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29 novembre 2014
Pour un dialogue des civilisations. سلسلة زدني علما،
Le mythe fondateur du capitalisme s'effondre
Reprise d'un article de CAMILLE LOTY MALEBRANCHE
Le
mythe est essentiellement le fondement paralogique et paradoxal que
dispensent les chefs hiératiques et laïques des sociétés en crédo à la
collectivité pour la conduire selon leurs propres intérêts de classe ou
de caste. D’où, la vie « rationnelle » des hommes en société, est menée
par suggestion selon des principes échappant à toute critique parce que
présupposés comme axiomatique nécessairement et naturellement surlogique
transcendant la raison.
Le
mythe fondateur du capitalisme, la mobilité sociale par le travail et
la propriété que tous peuvent acquérir s’ils travaillent, quoique
copieusement démenti depuis les débuts du capitalisme moderne, subit
donc son plus terrible revers avec la récente crise. Car la précarité
des classes moyennes s’y est cuisamment avérée à travers la
paupérisation en masse des professionnels et employés. La face de crise
permanente du système capitaliste notamment anglo-saxon imposé au monde
où l’investissement des petits et moyens entrepreneurs est gravement
précarisé par les normes du crédit imposé sauvagement au monde
contemporain par l’explosion de la finance et le règne féroce des
grandes banques privées, menace de ruine tous les rudes travailleurs
crédules qui voient encore dans le travail, un moyen d’affirmation
sociale et de transfert de classe. La finance étaie une quasi
immuabilité de la classe bourgeoise rendue oligarchie extrêmement
restreinte appelée à posséder tout et tous par la loi de l’économie
virtuelle. Si « le mythe, disait Mircea Eliade, n’est pas l’histoire réelle mais vraie des peuples »,
dans le cas d’une institution idéologique qui englobe toutes les
structures sociales et étatiques, cette définition du mythe ne tient
guère. Alors, pour nous autres qui questionnons un système devenu
seconde nature de la réalité quotidienne des hommes, imposée par l’État
ploutocratique, force est de remarquer que le mythe n’est autre que
prétexte de justification, argutie de manipulation que tissent comme une
pré-idéologie, les tenants de l’institution sociale qui argüe de vérité
en se targuant de droit divin sans vraiment le dire. Car tout le
discours social et le jugement, cette finalité idéelle du discours, y
tient et en découle. Là, le logos censé rationnel à l’inverse du
« mythos » relevant de l’imaginaire rêveur, dérive de ce dernier et
n’est plus que multiplicité rythmique d’une même rengaine vouée à créer
l’illusion d’une polyphonie moqueuse. Un sordide mode de variations
ironiques de pluralisme sociétal factice et trompeur. La modalité même
du foin discursif capitaliste est séquestration de l’État et
abêtissement de la nation rendue prétexte parce que avortée sans cesse
dans l’élimination de la citoyenneté effective pour l’opulence de
quelques-uns. Le mythe capitaliste ne demeure que par la force et la
monopolisation de toutes les ressources communes à l’humanité par
quelques prédateurs qui, ainsi, gardent sous leur coupe, retiennent par
le ventre, la grande majorité qu’ils réduisent à être de simples
travailleurs esclaves de leur ordre pour la subsistance. La récusation
de l’ordre capitaliste mondial n’est pas une adoption automatique du
marxisme combien pluriel dans les courants qui s’en réclament, mais une
exigence de la dignité fonctionnelle de l’homme dans la société. Pas de
dignité sans l’équité économico-sociale et l’espace de liberté globale
qu’elle suppose. Liberté ! flamme si fascinante, si intuitive à la
nature humaine que tous les désaliénés des générations vont s’y brûler
malgré le fer et le feu des tyrans !
Fascisme subtil du capitalisme contemporain…
De fait, le fascisme est la fausse sensibilité de classe que suggère le pouvoir capitaliste à des strates des dites classes moyennes afin de mieux les porter à la haine raciale, ethnique et groupusculaire pour les dévier de la question systémique essentielle du dysfonctionnement tout court ou du fonctionnement arbitraire et despotique du capitalisme. C’est l’art du bourgeois de se maintenir au pouvoir en générant des imbécillités d’extrême droite voire de gauchisme populiste chez des frustrés désorientés.
Le fascisme, « cette idéologie de l’homme moyen frustré » selon Wilhelm Reich, surgit à notre regard, comme avant tout, conséquence du complexe du bouc émissaire porté au délire nationaliste et érigé en idéologie d’État. Dans les états nantis fragilisés et endettés par le financiarisme qui frappe essentiellement le plus grand nombre constitué des classes moyennes décadentes d’aujourd’hui, le fascisme prend des formes de protection du national à travers des politiques de haine et d’ostracisme fignolées subrepticement par des establishments qui vont pourtant piller le monde via des multinationales et organismes financiers internationaux. L’on sait déjà que le fascisme, de par son amalgame idéel, est un protée dans ses procédés politiques où il se permet d’être tout comme en jeu de rôle pour défendre ses principes inhumains, antidémocratiques et discriminatoires de tendance plus ou moins essentialiste, populiste, raciste et xénophobe. Aujourd’hui, le capitalisme par l’empan étouffant de la finance, s’arroge le droit d’être de tous les partis, tous soumis par allégeance sourde aux tenants des institutions financières et du crédit. Une omnicratie financière qui consacre l’ubiquité planétaire de l’économie oppressive des grands consortiums bancaires privés.
Vivant
de crises successives, le capitalisme contemporain bascule dans la
xénophobie officielle des états et la haine des groupes considérés non
productifs, haine que des secteurs bourgeois entretiennent chez les
couches défavorisées des classes moyennes et les masses contre lesdits
groupes coupables... La seule vertu dans cette société étant de générer
des profits aux dieux maudits du crédit et du commerce, gare donc à qui
ose refuser la prostitution généralisée. L’homme est rendu l’objet
premier par la production et ultime par la consommation de l’infamie
collective qui fait de l’économie malsaine du système, le commencement
et l’aboutissement de l’existence des esclaves modernes inavoués. Ainsi
pleins et hantés des misérables rudiments de cette idéologie, les
humains se partagent les saletés comme des colifichets sacrés et
veillent répressivement que leur prochains en soient imbus ! Car dans la
horde infernale des esclaves décorés ou en haillons, épris de l’ordre
qu’ils idolâtrent, il n’y a pas de place pour la différence qui refuse
de consommer pour consommer. Une telle altérité contestataire est
marginalisée soupçonnée soit de folie soit de crime contre l’ordre
nécessairement moral, sain et transcendant inscrit dans la mécanique
cosmique... Car en fait, le crime, dans sa factualité, peut se définir
comme toute désobéissance constituant de la lèse-autorité. Et quelle
pire lèse-autorité, que la non insertion coupable de l’individu ou du
groupe dans l’ordre social accepté du grand nombre ! L’autre non
insertion et lèse-autorité par inaptitude, elle, c’est de la pathologie
mentale ! Toutes deux seront impitoyablement proscrites par les geôliers
et bourreaux d’asile que sont nos bons citoyens mollement complices de
leurs profiteurs dans nos sociétés policières et fascistes sans en avoir
l’air.
Il
n’y a pas de justice quand la justice sociale est bafouée par les lois
et le droit dans un système juridico-légal voué à garantir et pérenniser
par toutes sortes d’artifices, les privilèges des oligarques
autoproclamés maîtres de tous biens et ressources planétaires, ce qui
les fait également maîtres des vies et du temps des hommes.
La
chute du capitalisme, malgré ses ostentations et triomphalismes
médiatisés, est prévisible à moyen et à long terme vu que même le mythe
de la propriété se dément dans la fragilité du statut de propriétaire à
l’échelle des classes dominées vite dépossédées à la moindre crise
façonnée par des banquiers pour se faire renflouer ou grossir leurs
caisses par les politiciens. Toutefois, tout est à créer pour mettre en
place un ordre plus juste car les révolutions rouges et tyranniques du
passé avec leur nomenklatura, leur goulag et gabegie de gestion, elles
non plus ne tiennent la route dans l’itinéraire des vrais amis de la
liberté militant pour la vraie libération sociale des peuples.
Le
mythe est souvent d’essence religieuse sinon de portée sacrée, alors
que la fable et le conte relèvent de l’imaginaire laïc et profane qui se
contente de décrire les tempéraments et les mœurs avec un dessein
moralisateur. Quand vient l’immoralisme économique des oligarchies et
que sévit la chute du mythe fondateur de leur système, les fables
s’imposent alors en oracle pseudo-scientifique par les spécialistes
soudoyés et la propagande éhontée de la presse. Une suprême ironie des
intelligences et un dédain extrême du droit des peuples à comprendre et
savoir ce qui les regarde dans leur vie quotidienne !
Nous
disons que si le sens suprême, l’ontologique, le divin, le
transcendant, reste à l’échelle de la conscience spirituelle des
individus pour la félicité ou la perdition, le sens social consiste à
démythifier le vol autorisé qu’est le capitalisme. Le sens et son
appropriation demeure donc le combat du sens terrestre contre l’absurde
dans ce qui est chose humano-sociale et non transcendance cosmique
inatteignable.
En
attendant, les maîtres de l’économie capitaliste bricolent une société
d’ersatz où le substitut, le postiche, par la surenchère de la ruse
médiatique et autre, s’impose comme réalité dans la lourdeur et la
démesure du mensonge systémique au cœur d’une population décivilisée qui
s’offre le luxe de vivre des bobards officiels et se permet volontiers
de se passer de la vérité.
« Le capitalisme n’est ni une institution ni une personne (…) mais une logique »
déclare Michel Beaud, nous, nous disons qu’il est une méga-institution
plurale qui englobe toutes les institutions et méta-institutions de
rection et de "correction" humaine, et prédétermine ainsi jusqu’aux
réflexes sociaux des individus.
Démythifié,
le capitalisme actuel n’en garde pas moins ses airs de mystère, non
démystifié qu’il est grâce à l’essentialisme de classe qu’il ancre dans
le crâne des individus.
La
démystification et le démantèlement des statuts de classe, constituent
le seul horizon possible de libération des hommes pour l’avènement d’une
société sans classes, non d’égalité ontologique - car les hommes s’ils
sont identiques en attributs, ne sont même pas naturellement égaux par
leurs facultés - mais d’égalité effective des chances et donc d’équité
véritable et de mérite, où la justice sociale n’est pas qu’un mot, où
l’exploitation sera abolie grâce à la disparition des classes et la
dignité du moins doué des humains, du plus petit d’entre ses semblables,
respectée parce qu’au cœur des préoccupations et des politiques
adoptées et menées au nom de l’humanité de tous.
27 novembre 2014
"L'Appel aux vivants" (1980) vu par le quotidien régional "La Montagne"
Roger Garaudy fut un temps candidat aux Présidentielles de 1981.
Les difficultés rencontrées ne permirent pas le maintien jusqu'au bout de cette candidature et Roger Garaudy apporta finalement un soutien motivé à François Mitterrand
Les difficultés rencontrées ne permirent pas le maintien jusqu'au bout de cette candidature et Roger Garaudy apporta finalement un soutien motivé à François Mitterrand
L'article ci-dessus est tiré du quotidien "La Montagne", Clermont-Ferrand, 21 février 1980, Chronique "Ici Paris"
26 novembre 2014
Le catalogue "Garaudy" à la BNF
· Les mythes fondateurs de la
politique israélienne (1996) .Essai d'histoire contemporaine paru l'année précédente
dans "La vieille taupe". 277 p. 1996 [Chennevières-sur-Marne] R. Garaudy-Samiszdat
· Dieu est mort.
Etude sur Hegel 1970 Paris Presses universitaires de France
· 10e Congrès
national du Parti communiste français, 26-30 juin 1945. Les Intellectuels et la
renaissance française. Édition : (1946). Paris, Éditions du Parti communiste
français (Impr. centrale du Croissant). Auteur du texte : Georges Cogniot (1901-1978), Roger Garaudy (1913-2012)
· 60 oeuvres qui
annoncèrent le futur. 7 siècles de peinture occidentale. 1974 Genève. - [Paris] A. Skira. - diffusion
Flammarion
· A contre-nuit.
Poème. 246 p. Édition : 1987 Lausanne Ed. de l'Aire
· L'Affaire Israël. 201 p. La couv. porte en plus : "le sionisme politique". 1983 Alger. - Paris ENAP. - SPAG-Papyrus
· L'Affaire Israël. 201 p. La couv. porte en plus : "le sionisme politique". 1983 Alger. - Paris ENAP. - SPAG-Papyrus
25 novembre 2014
Un nouvel internationalisme prolétarien. Point de vue, dans "l'Humanité"
L'Humanité n'a pas traité équitablement (c'est mon point de vue !) Roger Garaudy ni en 1970 avant son exclusion du PCF ni lors de son procès en 1998. Malgré cela, la publication de l'article ci-dessus est pour moi l'occasion d'attirer votre attention sur les dangers qui pèsent sur l'existence de ce journal qui compose historiquement, politiquement, culturellement, une partie du paysage de la presse et de la démocratie françaises et donc sur la déformation, le manque, que subiraient ce paysage déjà si pollué et cette démocratie déjà bien altérée si "l'Huma" venait à disparaître: http://www.humanite.fr/une-souscription-pour-faire-face-nos-besoins-financiers-558345
24 novembre 2014
Biografia de Roger Garaudy
Escritor, político y filósofo francés
Nació el 17 de julio de 1913 en Marsella.
Cuando cuenta veinte años ingresa al Partido Comunista y estudia Filosofía en Estrasburgo, siendo designado luego profesor en la ciudad de Albi.
Contrae matrimonio y seis meses más tarde estalla la II Guerra Mundial. Es movilizado en un regimiento de Tolosa y combate en la región de Somme. Lucha valerosamente durante la fulgurante ofensiva germana, obteniendo la Cruz de Guerra. Fue deportado en septiembre de 1940 a un campo de concentración en el desierto de Sahara, junto a decenas de dirigentes y sindicalistas. Liberado en junio de 1943, tras la derrota de las tropas del Eje en África, empieza a trabajar como periodista en Radio Francia de Argel.
Se traslada a París y es elegido diputado en las Asambleas Constituyentes de 1945 y 1946, siendo designado vicepresidente. En 1970 es expulsado del Partido Comunista Francés por sus declaraciones contrarias a la intervención soviética en Checoslovaquia.
Durante mucho tiempo figura emblemática de la izquierda francesa, en 1982 aceptó el Islam y cambió su nombre por el de Ragaa. Autor de varios libros de pensamiento islámico, entre los que se cuentan L'islam habite nôtre avenir, Promesas del Islam, Córdoba capital del pensamiento unitario, Hacia una guerra religiosa, Les États-Unis avant-garde de la decadence o Los mitos fundadores de la política israelí.
Enemigo político de los Estados Unidos e Israel, consideró "un mito" el "exterminio de seis millones de judíos" y negó la pertinencia de emplear el término genocidio porque, afirma, "prefiero hablar de una masacre atroz que de genocidio".
El presidente Mohamed Jatamí le recibió en su residencia oficial en Teherán, durante la feria internacional del libro de El Cairo de 1998. Fue condenado a seis meses de cárcel con suspensión de pena y una multa de 150.000 francos por la llamada ley Gayssot, que castiga la "incitación al odio racial" o la "negación de crímenes contra la humanidad".
En septiembre de 2001 sufrió un derrame cerebral. El 13 de junio de 2012, a los 99 años, falleció en su casa en las afueras de París.
Obras seleccionadas:
Le communisme et la renaissance de la culture française (1945)
Les sources françaises du socialisme scientifique (1948)
Le manifieste du parti communiste: révolution dans l’histoire de la pensée socialiste (1952)
Théorie matérialiste de la connaissance (1953)
Mesaventures de l’anti- marxisme. Les malheurs de M. Ponty (1956)
Humanisme marxiste (1957)
Questions à Jean-Paul Sartre, précédées d’une lettre ouverte (1960)
Dieu est mort (1962)
Qu’est-ce que la morale marxiste? (1963)
Karl Marx (1965)
Marxisme du s. XX (1966)
Le Problème chinois (1967)
Lénine, PUF, Paris (1968)
Pour un réalisme du XXe siècle. Etude sur Fernand Léger (1968)
Pour un modèle Français du Socialisme (1968)
Le Grand tournant du socialisme(1969)
Toute la vérité (1970)
Reconquête de l'espoir (1971)
L’Alternative(1972)
Parole d'homme (1975)
Pour un dialogue des civilisations Denoël (1977)
Appel aux vivants (1979)
L’Affaire Israël (1980)
Appel aux vivants (1980)
Promesse d'Islam (1981)
Pour l'avènement de la femme(1981)
Mon tour du siècle en solitaire (1989)
Intégrismes (1990)
Les Orateurs de la Révolution française (1991)
À Contre - Nuit (1992)
L'Islam et l'intégrisme (1996)
Les Mythes fondateurs de la politique israélienne(1996)
Grandeur et décadences de l'Islam (1996)
L'Islam en Occident, Cordoue capitale de l'esprit(2000)
Le Terrorisme occidental (2004)
Nació el 17 de julio de 1913 en Marsella.
Cuando cuenta veinte años ingresa al Partido Comunista y estudia Filosofía en Estrasburgo, siendo designado luego profesor en la ciudad de Albi.
Contrae matrimonio y seis meses más tarde estalla la II Guerra Mundial. Es movilizado en un regimiento de Tolosa y combate en la región de Somme. Lucha valerosamente durante la fulgurante ofensiva germana, obteniendo la Cruz de Guerra. Fue deportado en septiembre de 1940 a un campo de concentración en el desierto de Sahara, junto a decenas de dirigentes y sindicalistas. Liberado en junio de 1943, tras la derrota de las tropas del Eje en África, empieza a trabajar como periodista en Radio Francia de Argel.
Se traslada a París y es elegido diputado en las Asambleas Constituyentes de 1945 y 1946, siendo designado vicepresidente. En 1970 es expulsado del Partido Comunista Francés por sus declaraciones contrarias a la intervención soviética en Checoslovaquia.
Durante mucho tiempo figura emblemática de la izquierda francesa, en 1982 aceptó el Islam y cambió su nombre por el de Ragaa. Autor de varios libros de pensamiento islámico, entre los que se cuentan L'islam habite nôtre avenir, Promesas del Islam, Córdoba capital del pensamiento unitario, Hacia una guerra religiosa, Les États-Unis avant-garde de la decadence o Los mitos fundadores de la política israelí.
Enemigo político de los Estados Unidos e Israel, consideró "un mito" el "exterminio de seis millones de judíos" y negó la pertinencia de emplear el término genocidio porque, afirma, "prefiero hablar de una masacre atroz que de genocidio".
El presidente Mohamed Jatamí le recibió en su residencia oficial en Teherán, durante la feria internacional del libro de El Cairo de 1998. Fue condenado a seis meses de cárcel con suspensión de pena y una multa de 150.000 francos por la llamada ley Gayssot, que castiga la "incitación al odio racial" o la "negación de crímenes contra la humanidad".
En septiembre de 2001 sufrió un derrame cerebral. El 13 de junio de 2012, a los 99 años, falleció en su casa en las afueras de París.
Obras seleccionadas:
Le communisme et la renaissance de la culture française (1945)
Les sources françaises du socialisme scientifique (1948)
Le manifieste du parti communiste: révolution dans l’histoire de la pensée socialiste (1952)
Théorie matérialiste de la connaissance (1953)
Mesaventures de l’anti- marxisme. Les malheurs de M. Ponty (1956)
Humanisme marxiste (1957)
Questions à Jean-Paul Sartre, précédées d’une lettre ouverte (1960)
Dieu est mort (1962)
Qu’est-ce que la morale marxiste? (1963)
Karl Marx (1965)
Marxisme du s. XX (1966)
Le Problème chinois (1967)
Lénine, PUF, Paris (1968)
Pour un réalisme du XXe siècle. Etude sur Fernand Léger (1968)
Pour un modèle Français du Socialisme (1968)
Le Grand tournant du socialisme(1969)
Toute la vérité (1970)
Reconquête de l'espoir (1971)
L’Alternative(1972)
Parole d'homme (1975)
Pour un dialogue des civilisations Denoël (1977)
Appel aux vivants (1979)
L’Affaire Israël (1980)
Appel aux vivants (1980)
Promesse d'Islam (1981)
Pour l'avènement de la femme(1981)
Mon tour du siècle en solitaire (1989)
Intégrismes (1990)
Les Orateurs de la Révolution française (1991)
À Contre - Nuit (1992)
L'Islam et l'intégrisme (1996)
Les Mythes fondateurs de la politique israélienne(1996)
Grandeur et décadences de l'Islam (1996)
L'Islam en Occident, Cordoue capitale de l'esprit(2000)
Le Terrorisme occidental (2004)
23 novembre 2014
L'ami Pierre
"L'espérance, c'est croire que la vie a un sens"
Henri Grouès, dit l’Abbé Pierre, (né le 5 août, 1912 à Lyon, France) est un prêtre français, fondateur en 1949 d’Emmaüs, une organisation pour les pauvres et les réfugiés.
Enfant d’une riche famille aisée et pieuse de soyeux lyonnais, son père, homme de bonté, visait les plus démunis, emmenant parfois ses enfants, au nombre de sept, dont il est le troisième. À 12 ans, il accompagne son père à la confrérie séculaire des Hospitaliers Veilleurs, où les bourgeois se font coiffeurs barbiers pour les pauvres.
À 16 ans, il veut se faire franciscain, cependant il devra attendre 17 ans et demi. À ce sujet il déclara « On me disait beau gosse, peut-être même un peu mondain, pourtant, le lendemain je serai moine ».
En 1931, il renonce à tout héritage et entre chez les capucins. En religion, Henri Grouès devient frère Philippe. En 1932, il entre au cloître au couvent de Crest. Il est ordonné prêtre en 1938. En avril 1939, il devient vicaire à Grenoble.
Vient la Seconde Guerre mondiale, où il est mobilisé comme sous-officier dans le train des équipages, en décembre 1939.
En juillet 1942, deux juifs pourchassés lui demandent de l’aide. Il découvre alors les persécutions et s’engage immédiatement, apprend à faire les faux papiers. Dès août, il commence à faire passer des juifs en Suisse.
Il participe à la création de maquis dans le Vercors et la Chartreuse.
Il aide les réfractaires au Service du travail obligatoire (STO). Il prend le nom d’Abbé Pierre dans la clandestinité. En 1944, il passe en Espagne, puis rejoint Charles de Gaulle à Alger.
Il devient une haute figure de la Résistance.
Après la guerre, il est député de Meurthe-et-Moselle aux deux Assemblées nationales constituantes (1945-1946), comme indépendant apparenté au Mouvement républicain populaire (MRP), puis à l’Assemblée nationale de 1946 à 1951, où il siège au groupe MRP.
En 1947, il est vice-président de la Confédération mondiale, mouvement fédéraliste universel. Avec Albert Camus et André Gide, il fonde le comité de soutien à Garry Davis, citoyen du monde.
Il fonde en 1949 l’association Emmaüs (du nom d’un des épisodes des évangiles) d’aide aux déshérités, particulièrement aux sans-abris. Il commence ainsi, dés 1950 par la communauté d’Emmaüs Neuilly-Plaisance.
Les communautés Emmaüs se financent par la vente de matériels et d’objets de récupération et construisent des logements. C’est une organisation laïque. Le parlementaire quitte l’enceinte du Palais-Bourbon, le soir venu pour aller rejoindre les gueux, les miséreux.
Grand sportif, il n’hésitera pas à faire des plongeons spectaculaires pour attirer l’attention du public et des médias.
En 1952, il participera au jeu « Quitte ou double » pour alimenter financièrement son combat, où il gagnera 254 000 francs.
L’abbé Pierre acquiert sa notoriété à partir du très froid hiver de 1954, meurtrier pour les sans-abris pour une «insurrection de la bonté». «Il y a 50 ans, tous sortaient à peine des atrocités de la guerre. Tous avaient dû fuir, chacun se sentait proche des réfugiés. Les gens se rappelaient la souffrance et la peur. Ils étaient davantage prêts à réagir. Mais on ne renouvelle pas des faits historiques comme celui-là.»
Le jeune prêtre lançait le 1er février 1954 un appel sur les antennes de Radio-Luxembourg (RTL) : « Mes amis, au secours… Une femme vient de mourir gelée cette nuit à 3 heures, sur le trottoir du boulevard Sébastopol, serrant sur elle le papier par lequel, avant-hier, on l’avait expulsée. Devant leurs frères mourant de misère, une seule opinion doit exister entre les hommes : la volonté de rendre impossible que cela dure. Je vous en prie, aimons-nous assez tout de suite pour faire cela. Que tant de douleur nous ait rendu cette chose merveilleuse : l’âme commune de la France, merci ! Chacun de nous peut venir en aide aux sans-abri. Il nous faut pour ce soir, et au plus tard pour demain : 500 000 couvertures, 300 grandes tentes américaines, 200 pöêles catalytiques. Grâce à vous, aucun homme, aucun gosse, ne couchera ce soir sur l’asphalte ou les quais de Paris. Merci ». Le lendemain, la presse titra sur « l’insurrection de la bonté ». L’appel rapportera 500 millions de francs en dons.
En 2005, dans son livre Mon Dieu… pourquoi ?, rédigé avec Frédéric Lenoir, il déclare qu’il a eu des relations sexuelles alors qu’il était tenu par son serment d’abstinence. Aucune de ses relations n’a duré, car il était tiraillé entre son désir et son vœu de célibat. À ce sujet, il se prononce pour une réforme de la politique de l’Église en faveur du mariage des prêtres. Et ne comprend pas l’interdiction de Jean-Paul II et de Benoît XVI, car ils autorisent le mariage des prêtres dans les pays orientaux. De plus, il voit dans cette autorisation un moyen de lutter contre la pénurie de nouveaux membres de l’Église.
Il se prononce également pour l’ordination des femmes et ne s’oppose pas à l’homoparentalité, à condition que les enfants ne subissent aucun préjudice psychologique ou social et explique notamment son opinion sur le fait « qu’un modèle parental classique n’est pas nécessairement gage de bonheur et d’équilibre pour l’enfant ». Mais il se déclare contre le mariage et préfère y substituer une « alliance » homosexuelle. Car selon lui, le mariage homosexuel « créerait un traumatisme et une déstabilisation sociale forte ».
L’image du grand barbu en soutane, en grosse pèlerine et godillots forge vite son statut de « héros légendaire », de « juste ». Il a une très grande popularité en France, les enquêtes d’opinion qui la mesurent le placent souvent en tête, notamment celle annuelle du Journal du Dimanche. Il a demandé à être retiré de la liste des nominés. « C’est à la fois une arme et une croix », avoue-t-il.
Encore dans les dernières années de sa vie, malgré la maladie et l’âge, il est descendu dans la rue pour soutenir la cause des pauvres. Il a donné sa crédibilité et soutenu l’association Droit au Logement (DAL), qui dans les années 1990, ne cesse de bousculer les autorités en place, quelle que soit leur couleur politique, en réquisitionnant des logements laissés vides par leur propriétaire.
Convoqué à Boulogne au siège de la LICRA en 1998, il a préféré en perdre le titre de président d’Honneur pour rester l’ami de l’auteur controversé Roger Garaudy sans pour autant approuver toutes les prises de position de celui-ci.
Le 1er février 2004, 50 ans après son premier appel, l’Abbé Pierre a lancé un nouvel appel à la solidarité, depuis l’esplanade du Trocadéro à Paris, devant 6 000 personnes pour pallier l’incurie.
Il nous quitte lundi 22 janvier 2007 à 5h25 à l’hopital Val-de-Grace (Paris) à l’âge de 94 ans des suites d’une infection pulmonaire déclarée dimanche 14 janvier 2007.
http://lavoiedelasagesse.wordpress.com/labbe-pierre-1912-2007/
22 novembre 2014
18 novembre 2014
Apport du bouddhisme à une théorie et à une pratique de libération
Contribution
bouddhiste au concept de libération
Vén. Dr.
Wilegola Ariyadeva1
La genèse et
l'histoire du bouddhisme sont nécessaires pour éclairer la contribution
que ce dernier
peut apporter à une théorie de la libération. Le Bouddha se réfère
aux sociétés
pré-classistes pour critiquer la société de castes imposée par le
brahmanisme. Pour
lui, les injustices sociales sont le résultat d'une série de causes
dépendantes : la
pauvreté provient de causes économiques et engendre le vol et la
violence. La base
de tous les désordres est le désir de la possession. Il y atoujours
une influence
mutuelle entre la conscience et les désordres sociaux. Quant à
l'origine de
l'État, elle se trouve dans un contrat social entre le peuple et son
dirigeant, le roi
devant être le serviteur de la communauté. Celui-ci peut être démis
s'il ne respecte
pas le contrat. C'esUadhamma (loi universelle) qui doit être à la
base de l'ordre
social et elle s'exprime dans les 5 principes (pancasild). Sans son
respect le
bonheur ne peut être atteint. La non-violence n'est pas radicale dans le
bouddhisme, même
si ce dernier la privilégie comme méthode d'action. Le
renversement d'un
régime autocrate par le peuple peut entraîner une violence,
envisagée comme
un moindre mal. Enfin, la conception bouddhiste de l'économie
envisage cette
dernière comme destinée à satisfaire les besoins humains, sans
laisser le désir
de possession et l'appât du gain dominer sa logique.
Pour
comprendre l'apport du bouddhisme à une théorie et à une
pratique
de libération, il faut replacer sa genèse dans l'histoire. Le
Bouddha
est né dans une société clanique, dominée par le brahmanisme
et qui
avait été hiérarchisée en castes, au départ divers clans. Son
origine
était le clan Sakya, qui à l'origine était une société sans classes.
Dans le
système des castes, ce clan avait été intégré dans la caste des
kastryas,
exerçant, entre autres, les fonctions politiques. Le Boudhha se
référa
souvent dans son enseignement aux sociétés claniques,
notamment
à leur caractère non-hiérarchique et démocratique. Ce fut
le cas
lors de la constitution de la s a n g h a (communauté monastique).
Debiprasad
Chattopadhyaya affirme que le bouddhisme fut à ce point
influencé
par les sociétés pré-classistes, qu'au moins dans sa phase
initiale,
il fut à la fois dans son organisation et dans son idéologie,
1. De nationalité sri-lankaise, Dr. en philosophie
et professeur de pali et d'études
bouddhistes à l'Université de Ruhuna (Sri Lanka).
remarquablement
éloigné des caractéristiques d'une société de classes
[Debiprasad
Chattopadhyaya, 1985, 15].
Les
concepts fondamentaux du brahmanisme relatifs à
l'organisation
de la société furent radicalement transformés par le
Bouddha.
Selon W.S. Karunaratne, le Bouddha condamna l'ordre
social
et politique brahmanique, comme injuste, inéquitable et
corrompu.
Dans l'ordre social indien, les brahmanes avaient attribué
au
Dieu créateur Brahma, l'origine des distinctions entre les diverses
classes
et castes de la société. ..Ils se proclamaient supérieurs en savoir
dans
toutes les questions intellectuelles et religieuses... Le Bouddha
s'inscrivit
en faux contre ce type de société qui se condamnait elle-même
au
déclin et à la dégradation. Son renoncement à fonder une
famille
et l'adoption d'un rôle de réformateur, symbolisent de manière
éloquente
sa révolte contre l'irrationalité et la cruauté de la vie
sociale
[W.S. Karunaratne, 1993, 49]. Plusieurs sutras ou
suttas
(passage
des écritures, que nous citerons selon les canons établis dans
les
textes en langue pali), indiquent le rejet par le Bouddha de l'ordre
social
existant et son désir d'annoncer par sa prédication, la naissance
et
l'essor d'une nouvelle société.
I.
L'analyse bouddhiste des injustices sociales
La
philosophie sociale du bouddhisme est basée sur le concept du
paticcasamuppada
(l'origine dépendante) ou causalité. Les structures
sociales
et politiques de la société conditionnent les comportements
sociaux
des gens. Le Bouddha explique comment les désordres sociaux
naissent
dans les sociétés humaines. La pauvreté s'est accrue, suite au
manque
de production de biens économiques parmi les pauvres.
L'augmentation
de la pauvreté provoqua l'accroissement des vols et
des
pillages. Ces derniers débouchèrent sur la multiplication des
armes,
qui à leur tour firent couler le sang et furent à l'origine des
tueries
et des massacres. C'est ainsi que le Bouddha indique la longue
chaîne
de causalités qui est à l'origine de la misère et des conflits dans
la
vie sociale [D.III.58 ffj. Dans bien des sutras, le
Bouddha explique
aussi
comment les structures politico-économiques (samvidhanam)
doivent
être organisées pour satisfaire aux besoins de la société.
Le
Bouddha souligne l'interdépendance entre l'esprit et la matière.
Il
affirme que les structures politiques et sociales exercent des effets sur
la
conscience individuelle et sociale et que cette dernière influence à
Contribution
bouddhiste au concept de libération 217
son
tour les crises sociales. Dans la sutta Mahamdana, le Bouddha
explique
au vénérable (moine) Ananda, l'origine des désordres et des
injustices
sociales, selon la théorie de l'origine dépendante. Ainsi,
Ananda,
le désir prend naissance dans la sensation et la poursuite de
l'objet
provient du désir. Elle même débouche sur l'appât du gain et
ce
dernier provoque la décision d'agir, qui à son tour engendre le
désir
et la passion. Désir et passion sont à l'origine de l'obstination et
celle-ci
conduit à la volonté de possession, qui est la source de
l'avarice
et de nombreux autres maux, tels que coups et blessures,
conflits,
oppositions et vengeances, querelles, disputes et mensonges
[D.III.58
ff).
Le
Bouddha expliqua ensuite que les bâtons, les armes, les
querelles,
les oppositions, les disputes, les altercations, les rumeurs, les
mensonges
et d'autres maux ont pour seule origine, seule genèse, seule
base et
seul support, la défense de la propriété. Dans cette s u t t a , le
Bouddha
explique clairement les méfaits de l'instinct d'acquérir. Selon
cette
pensée, lepaticcasamupadda (le désir de possession, de propriété)
est à
la base, non seulement de la souffrance spirituelle, mais aussi des
déséquilibres
sociaux. Le bouddhisme enseigne aussi que les conditions
spirituelles
et sociales s'influencent mutuellement.
II. La
théorie bouddhiste de l'origine de l'État
Le
concept bouddhiste de l'État repose sur la théorie du contrat
social.
La sutta Agganna explique la genèse et la croissance de l'État.
L'évolution
de la société provient du fait que le rapport entre l'État, son
chef
responsable et le peuple sont de nature contractuelle. Bany Prasad
rappelle
que dans le bouddhisme, il n'y a rien de divin dans la
constitution
de l'État et que ce sont la raison et les convenances qui
déterminent
la fonction de l'État [B. Prasad, 1927, 141].
Selon
le brahmanisme, l'origine et la structure de la société sont
d'origine
divine et le roi n'avait de pouvoir que dans la mesure où il
se
soumettait au dharma, c 'est à dire la loi (celle des castes), qui était
elle-même
une émanation de Brahma. D'où la théorie du pouvoir divin
des
rois [O.H. Vijesekara, 1960, 3]. Dans ce
domaine, le bouddhisme
non
seulement prenait ses distances vis à vis de la théorie de l'origine
divine
du pouvoir, mais il rejetait aussi le fatalisme
(pubbekatahetuvada)
impliqué dans l'idée que le pouvoir et l'État sont
le
fruit du hasard, sans aucun lien avec des causes préalables
{ahetuappaccavadd).
Dans la
sutta Agganna , le Bouddha explique l'origine de l'État par
le rôle
de l'économie. Ainsi le moine K. Ariyaseka Thero, décline les
deux
facteurs qui ont donné naissance à la parenté : d'une part, la
pensée
humaine ou ce que nous appellerions aujourd'hui la psychologie
et de
l'autre, les moyens de subsistance ou l'économie. Il indique
ensuite
quelles furent les étapes de l'évolution de la société humaine et
comment
les êtres humains sont passés du stage de collecte des
aliments
à celui de leur production par l'agriculture. Ils s'organisèrent
alors
en familles et délimitèrent leurs champs de culture respectifs, ces
derniers
ayant été auparavant des propriétés collectives. C'est ainsi que
naquirent
la propriété privée et la famille, donnant naissance à une
tendance
à accumuler individuellement (sammidhikaraka) des produits
agricoles.
Un pas de plus fut franchit, lorsque qu'une personne, en plus
de sa
part individuelle, s'empara de celle d'une autre. À partir de ce
moment,
le vol, les accusations, les mensonges, le recours à la force,
devinrent
monnaie courante dans les relations sociales [K. Ariyaseka
Thero,
1987, 102].
Cette
explication de l'origine de l'État, montre que la théorie du
contrat
social s'appuie sur l'éthique ou sur la vertu et le consentement
moral
des membres de la société. Selon le bouddhisme, la société
primitive
était gouvernée par l'éthique et la vertu. Chaque personne
participait
à la solution des problèmes. Dans les assemblées, il n'y avait
ni
supérieur, ni chef suprême. Chacun jouissait du droit à la vie et
comme
ces sociétés dépendaient des ressources naturelles, chacun avait
de quoi
manger. Il n'y avait ni compétition, ni différence de statut
social.
Tant
que les êtres humains vivaient une vie naturelle et
consommaient
les produits de la nature, considérée comme propriété
commune,
ils étaient heureux et leur vie commune était régie par la
moralité
et la vertu. Mais, avec le temps, lorsqu'ils furent dominés par
la
passion et le désir, les problèmes économiques et sociaux apparurent.
Bref,
désir et passion conduisent à la crise économique et sociale. La
sutta
Agganna explique comment les désirs engendrèrent
les problèmes
sociaux.
C'est un des facteurs qui conduisit à la naissance de l'État. La
disposition
au désir encourage les êtres humains à posséder et à
accroître
la propriété privée au-delà de ce qui est nécessaire pour
gagner
sa vie. Dans la sutta Mahadinana [D.II.59], le Bouddha
Contribution
bouddhiste au concept de libération 219
explique
l'origine de l'État, fruit des déséquilibres sociaux, de la façon
suivante.
L'État
est né de l'opinion unanime de l'ensemble du peuple [sutta
Agganna]
pour assurer l'application de la dhamma (loi
universelle). Le
roi est
appelé «le grand élu», parce qu'il est élu par tout le peuple
(mahajanena
samatto Mahasamotto). La souveraineté du peuple est
déléguée
à l'élu. Le roi utilise cette souveraineté au nom du peuple,
sous
l'égide de la dhamma (loi). C'est pour cela que Wilegola
Ariyadeva
écrit dans la Catusataka (chronique), que le roi était le
serviteur
de la communauté (gana-dasd) [H.P. Sastri, 1914, 68].
III. Le
pouvoir politique
Selon
le bouddhisme, l'État a été créé par le peuple pour le peuple.
Le
pouvoir de ce dernier a été transféré vers une personne capable de
maintenir
la loi et l'ordre. A.L. Basham écrit à ce propos : Le «grand
élu»
a été choisi par une grande assemblée du peuple à partir du
moment
où la propriété privée et la famille n'étaient plus respectées.
Il
fut élu pour assurer la loi et l'ordre et dépendait pour sa subsistance
d'une
part des récoltes et des troupeaux, en retour de ses services
[A.L.
Basham, 1956,16].
S.R.
Goyal fait remarquer que : Dans la théorie bouddhiste, le rôle
du
roi est confiné au maintien de l'ordre public pour le peuple qu i lui
a
confié cette tâche..., ce qui justifie l'office royal au service de la
propriété
et de la sécurité publique. De plus, cela renforce l'idée que
l'origine
de la royauté est le résultat d'un contrat bilatéral qui
imposait
au détenteur du pouvoir de punir les contrevenants, en retour
du
paiement d'un tribut [S.R. Goyal, 1987, 303].
K.N.
Jayatilleke affirme que, selon la théorie du contrat social, la
souveraineté,
dans le sens du pouvoir législatif suprême, appartient à
l'ensemble
du peuple [K.N. Jayatilleke, s.d.83]. Il faut cependant être
prudent
dans l'interprétation de ce concept. V.P. Varma remarque, en
effet,
que la théorie du «grand élu», ne peut être considérée comme la
formulation
pure et simple de la théorie consuelle de l'autorité
politique.
Cependant, on peut affirmer qu'elle y est incohativement
présente
[V.P. Varma, 1978, 195].
Selon
le bouddhisme, quand le roi faillit à sa tâche et ne remplit pas
le
contrat, le peuple a le droit de le remplacer. Wessatara Jataka
rappelle
que lorsque le peuple demanda au roi de bannir son fils du
royaume,
à cause de sa félonie, celui-ci agréa et déclara «que la
volonté
du peuple s'accomplisse» [JK. VI., 490]. La sutta
Cakkavatti
Sinhanada
suggère, pour sa part, que l'autorité politique ne
se transmet
pas par
héritage, ce qui indique que l'autorité politique est fondée sur
le
peuple et sur la loi universelle. Le royaume dépend de la conduite du
roi.
Une dictature arbitraire n'est pas admissible dans le cadre d'une
philosophie
bouddhiste.
IV. La dhamma
comme loi universelle de Tordre social
Dans la
philosophie politique bouddhiste, le concept de dhamma est
un des
plus importants. Il signifie la loi universelle. La sangha
(communauté
monastique) est régie sans aucun leadership suprême par
la dhamma.
Le Bouddha refusa de désigner un successeur, quand il
renonça
à se reconnaître les prérogatives d'un leader. Dans la sangha,
le
Bouddha représente la dhamma. «Celui qui voit la dhamma me voit
et
celui qui me voit, voit la dhamma» [S.III., 120]. Cela signifie que le
Bouddha
s'assimile à la dhamma.
Dans la
sutta Agganna, le concept de dhamma se réfère à la théorie
sociale
et politique. Il s'agit de l'application de l'éthique universelle à
l'administration
de l'État, alors que le concept brahmanique de dharma
se
référait à l'ordre social construit sur les quatre castes fondamentales
(yarnasrama
dhamma). Le respect de cet ordre établi par la
volonté
divine
débouche sur la crainte de le violer et d'encourir les sanctions
qui
s'en suivent. Les réincarnations successives obéissent à cet ordre,
plaçant
les brahmanes au sommet d'une pyramide' sociale et
ontologique.
Au
contraire, dans le bouddhisme, le dhamma s'exprime dans le
Pancasila
(les cinq principes): s'abstenir de tuer des êtres
vivants, de
voler,
de mentir, de se méconduire dans les plaisirs, et de s'adonner à
la
boisson. Dans une société où ces préceptes ne sont pas respectés,
selon
L.M. Joshi, une vie paisible n'est pas possible. Il n'y a pas de
paix
et sans paix, le bonheur ne peut être atteint. En l'absence de
bonté,
de paix et de bonheur, les chances de réalisation du nirvana,
sont
nulles [L.M. Joshi, 1972, 64]. Voilà pourquoi
la libération
personnelle,
comme la libération sociale, ont pour base le Pancasila.
Le
bouddhisme qui unit l'attitude personnelle avec le comportement
social,
a donc accompli une transformation révolutionnaire du concept
de dhamma
dans la philosophie politique. Cela a influencé les
politiques
de plusieurs sociétés à travers le monde, dans le passé et dans
le
présent.
Il faut
aussi rappeler que le bouddhisme attache une grande
importance
à la discipline morale et mentale. Ceux qui dirigent la
société
(les politiciens), doivent lutter contre le désir (lobha) et
l'illusion
{moha) et travailler pour la société, non en fonction de gains
matériels,
d'intérêts égoïstes ou par soif du pouvoir ou le désir de
réputation,
mais en se consacrant à la libération sociale, par
compassion
sincère et par amour pour les gens. C'est pour cela que
certains
ont dit que le bouddhisme est une philosophie sociale éthicoreligieuse
et
qu'en tant que telle, elle doit s'harmoniseravec un système de
gouvernement [D.C. Vijayawardhana, 1953, 554].
V. La
non-violence
Dans le
bouddhisme, la non-violence n'est pas poussée à un degré
d'impraticabilité,
comme dans le jaïnisme. Le Jataka Pali affirme que
lorsque
le roi ne remplit pas le contrat social, opprime le peuple et suit
la voie
de la tyrannie, alors le peuple a le droit de le renverser. K.N.
Jayatilleke
écrit à ce propos, que le seul endroit dans les textes
bouddhistes
où la violence semble envisagée comme un mal nécessaire,
c'est
pour le renversement d'un régime corrompu. Cependant, il ne fait
pas de
doute que la résistance non-violente ne soit considérée comme
supérieure
à l'usage de la violence, même pour renverser un
gouvernement
tyrannique [K.N. Jayatilleke, 1975, 83-84]. Bien que le
bouddhisme
favorise la non-violence, par respect pour les autres et pour
protéger
la dhamma, il admet des situations limites. Le Bouddha lui-même
donna
un exemple dans la sutta Abhayaraja Kumara : Quand un
enfant
a un objet bloqué dans la gorge, demanda le Bouddha, que faut-il
faire?
«Il faut l'enlever, répondit le prince, même s'il faut verser du
sang».
De la même manière, fut la réponse, le Bouddha affirme des
vérités
dures à entendre, quand c'est nécessaire et utile [M.I.,
391 ffj.
Il en
est de même en matière sociale. Quand un groupe use
uniquement
la force physique et ne peut être contrôlé, le bouddhisme
propose
l'établissement d'une contre-force. Cela ne veut pas dire qu'il
prône
la violence. Nandasena Ratnapala a fait remarquer que la
pratique
bouddhiste est d'examiner ses propres motivations dans
l'exercice
d'une action violente. Si elle doit être accomplie, un
minimum
de dommages physiques doit être la règle. Ce ne peut être en
fonction
de motifs égoïstes, mais dans le but de servir les autres et de
les
préserver de conséquences encore pires [Nandasena Ratnapala,
1993,91].
VI. Le
concept bouddhiste d'économie
Selon
l'enseignement de la Paticcasamuppada, un des principaux
facteurs
affectant le comportement des gens est la situation économique
de la
société. Le terme pali attha (en sanscrit artha) peut être
utilisé à
la fois
dans un sens spirituel et matériel. Par ailleurs, la politique et
l'économie
sont inséparables. C'est ce qu'en langage moderne on
pourrait
appeler l'économie politique. S.J. Tambiah affirme que le
terme arthasastra,
comme le Bouddha l'utilise, peut être traduit par la
gestion
de l'économie politique [S.J. Tambiah, 1976, 28].
La
philosophie de l'économie bouddhiste ne peut être séparée de
l'enseignement
concernant la droiture de la vie (samma-ajiva). Ainsi,
au
sixième siècle avant Jésus-Christ, le bouddhisme conseillait aux
laïcs
d'éviter de s'engager dans les cinq professions suivantes :
commerce
des armes, commerce des esclaves, commerce de la viande,
commerce
des intoxiquants, commerce du poison [A.III, 208].
Selon
le bouddhisme, les besoins humains peuvent être satisfaits et
il
encourage chacun à le faire. Consommez autant que vous en avez
besoin
[D.III.62,63]. Personne ne peut manger au-delà de la
capacité
de son
estomac. Personne ne peut porter un excès de vêtements.
Personne
ne peut dormir dans plusieurs lits à la fois et personne ne peut
vivre
en même temps dans plusieurs logements. Le bouddhisme
n'admet
donc pas que les besoins humains soient illimités. Cependant,
pour
lui, la pauvreté est une disgrâce dans la vie. La prospérité
économique
est une condition nécessaire pour l'établissement de la
justice
sociale et pour la vie vertueuse du peuple. Le bouddhisme
affirme
aussi que la manière de gagner de l'argent doit être vertueuse.
L'exploitation
du travail est considérée comme une injustice
(adkhammiko).
Le Bouddha affirme que les biens doivent être acquis
par la
force des bras et la sueur du front [A.III, 67; III, 45 f], donc par
un
effort personnel.
Conclusion
L'idée
du bouddhisme est que la libération doit atteindre
simultanément
l'individu et la société [voir Nalin Swaris, 1999]. C'est
seulement
à cette condition qu'une révolution peut être réelle.. Il est
certain
que le Bouddha n'a pas été un révolutionnaire au sens
contemporain
du mot, mais son insistance à affirmer qu'il ne peut y
avoir
de castes ou de supériorité d'un être humain sur un autre, que
tous
sont égaux, injectait un ferment révolutionnaire sans la société de
son
temps. En rejetant tout privilège basé sur la naissance,
l'occupation,
le statut social, il effaçait d'un trait toutes les barrières et
obstacles
nés de normes arbitraires, y compris celles de l'impureté
traduites
socialement. En créant la sangha, sur un modèle démocratique
et de
partage d'une vie de simplicité, il établissait le symbole vivant de
valeurs
à promouvoir dans la société. Voilà pourquoi les principes du
bouddhisme
peuvent aujourd'hui inspirer la transformation des sociétés
contemporaines
embarquées dans une course à une croissance censée
illimitée,
dans une économie du profit (du désir) et non des besoins,
dans
une inégalité sociale grandissante, dans la destruction de la nature
et
l'exploitation du travail.
Traduction
et adaptation de l'anglais : François Houtart
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CENTRE
TRICONTINENTAL
Théologies de la libération
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L'Harmattan, 2000
ISBN
: 2-7384-9435-8
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