de
quelques uns et la propriété de quelques uns, la naissance d'un homme nouveau.
Car il est vain de croire qu'on peut résoudre
nos crises et accomplir une révolution sans rien changer à notre manière d'exister.
La révolution du CHRIST n'est pas une
révolution partielle, qui serait limitée à un seul pays: la PALESTINE, ou à un
seul niveau: celui de 1'Etat ou de la propriété. C’est une révolution
pleinière, qui implique la lutte contre toutes les oppressions et toutes les
aliénations: celles de 1'argent, celles de 1'Etat, celles du péché, c'est à dire
du repli individualiste sur soi, de la suffisance qui t’empêche de découvrir
des possibles au delà de toi.
La bonne Nouvelle de 1'Evangile, c’est qu'il
nous est possible d'inventer notre vie.
Pour la créer il n'y a pas de loi du CHRI5T,
mais une poétique du CHRIST.
Pour trouver DIEU, ne lève pas tes yeux vers le
ciel. Ouvre plutôt ton coeur à 1'appel du plus proche, celui dont tu te
méfiais, que tu tenais à distance. Celui auquel tu fermais ta porte. Celui que
tu fuyais comme un loup. Va le trouver et tu feras lever en lui un homme. Va le
trouver et tu rencontreras DIEU.
Roger Garaudy
[1]NDLR: L'entropie est en thermodynamique la grandeur qui permet de mesurer le degré de dégradation d'un système (Larousse 2015)
[1]NDLR: L'entropie est en thermodynamique la grandeur qui permet de mesurer le degré de dégradation d'un système (Larousse 2015)
Archives personnelles de Roger Garaudy
Vers 1974-1975