Ceux qui ne croient pas en Dieu, doutent toujours des
conversions tardives ou les attribuent à la sénilité, à la peur de la mort, à des manœuvres de l’entourage.
Ceux qui croient en Dieu ont tendance au contraire de prendre, et souvent en
effet prennent leurs désirs pour la réalité. Pour ma part, j’aurais bien des
raisons d’adopter cette seconde attitude. Mais sans doute, comme Alfred Jarry
qui disait qu’il était bien trop sceptique pour ne pas croire aux fantômes, je
me méfie de moi-même, et je pense pouvoir dire que je me sens assez fermement,
irrémédiablement un athée, pour que la croyance en Dieu chez autrui ne me jette
pas dans la négation passionnée de ce qui est, après tout, imaginable,
possible.
Louis Aragon
Henri Matisse, roman
Ed. Quarto-Gallimard
Page 684
Henri Matisse, roman
Ed. Quarto-Gallimard
Page 684