02 février 2016

De la théologie de la libération à la théologie de l'abrutissement

Il y a eu dans les années 1970, en Amérique latine, un vaste courant de pensée théologique appelé «théologie de la libération». Authentiquement chrétienne par son œcuménisme et son enracinement biblique, elle engendra un mouvement socio-politique important qui s’était donné pour objectif de rendre dignité et espoir aux plus démunis de la société, en les libérant de leur intolérable condition de vie. Les communautés qui se sont inspirées de ce courant de pensée ont bouleversé l’ordre socio-politique dans plusieurs pays du continent sud-américain, en menant une lutte sans merci contre les systèmes oligarchiques émanant des régimes autoritaires et des dictatures militaires soutenus par les États-Unis. Plutôt que d’enseigner aux peuples comment se libérer de leurs « bourreaux », les églises dites de «réveil », qui pullulent un peu partout en Afrique sub-saharienne, préfèrent abuser des populations vulnérables ne sachant plus à quel saint se vouer, en leur promettant « bénédictions » et autres âneries du genre. C’est « la théorie de l’abrutissement ».
Dans un pays comme la République à démocratiser du Congo, par exemple, il existe des milliers d’églises et des « pasteurs-stars» et riches prêchant des «brebis » de plus en plus pauvres. Les églises sont devenues des lieux d’abrutissement des masses. Dès qu’on y adhère, on perd la raison et on justifie toutes les dérives des pasteurs, au nom du Saint-Esprit ! À la critique objective, les « croyants » ou « brebis » (c’est selon) opposent ce passage de 1 Chroniques 16:22 disant «Ne touchez pas à mes oints». Quand on demande aux pasteurs de condamner les dérives de nos politiques, ils répondent en s’écriant que « l’église est apolitique ». Quand la même parole de Dieu libère en Amérique latine, elle abrutit en Afrique !!! Je respecte la foi de tout un chacun, mais je pense qu’il faudrait peut-être songer à fermer pour un moment les églises dites de « réveil » en Afrique, histoire d’éviter un abêtissement massif et irréversible de nos populations. Au fond, ce n’est pas la Bible qui pose problème, mais ceux qui s’en servent pour atteindre d’inavouables desseins…