Le
président Taft en 1912 déclarait : « Je dois protéger notre peuple et
ses propriétés au Mexique jusqu'à
ce que le gouvernement mexicain
comprenne
qu'il y a un Dieu en Israël et que c'est un devoir de lui obéir. »
Cette
expression, souvent sous la forme du « Nouvel Israël de Dieu »,
apparaît
fréquemment dans l'histoire américaine depuis le
Mayflower
et la fondation de la colonie de Plymouth (1620).
Belle
et puissante histoire : un peuple en exil, un petit peuple,
échappant
à une domination répressive et à la recherche d'un nouveau
commencement.
Une
alliance a été révélée sur le Mont Sinaï : Yahweh a donné aux
Juifs
en exil le statut spécial de « nation la plus favorisée » : les Juifs
sont
le peuple élu, avec une Terre promise. Ils ont ainsi un rôle très
important
pour guider d'autres peuples.
Les
Pères fondateurs des États-Unis, les puritains, peuple élu
depuis
des siècles et lisant un seul livre : la Bible, se considéraient
comme
un « peuple élu » sinon par Yahweh du moins par son successeur
le
Dieu Chrétien.
Pourquoi
cette terre ne serait-elle donc pas la terre promise et ne
seraient-ils
pas aussi la lumière et le guide d'autres peuples puisqu'ils
étaient
le peuple élu de Dieu ?
Mais
la terre promise n'était pas déserte !
L'idée
fondamentale, c'est que Dieu aide le peuple élu et que son
succès
ne montre pas seulement qu'il était juste aux yeux de Dieu,
mais
aussi que les moyens employés pour obtenir ces succès étaient
justifiés.
De
même que l'Ancien Testament fournissait une métaphore
convenant
aux premiers Américains dans leurs relations avec la
population
indigène, ces puritains à leur tour, ont fourni une métaphore
pour
les Israéliens dans leur rapports avec les Palestiniens.
Ainsi
allait de soi de former un front contre l'Islam.
La
conviction d'être le peuple élu est si bien intériorisée que cette
conviction
que les États-Unis sont la nation plus proche de Dieu
qu'aucune
autre, s'exprime dans le slogan imprimé sur chaque dollar
:
« In God we trust » (nous avons confiance en Dieu).
Le
pays le plus proche de Dieu est aussi le représentant de Dieu sur
la
terre avec les trois caractéristiques majeures de Dieu : l'omniscience,
la
toute-puissance et la bienfaisance. Concrètement cela
signifie
une surveillance électronique dans le monde entier deceux
que
l'on soupçonne d'être les porteurs du mal. Il appartient aux
États-Unis,
seuls, de savoir qui entre dans cette catégorie. Il n'y a
pas
de Cour d'Appel puisque les États-Unis ont le monopole de ce
jugement.
Ainsi s'exerce un pouvoir culturel, un pouvoir économique
et
un pouvoir militaire sous la direction du Pentagone et de
la
CIA.
«
L'empire du Mal » mérite donc d'être bombardé jusqu'à être
ramené
à l'âge de pierre, c'est un devoir.
Quelle
religion pourrait être supérieure à la foi judéo-chrétienne ?
Quelle
idéologie peut être supérieure au libéralisme conservateur
sous
sa forme capitaliste ?
Aucune
Institution supranationale ne peut être au-dessus des États-
Unis.
Ceci vaut pour les Nations Unies à moins que cette organisation
ne
soit un moyen pour les États-Unis d'exercer leur bienfaisante
influence
sur le monde entier. Dans la hiérarchie des Nations,
les
États-Unis occupent le sommet, entourés par ce qui constitue le
centre
du monde : les alliés qui satisfont au moins à 2 de ces 3 caractéristiques:
*
une économie de libre marché ;
*
la foi dans le Dieu judéo-chrétien ;
*
et de libres élections.
A
l'autre pôle de ce monde, situé entre le Bien et le Mal, l'Empire du
Mal
est constitué par les pays qui n'ont ni une économie de libre
marché,
ni une foi judéo-chrétienne, ni une démocratie de type
américain.
Les
Etats-Unis ont une alliance avec Dieu, d'autres nations ont une
alliance
avec les États-Unis définie par des rapports de soumission
de
la périphérie au centre, des nations occidentales aux États-Unis
et
des États-Unis à Dieu.
Telle
est la théologie sous-jacente à la politique mondiale des États-
Unis.
Johan Galtung, « La politique étrangère des États-Unis
sous son
aspect théologique», Institut sur les conflits globaux et la coopération.
Article n° 4,1987
Annexe du
livre de Roger Garaudy « Les Etats-Unis avant-garde de la décadence »
Editions
vent du large, 1997, pages 201 à 203