[5 août 1912: naissance de celui qui allait devenir l'abbé Pierre]
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J'avais 18 ans, à la maison déjà fada des nouvelles, j'écoutais Radio Luxembourg.
Nous étions en 1954, l'hiver était glacé à Paris, une femme y avait laissé sa vie dans la rue. Brusquement le journaliste de service laissa entendre une voix ferme et décidée, une voix où je découvris pour la première fois sans doute LA SAINTE COLERE DE DIEU quand les hommes politiques ou non laissent s'accomplir l'abomination sociale condamnée par le Christ dans son évocation du jugement dernier: le refus de partager avec son frère avec sa soeur un brin de chaleur, un toit en hiver, qui avait tué cette femme et qui depuis lors en a tué des centaines d'autres.
J'appris ainsi en écoutant ces mots qui en un instant allaient réveiller l'égoïsme des Parisiens l'existence de ce frère capucin, prêtre, résistant et député qui nous dévoilait une toute image de cette compassion pas toujours efficace qu'on appelait la Charité.
Ce fut à peu près à la même époque que je suivis sur la même radio une émission de Zappy Max. "Quitte ou double" où ce même abbé Pierre répondit avec brio à toutes les questions jusqu'au maximum possible pour venir plus efficacement en aide à ces familles ou individus en perdition dans une société déjà vermoulue par l'égoïsme collectif.
Par la suite j'ai suivi avec sympathie et admiration la grande aventure des chiffonniers d'EMMAÜS. En regroupant en compagnonnage les laissés pour compte de la société, en leur donnant l'occasion de prendre leur vie en main par le travail et la solidarité l'abbé Pierre fit sauter les verrous un peu vermoulus des institutions catholiques en s'adressant à tous les hommes de bonne volonté, de toute foi, de toute culture, avec ou sans instruction.
Lui le prêtre à la foi ardente et brûlante se trouva vite devant une organisation laïque et humaniste. Entre 1954 et 1985 son oeuvre se développa dans une certaine discrétion mais une continuité qui sauva des milliers de compagnons de sombrer dans la misère.
Pourtant en 1985, je crois, la sainte colère de Dieu le reprit devant de nouveaux morts du froid, victimes d'une société qui de plus en plus n'avait plus comme unique boussole que le profit et l'accumulation de l'argent au profit d'un petit nombre. Cette fois encore l'abbé Pierre ne fut pas tendre pour les politiques plus soucieux par exemple de la propreté des gares et du métro que de la vie des SDF.
A nouveau les médias donnèrent la parole au fondateur d'Emmaüs mais cette fois d'autres voix, d'autres mouvements comme Coluche et ses restos du coeur, ATD Quart Monde, divers regroupement de sans papiers avec Mgr Gaillot, chacun avec ses spécificités et ses charismes reprirent le même combat pour une société sans exclus.
Depuis longtemps l'abbé Pierre, qui avait refusé la Légion d'honneur, était en tête du hit-parade des français les plus aimés. Même un mauvais procès qui lui fut intenté à propos de son amitié pour le philosophe Roger Garaudy (j'en reparlerai autre jour car en ce jour aucune polémique n'est acceptable) ne lui ravit cette première place. Ce fut lui-même qui demanda aux medias de ne plus figurer au palmarès de ce sondage annuel.
Si l'oeuvre de cet homme au coeur grand comme la terre fut tout sauf sectaire et clérical, l'homme en revanche tout au long de son existence fut un passionné de Jésus et de sa bonne nouvelle. Il n'a jamais caché que cette fois au Christ mort et ressuscité était le moteur essentiel de son action. Quelques voix heureusement rares ont tenté de l'annexer, à leur parti, ce matin dans la perspective des élections présidentielles. Quelle honte.
Comme l'a dit Mgr Gaillot il n'était d'aucun parti, il dépassait même l'Eglise dont il se réclamait, il appartenait d'abord et avant tout à l'humanité toute entière souffrante, martyrisée, solidaire. A mes yeux cet homme était le plus grand, le premier non de France seulement mais peut-être de la terre vue c'est vrai à travers ma lorgnette d'occidental.
Hier et aujourd'hui les radios et télévisions nous ont donné l'occasion d'écouter l'abbé Pierre tout au long de sa vie et de son combat pour les SDF. Hier et aujourd'hui les radios et télévisions nous ont fait entendre l'abbé Pierre tout au long de sa vie depuis son SOS de 1954 (il y avait environ 2000 sans papiers ) jusqu'à aujourd'hui (près de 100 000 sans abri).
Le moins qu'on puisse dire est qu'il ne mâchait pas ses mots pour défendre ses frères de la rue. Je l'ai entendu traiter de salaud ceux qui ferment leur coeur à la misère [...]
L'action des "compagnons de Don Quichotte" me semble aujourd'hui en continuité avec celle de l'abbé.
Aujourd'hui beaucoup d'hommes politiques, pardon de politiciens versent des larmes de crocodile en parlant de l'abbé Pierre, ils oublient qui leur refus de financer des logements sociaux, qui d'offrir assez d'abris dignes pour les nuits d'hiver, qui la violence de certaines expulsions d'étrangers innocents.S'il fallait parler de racaille et de nécessité de nettoyer notre société au karcher, nul doute que le seul hommage à rendre à l'abbé Pierre est de construire des logements pour les démunis, de traiter avec respect les étrangers réfugiés chez nous, plus de beaux mots, plus non plus de belles promesses électorales mais des actes si rarement accordés du vivant du saint abbé.
Yvan Balchoy
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J'avais 18 ans, à la maison déjà fada des nouvelles, j'écoutais Radio Luxembourg.
Nous étions en 1954, l'hiver était glacé à Paris, une femme y avait laissé sa vie dans la rue. Brusquement le journaliste de service laissa entendre une voix ferme et décidée, une voix où je découvris pour la première fois sans doute LA SAINTE COLERE DE DIEU quand les hommes politiques ou non laissent s'accomplir l'abomination sociale condamnée par le Christ dans son évocation du jugement dernier: le refus de partager avec son frère avec sa soeur un brin de chaleur, un toit en hiver, qui avait tué cette femme et qui depuis lors en a tué des centaines d'autres.
J'appris ainsi en écoutant ces mots qui en un instant allaient réveiller l'égoïsme des Parisiens l'existence de ce frère capucin, prêtre, résistant et député qui nous dévoilait une toute image de cette compassion pas toujours efficace qu'on appelait la Charité.
Ce fut à peu près à la même époque que je suivis sur la même radio une émission de Zappy Max. "Quitte ou double" où ce même abbé Pierre répondit avec brio à toutes les questions jusqu'au maximum possible pour venir plus efficacement en aide à ces familles ou individus en perdition dans une société déjà vermoulue par l'égoïsme collectif.
Par la suite j'ai suivi avec sympathie et admiration la grande aventure des chiffonniers d'EMMAÜS. En regroupant en compagnonnage les laissés pour compte de la société, en leur donnant l'occasion de prendre leur vie en main par le travail et la solidarité l'abbé Pierre fit sauter les verrous un peu vermoulus des institutions catholiques en s'adressant à tous les hommes de bonne volonté, de toute foi, de toute culture, avec ou sans instruction.
Lui le prêtre à la foi ardente et brûlante se trouva vite devant une organisation laïque et humaniste. Entre 1954 et 1985 son oeuvre se développa dans une certaine discrétion mais une continuité qui sauva des milliers de compagnons de sombrer dans la misère.
Pourtant en 1985, je crois, la sainte colère de Dieu le reprit devant de nouveaux morts du froid, victimes d'une société qui de plus en plus n'avait plus comme unique boussole que le profit et l'accumulation de l'argent au profit d'un petit nombre. Cette fois encore l'abbé Pierre ne fut pas tendre pour les politiques plus soucieux par exemple de la propreté des gares et du métro que de la vie des SDF.
A nouveau les médias donnèrent la parole au fondateur d'Emmaüs mais cette fois d'autres voix, d'autres mouvements comme Coluche et ses restos du coeur, ATD Quart Monde, divers regroupement de sans papiers avec Mgr Gaillot, chacun avec ses spécificités et ses charismes reprirent le même combat pour une société sans exclus.
Depuis longtemps l'abbé Pierre, qui avait refusé la Légion d'honneur, était en tête du hit-parade des français les plus aimés. Même un mauvais procès qui lui fut intenté à propos de son amitié pour le philosophe Roger Garaudy (j'en reparlerai autre jour car en ce jour aucune polémique n'est acceptable) ne lui ravit cette première place. Ce fut lui-même qui demanda aux medias de ne plus figurer au palmarès de ce sondage annuel.
Si l'oeuvre de cet homme au coeur grand comme la terre fut tout sauf sectaire et clérical, l'homme en revanche tout au long de son existence fut un passionné de Jésus et de sa bonne nouvelle. Il n'a jamais caché que cette fois au Christ mort et ressuscité était le moteur essentiel de son action. Quelques voix heureusement rares ont tenté de l'annexer, à leur parti, ce matin dans la perspective des élections présidentielles. Quelle honte.
Comme l'a dit Mgr Gaillot il n'était d'aucun parti, il dépassait même l'Eglise dont il se réclamait, il appartenait d'abord et avant tout à l'humanité toute entière souffrante, martyrisée, solidaire. A mes yeux cet homme était le plus grand, le premier non de France seulement mais peut-être de la terre vue c'est vrai à travers ma lorgnette d'occidental.
Hier et aujourd'hui les radios et télévisions nous ont donné l'occasion d'écouter l'abbé Pierre tout au long de sa vie et de son combat pour les SDF. Hier et aujourd'hui les radios et télévisions nous ont fait entendre l'abbé Pierre tout au long de sa vie depuis son SOS de 1954 (il y avait environ 2000 sans papiers ) jusqu'à aujourd'hui (près de 100 000 sans abri).
Le moins qu'on puisse dire est qu'il ne mâchait pas ses mots pour défendre ses frères de la rue. Je l'ai entendu traiter de salaud ceux qui ferment leur coeur à la misère [...]
L'action des "compagnons de Don Quichotte" me semble aujourd'hui en continuité avec celle de l'abbé.
Aujourd'hui beaucoup d'hommes politiques, pardon de politiciens versent des larmes de crocodile en parlant de l'abbé Pierre, ils oublient qui leur refus de financer des logements sociaux, qui d'offrir assez d'abris dignes pour les nuits d'hiver, qui la violence de certaines expulsions d'étrangers innocents.S'il fallait parler de racaille et de nécessité de nettoyer notre société au karcher, nul doute que le seul hommage à rendre à l'abbé Pierre est de construire des logements pour les démunis, de traiter avec respect les étrangers réfugiés chez nous, plus de beaux mots, plus non plus de belles promesses électorales mais des actes si rarement accordés du vivant du saint abbé.
Yvan Balchoy