Nous poursuivons la publication de documents à propos de l'affaire des Mythes fondateurs de la politique israélienne.
Ce livre
est le troisième d'une trilogie consacrée à la maladie mortelle de notre siècle
: l'intégrisme, chez les dirigeants des trois religions révélées : le
christianisme, l'islam et le judaïsme.
Cet
intégrisme consiste, par une lecture littérale et sélective d'une parole
révélée, à faire de la religion l'instrument d'une politique en la sacralisant.
Cet
intégrisme, je l'ai combattu chez les chrétiens dans Vers une guerre de religion au risque de déplaire à ceux qui n'aimaient pas que je dise : Le Christ de Paul n 'est pas Jésus (Ed. Desclée de Brouwer. 1995).
Je l'ai
combattu chez les musulmans dans Grandeur et décadence de l'Islam (Ed.
Le Temps des cerises) au risque de déplaire à ceux qui n'aimaient pas que je
dise " l'islamisme est une maladie de l'Islam".
Je le
combats aujourd'hui chez les juifs dans Les Mythes fondateurs de la politique israélienne, au risque de m'attirer les foudres des
israélo-sionistes, qui déjà n'aimaient pas que le rabbin Hirsh leur rapelle,
comme l'ont fait tous les rabbins du monde avant l'hérésie nationaliste de
Herzl : « Le sionisme veut définir le peuple juif comme une entité
nationale. C'est une hérésie. »
La
différence fondamentale entre les deux premiers cas et le troisième, c'est que
les uns ont donné lieu à des discussions, le plus souvent courtoises,
aboutissant à un enrichissement réciproque des thèses en présence.
Déjà
lorsque, dans le journal "Le Monde" du 17 juin 1982, avec le père Lelong
et le pasteur Matthiot nous avons analysé les causes profondes, inhérentes aux
principes mêmes du sionisme politique, de l'invasion du Liban et des massacres
qui y furent perpétrés, la " L.I.C.R.A." (Ligue internationale contre
le racisme et l'antisémitisme)
nous intenta un procès pur "antisémitisme" reposant sur ce postulat :
"toute critique de la politique israélienne est assimilable à
l'antisémitisme et à la discrimination raciale".
En
France, on peut critiquer la politique de dirigeants de l'Eglise catholique (des
chrétiens fervents le font souvent), sans pour autant être accusés d'insulter
Jésus.
On peut
critiquer les pratiques de certains pays islamiques (et certains musulmans dont
je suis, ne s'en privent pas) sans s'exposer à une amende ou à la prison pour
blasphème (comme d'autres l'ont fait pour condamner Rushdie).
Par
contre, la moindre critique contre la politique israélienne est interprétée,
par les représentants officiels ou officieux de l'Etat d'Israël , comme un
reniement de la foi de nos prophètes (car ils nous sont communs, d'Abraham
à Daniel) et comme la manifestation d'un racisme, assimilé aussitôt à celui de
Hitler.
A trois
reprises, dans les procès qu'elle nous intenta, la L.I.C.R.A. fut déboutée et
condamnée aux dépens.
Le
tribunal de grande instance de Paris, par jugement du 24 mars 1983, "considérant
qu'il s'agit de la critique licite de la politique d'un Etat et de l'idéologie
qui l'inspire, et non de provocation raciale... déboute la L.I.C.R.A.
de toutes ses demandes et la condamne aux dépens."
Aucun
journal, aucun médiat, ne rendit compte de cette sentence, sauf, timidement, le
"Monde" parce que son propre Directeur Jacques Fauvet. avait été
inculpé, et comme nous, reconnu non coupable.
Mais
depuis lors les gardiens du tabou ont voté une loi scélérate, qui. en
contradiction avec la constitution française, rétablit le "délit
d'opinion" des régimes anciens. Cette loi porte le nom du député
communiste Gayssot, et elle fut mise à l'ordre du jour en priorité par décision
personnelle du Président de l'Assemblée Nationale, Monsieur Fabius.
Elle consiste
à introduire dans la loi sur la liberté (!) de la presse de 1881, un article 24
bis punissant d'amende et de prison ferme quiconque remettrait en cause les
thèses du Tribunal de Nuremberg.
De
nombreux parlementaires (parmi lesquels l'actuel ministre de la Justice) [Jacques
Toubon, NDLR-AR]s'élevèrent contre cette opération consistant à faire d'un
tribunal le critère de la vérité historique. (Surtout s'agissant d'un procès
d'exception
dont le Président lui-même, le juge américain Jackson, reconnaissait loyalement
que "Ce tribunal représente une continuation des efforts de guerre des
Nations alliées."
La monstruosité
de la "loi Gayssot" est telle que nous avons décidé de la défier
ouvertement en relevant systématiquement les falsifications historiques ainsi
sacralisées par la loi.
Choisira-t-on
de réfuter scientifiquement telle ou telle erreur qui pourrait être contenue
dans l'ouvrage, selon la méthode propre à toutes les disciplines scientifiques,
ou bien nous condamnera-t-on au silence et à la prison pour avoir posé des
questions qui remettent en cause des tabous dont la malfaisance s'exerce depuis
cinquante ans par la manipulation de opinions publiques ?
Roger Garaudy, Décembre 1995