07 décembre 2017

La mémoire violée ?

[Après la lettre de Jean Ziegler , en défense de Roger Garaudy dans "l'affaire des Mythes" nous publions aujourd'hui l'article - sommaire et pauvre en argumentation - de l' Humanité qui avait été publié deux mois auparavant. L'auteur n'a vraisemblablement fait que survoler le livre incriminé, ce qui se remarque notamment à la partie où il évoque l'holocauste dans un sens qui n'est pas du tout celui de Garaudy.
Nous publierons dans les jours qui viennent plusieurs textes ou articles qui firent dates à l'époque de la parution puis du procès des "Mythes fondateurs de la politique israélienne". ]

Révisionnisme
La mémoire violée

Si la loi Gayssot (qui sanctionne les propos racistes,
antisémites et révisionnistes) avait encore besoin
de démontrer son utilité, un récent écrit de Roger
Garaudy, dont fait état « le Canard enchaîné » et qui est
diffusé sous le manteau par l'obscure revue « la Vieille
Taupe » en apporte une terrible justification. L'auteur s'en
prend d'ailleurs à « la monstruosité de la loi Gayssot ».
Cette loi, qui porte le nom du député communiste, oblige
« la Vieille Taupe » à demeurer dans l'ombre.
Garaudy parle de « mythe du procès de Nuremberg »
allant jusqu'à soutenir : « Ce n'est pas un tribunal
international puisqu'il n'est constitué que par les
vainqueurs » ( !) Eût-il fallu y adjoindre quelques juges
nazis ?
L'auteur ose parler de « mythe de l'Holocauste ». Il
reprend les thèses des révisionnistes qui nient jusqu'à
l'existence des chambres à gaz. Parie de répression à
propos de Faurisson, dont la thèse universitaire visait à
tenir pour affabulations les exterminations nazies. Ecrit à
propos du film témoignage de Claude Lanzmann :
« Shoah-business ». Accuse de faux le témoignage d'Elie
Wiesel, survivant d'Auschwitz, sur les corps d'enfants
jetés et brûlés dans les fosses.
Dans « l'Humanité », Elie Wiesel déclarait il y a tout juste
un an : « Jamais dans l'histoire, il y a eu ce besoin
irrésistible de se souvenir, de tirer les leçons. (...) La seule
vengeance, la seule rétribution, c'est la mémoire. » C'est
cette mémoire-là que les révisionnistes voudraient tuer.
Mais combien est-il douloureux d'avoir à dire d'un
homme, dont l'humanisme a marqué une époque et qui
sut faire preuve de courage, qu'il participe aujourd'hui à
une insupportable entreprise. Avec ceux qui veulent
violer la mémoire.  

Jean-Paul Piérot

L’Humanité du 26-01-1996