C'est peut-être une chance d'être né deux fois dans le feu : Naître en
A Cordoue. Photo James Andanson/Sygma |
1933 à la veille de la première guerre mondiale ; Avoir vingt ans en
1933 quand déferle sur l'Europe la grande crise et qu' HITLER arrive au
pouvoir.
Il nous a bien fallu trouver un art de vivre par temps d'orage. Dans
la jungle de ce qu'on appelle pudiquement : liberté de marché, les affrontements des volontés de puissance, de croissance, de jouissance
des individus, des groupes et des nations, la "liberté" c'est la
possibilité laissée aux forts de dévorer les faibles. Le résultat par le jeu combiné des
échanges inégaux et de la dette : 25 millions d'êtres humains meurent chaque
année de faim et de malnutrition dans le Tiers Monde. La croissance de
l'Occident impose aux 4/5 du monde l'équivalent d'un Hiroshima par jour.
Sortir de ce chaos où chaque individu chaque nation se croit le centre
et la mesure de toute chose exige la foi en des valeurs absolues au
delà de
nos petites logiques et de nos petites morales : le sacrifice d
ABRAHAM.
Cette certitude à 20 ans m'a conduit à devenir chrétien. Et du même
mouvement marxiste. Nulle contradiction mais complémentarité : la foi
est
recherche des fins. Le marxisme non dogmatique est une méthodologie de
l'initiative historique permettant d'analyser les contradictions d'une
société
et à partir de cette analyse, de découvrir le projet capable de les
surmonter.
Ce marxisme est recherche des moyens pour atteindre cette fin : donner
à
chaque enfant qui porte en lui le génie de MOZART ou de V A N GOGH les
moyens économiques politiques ou culturels lui permettant de déployer
pleinement son génie.
Dans cette voie retracée dans mes Mémoires : "Mon Tour du siècle"
en
solitaire la tâche majeure de ma vie fut d'en découvrir le sens et de
l'accomplir en se situant au point où l'action politique, la foi, et
la création
artistique, ne font qu'un.
L'art est le plus court chemin d'un homme à un autre et il n'est pas
d'éducation plus révolutionnaire que d'enseigner à un enfant que le
monde
n'est pas une réalité donnée toute faite, mais une oeuvre à créer.
La politique au sens noble celle qui nous donne conscience que chacun
de nous est responsable du destin de tous les autres - ne nous enferme
pas dans ce dilemne: individualisme
de jungle ou totalitarisme de
termitière.
Dans une telle perspective une révolution a plus besoin de
transcendance que de déterminisme et notre époque a plus besoin de
prophètes (pour rappeler les fins) que d'ordinanthropes nous donnant
des
moyens géants au service de n'importe quelle fin.
Venu vers l'Islam avec la Bible sous un bras et MARX sous l'autre je
m'efforce de faire revivre dans l'Islam comme dans le marxisme les
dimensions christiques d'intériorité de transcendance et d'amour.
Contre tous les intégrismes d'enfermement et d'affrontement dans un
monde devenu techniquement Un, l'Islam a besoin d'une "théologie
de la
libération", le marxisme aussi.
Et l'Occident, tout entier, d'une "perestroïka".
Ce qui se passe à l'Est n'est nullement la faillite du marxisme mais
de
ses perversions.
A Cordoue. Photo James Andanson/Sygma |
Plus grave se dessine pour l'avenir le déchirement de la planète entre
un Occident coalisé du Pacifique à l'Oural, par delà les vieilles
rivalités
coloniales et les anciens équilibres de la terreur entre l'Est et
l'Ouest pour
perpétuer l'hégémonie du Nord contre le Sud. Il ne s agit plus de
"guerres mondiales" où les colonies n'étaient que des appendices de chair
dans la machinerie d'acier des luttes des grands, il s'agit d'une guerre des
deux mondes : celle d'un club des riches qui veulent garder le monopole et
le contrôle de toutes les ressources de la planète contre le reste du
monde voué à d'autres Hiroshima de la faim.
Contre ces dérives mortelles d'une planète déchirée qui se lèvera pour
défendre l'honneur de Dieu ?
Archives personnelles de R.G.