23 novembre 2025

L’affaire Garaudy dans la presse nationale française (1995-1998), mémoire de maîtrise, Claire Andrieu. Recension

 [SOURCE : L'affaire Garaudy dans la presse nationale française : analyse de la constitution d'une polémique autour du soutien de l'abbé Pierre à Roger Garaudy, Novembre 1995-décembre 1998 - Centre d’histoire sociale des mondes contemporains (CHS) ]

TEICHER Fabrice, L’affaire Garaudy dans la presse nationale française : analyse de la constitution d’une polémique autour du soutien de l’abbé Pierre à Roger Garaudy, Novembre 1995-décembre 1998, Maîtrise [Claire Andrieu], Univ. Paris 1 CHS, 2001, 194 p.
En décembre 1995, la revue La Vieille Taupe publie Les Mythes fondateurs de la politique israélienne, de l’ancien député communiste Roger Garaudy, ouvrage citant et reprenant un certain nombre de thèses négationnistes dans le cadre d’une critique virulente de l’État d’Israël. Cette publication a lieu dans la quasi-indifférence de la presse jusqu’à ce que, quatre mois plus tard, l’abbé Pierre soutienne son ami Garaudy et son ouvrage. Commence alors l’affaire Garaudy.
Cette étude analyse comment se constitue l’affaire Garaudy et son traitement éditorial, de la parution de l’ouvrage de Garaudy jusqu’à son jugement en appel le 16 décembre 1998. Le choix des acteurs et de la nature de cette affaire est révélatri­ce des méthodes de travail des journalistes à la fin de ce siècle. Pourquoi l’abbé Pierre est-il le personnage principal de ce que l’on appelle l’affaire Garaudy ? Les journa­listes — qui ont souvent occulté les défauts de l’abbé Pierre — se retrouvent ici pris à leur propre piège. Des personnes également impliquées dans l’affaire n’ont pas fait l’objet d’une telle médiatisation. C’est le cas de Roger Garaudy lui-même, paradoxalement relégué en arrière-plan de l’affaire qui porte son nom, mais également de son avocat Jacques Vergès, ou de l’essayiste Jean Ziegler.Si une affaire est par définition un mélange de genres, l’affaire Garaudy en est un exemple parfait. Affaire inclassable, on la retrouve aussi bien dans les rubriques politique, sociale et justice que médias. Selon l’orientation des journaux et de leur public, cette affaire prendra donc une tournure politique ou culturelle. Cependant, le traitement de l’affaire par la presse est biaisé par la croyance, ou non, en l’existence d’un lien entre antisionisme et antisémitisme. En effet, Roger Garaudy se revendique du premier tout en prétendant condamner le second. C’est le traitement par la presse de l’actualité proche-orientale qui permettra de révéler la nature de cette ambigüité. La constitution et le traitement de l’affaire Garaudy sont révélateurs d’un certain nombre de comportements et méthodes de travail journalistiques de cette fin de siècle. Acteur ou canal de l’information, les journalistes sortent parfois du rôle qui leur incombe. Quand la presse rend la justice, cela se traduit par un traitement partial de l’affaire qui n’accorde que très peu de place au procès juridique de l’intéressé et à une opinion arabe internationale majoritairement acquise à sa cause. Enfin, cette affaire soulève les grandes questions du rapport d’influence entre l’opinion et la presse et celle de la déontologie des journalistes.

21 novembre 2025

Le blog vu par Copilot de Microsoft...

 Alimenté par l'IA, voici comment Copilot de Microsoft présente le blog :

Le blog rogergaraudy.blogspot.com intitulé « Roger Garaudy – À contre-nuit » est un site dédié à la vie, l’œuvre et les idées du philosophe et homme politique français Roger Garaudy (1913‑2012). Il sert à la fois de relais éditorial et de plateforme de réflexion autour de ses écrits, ses engagements et des prolongements contemporains de sa pensée.

📌 Présentation générale

  • Titre du blog : Roger Garaudy – À contre-nuit.

  • Thématique : Philosophie, politique, spiritualité, dialogue des cultures.

  • Objectif : Sortir l’œuvre de Garaudy de « l’enfer des bibliothèques » et la rendre accessible au grand public.

  • Administrateur : Alain Raynaud, qui publie également ses propres essais philosophiques sur la transcendance.

📚 Contenus proposés

  • Articles philosophiques et politiques

    • Réflexions sur le marxisme, la transcendance, la critique du sionisme, le dialogue des civilisations.

    • Textes inédits ou réédités de Roger Garaudy.

    • Contributions d’autres auteurs (Marx, Teilhard de Chardin, Bataille, etc.).

  • Biographie et bibliographie

    • Parcours intellectuel de Garaudy, de son engagement communiste à sa conversion à l’islam.

    • Présentation de ses ouvrages majeurs (Parole d’homme, Les mythes fondateurs de la politique israélienne, Danser sa vie, etc.).

  • Archives et documents multimédias

    • Photos, vidéos, PDF, citations.

    • Correspondances (ex. lettre de l’abbé Pierre à Garaudy en 1996).

    • Extraits de conférences et interventions publiques.

🎨 Ligne éditoriale

  • Positionnement : critique du capitalisme, du colonialisme et des intégrismes religieux ou politiques.

  • Inspirations : de Marx à Teilhard de Chardin, en passant par Bloch et Bataille.

  • Esprit du blog : « À contre-nuit » est une formule reprise par Garaudy lui‑même, symbolisant son combat intellectuel et spirituel contre les obscurités idéologiques.

🌍 Particularités

  • Le blog est multilingue (articles en français, parfois en espagnol ou en anglais).

  • Il propose des liens vers des librairies et plateformes où acheter les livres de Garaudy.

  • Il se veut un espace de dialogue interculturel et de mémoire intellectuelle, tout en reconnaissant les controverses liées à Garaudy (notamment sa condamnation pour contestation de crimes contre l’humanité).

👉 En résumé, rogergaraudy.blogspot.com est un blog de mémoire et de réflexion qui rassemble textes, archives et analyses autour de Roger Garaudy, tout en intégrant des prolongements philosophiques contemporains par Alain Raynaud.

28 septembre 2025

Divins massacres ?

 Dans la guerre désormais historique que l’état d’Israël mène contre la population palestinienne, bien des éléments peuvent et doivent retenir l’attention de toutes celles et ceux qui croient en la valeur et en l’efficience d’une spiritualité, qu’elle soit religieuse ou laÏque.
Parmi ces éléments, deux sont particulièrement sources de pièges voire (et on le voit!) de perversions : l’argument de l’Holocauste et l’argument historico-biblique.

L’argument de l’Holocauste permet d’exploiter sans vergogne la mauvaise conscience des européens à qui l’on fait croire, dans la plus pure tradition colonialiste, que l’on doit éternellement expier les crimes nazis aux dépens des arabes en général et des Palestiniens en particulier. Pourtant, dés 1982, Nahum Goldman, ancien dirigeant du mouvement sioniste et Président-fondateur du Congrès Juif Mondial, mettait Israël en garde : « Invoquer l’Holocauste pour excuser les bombardements sur le Liban, comme le fait Mr Begin, est une profanation du mot et une banalisation de la réalité de cet holocauste, qui ne saurait en aucun cas justifier des actions politiquement et moralement indéfendables ». Que dirait aujourd’hui Nahum Goldman devant les massacres de masse à Gaza, les agressions organisées en Cisjordanie, les attaques contre le Liban ou l’Iran ?

Deuxième argument, l’histoire biblique. Cet argument consiste à revendiquer un « droit divin » de propriété sur la Palestine, l’antique Judée-Samarie, au nom des thèmes bibliques de l’Alliance, de la Terre Promise à Abraham, et du Peuple élu. Moshe Dayan disait clairement en août 1967 : »Si l‘on possède le livre de la Bible et si l’on se considère comme étant le peuple de la Bible, on devrait également posséder les terres bibliques ». Dans cette perspective s’inscrivirent toutes les agressions et annexions qui se sont succédées depuis et qui trouvent aujourd’hui leur acmé.
Cette mythologie, ignorante des droits de l’homme, réduit ainsi la vision biblique du judaïsme à une religion tribale, nationaliste, chauvine, dont l’état d’Israël est le bras armé.
Cette mythologie ignore délibérément le grandiose prophétisme pacifique d’Amos, d’Ezechiel ou d’Isaïe, pour ne retenir que les seuls textes prônant la conquête de Canaan et l’extermination sacrée des populations qui l’habitent. Sont ainsi « justifiés » la spoliation et le massacre. Cette logique est implacable, elle justifie également le racisme car la « postérité d’Abraham » n’est plus alors celle de la communauté abrahamique de la foi mais celle du sacrifice par le sang de la conquête.
L’argumentation « biblique » est d’autant plus inacceptable que la plupart des israéliens qui en abusent ne sont pas des croyants. La « Terre de la promesse » n’est pas pour eux un acte de foi mais un slogan de propagande et d’endoctrinement.

Aux « croyants » et « non-croyants » de notre pays trompés par ces manipulations de l’histoire ancienne (le récit biblique) et de l’histoire récente (le génocide nazi), il faut dire, redire et souligner toujours : le problème de la Palestine n’est pas un problème théologique ou religieux, mais un problème politique. Il faut aussi dire, redire et souligner que la politique colonialiste et raciste menée par Israël se drape d’un travestissement culturel et religieux opposé en tout au message universaliste des grands prophètes juifs, chrétiens et musulmans. Nous savions depuis Hitler ce que coûtent les prétentions d’un « peuple élu », comment pouvons-nous aujourd’hui laisser faire ce qui se passe à Gaza et en Cisjordanie ?


A.R.

01 août 2025

14 – "De Marx à Teilhard de Chardin (II)", par Alain Raynaud. Suite et fin du "Principe transcendance"

TOUS DROITS RÉSERVÉS. REPRODUCTION AUTORISÉE AVEC MENTION DE L'AUTEUR ET LIEN VERS LE BLOG. LES NOTES ONT ÉTÉS SUPPRIMÉES DE CETTE VERSION EN LIGNE.
Pour acheter le livre : https://www.thebookedition.com/fr/le-principe-transcendance-p-380931.html

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Mais c’est de l’homme qu’il s’agit ! Et de l’homme lui-même quand donc sera-t-il question ? – Quelqu’un au monde élèvera-t-il la voix ?

Car c’est de l’homme qu’il s’agit, dans sa présence humaine; et d’un agrandissement de l’œil aux plus hautes mers intérieures.
Saint-John Perse


Changer le monde ou changer de monde, demandions-nous. Nous n’avons pas pu répondre à la question, car cette alternative n’existe pas. Changer le monde débouche sur un changement de monde, et tout changement de monde commence par un changement du monde. Ce sont les deux faces du principe Transcendance. Si l’on ne cède ni au nihilisme – il n’y a plus rien à dire, à faire, à inventer, et au fond à espérer, ni au positivisme qui étouffe les «pourquoi» de la philosophie sous les «comment» de la science, la réponse est : les deux, car le monde à changer, si on le change, débouchera sur un monde autre. Changer le monde, c’est à la fin (si tant est qu’il y en ait une) changer de monde. Pour changer le monde il faut avoir en vue un autre monde et le vouloir effectivement. En même temps, et c’est la part immanente du principe Transcendance, pour vouloir un autre monde il faut être capable d’agir dans le monde où nous vivons, l’avoir compris dans son principe et ses rouages.

Pour Marx, à partir de l’analyse des contradictions d’une société donnée, il s’agit de découvrir les forces sociales porteuses du projet révolutionnaire nécessaire au dépassement de ces contradictions, et les conditions permettant à ces forces de mettre en œuvre ce projet. Et au centre de ce projet, il y a l’homme. L’homme collectif, mais aussi l’homme individuel, le sujet.

«Il faut relire Marx, après le déluge. Dans ces Manuscrits économico-philosophiques, rédigés en 1844 à Paris, publiés pour la première fois à Leipzig, en 1932, sont dénoncés l’inhumanité du capitalisme et l’infamie de ses thuriféraires ». Ainsi s’exprime Jean Salem dans son édition des «Manuscrits» (GF, 1996). Est esquissée dans ces fragments - ignorés pendant longtemps des «marxistes» puis sous-estimés par des esprits aussi aiguisés qu’Althusser - une sorte de théologie négative, une ébauche de théorie générale du communisme, non pas aboutissement mais début d’une histoire proprement humaine. Il est assez facile de trouver dans ces textes place pour une conception enracinée dans l’immanence de la transcendance: là où l’homme lui-même est à construire, tous les dépassements sont possibles.

«La propriété privée nous a rendus tellement sots et bornés, écrit Marx, qu'un objet est nôtre uniquement quand nous l'avons, quand il existe donc pour nous comme capital ou quand il est immédiatement possédé, mangé, bu, porté sur notre corps, habité par nous, etc., bref quand il est utilisé par nous, bien que la propriété privée ne saisisse à son tour toutes ces réalisations directes de la possession elle-même que comme des moyens de subsistance…

À la place de tous les sens physiques et intellectuels est donc apparue la simple aliénation de tous ces sens, le sens de l'avoir. L'être humain devait être réduit à cette pauvreté absolue pour pouvoir engendrer sa richesse intérieure en partant de lui-même …

Non seulement la richesse, mais aussi la pauvreté de l'homme reçoivent également — sous le socialisme — une signification humaine et par conséquent sociale. La pauvreté est le lien passif qui fait ressentir aux hommes le besoin de la richesse la plus grande : l'autre homme…

Le communisme [la suppression de la propriété privée] est la forme nécessaire et le principe dynamique de l'avenir immédiat, mais le communisme n'est en tant que tel ni le but du développement humain ni la forme de la société humaine».

En tant qu’inventeur d’une méthode philosophique et sociologique tombée, dans des circonstances historiques données (réformisme, stalinisme) dans une forme d’économisme et de déterminisme, Marx ne se suffit pas à lui-même. Laissons Bloch, Teilhard, Garaudy, introduire dans le marxisme la flamme de la foi, la foi qui ne se réduit pas à la religion.

08 mai 2025

"La vie et l’œuvre de Roger Garaudy : un intellectuel controversé"

 "Qui était réellement Roger Garaudy, cet intellectuel dont le parcours fut aussi brillant que tumultueux ? Pourquoi un homme, d’abord fervent communiste, a-t-il plongé dans l’obscurité des intérêts controversés qui ont marqué sa vie ? À une époque où les idées prolifèrent et s’affrontent, Garaudy s’illustre par ses positions audacieuses, de l’anticolonialisme aux critiques acerbes du sionisme. Entre fascination et répulsion, sa trajectoire soulève des interrogations essentielles : comment un penseur peut-il devenir un paria sur la scène intellectuelle française, condamné pour contestation des crimes contre l’humanité ? Plongeons dans l’univers complexe de cet homme qui, tout en cherchant à éveiller les consciences, a parfois laissé échapper les siens dans les méandres de la controverse.

Roger Garaudy, né le 17 juillet 1913 à Marseille et décédé le 13 juin 2012 à Chennevières-sur-Marne, est un personnage central de l’intellectuel français du XXe siècle. Philosophe, homme politique, écrivain et finalement, figure controversée, il a traversé des décennies de débats intellectuels et sociaux, accumulant un lourd héritage. Sa trajectoire, marquée par des engagements opposés et des réflexions profondes, interpelle tant les spécialistes que le grand public.