Roger Garaudy : réhabilitation et justice
«Toujours à contre-nuit, comme un pont de lumière entre l’Europe et l’Orient»
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Spiritualisme, morale marxiste, marxisme et Chrétiens, Islam…
Né le 17 juillet 1913 à Marseille, résistant, communiste, enseignant, député, sénateur, écrivain et philosophe, humanisme et marxisme, Bernanos de gauche, membre du parti communiste dès 1933, arrêté en 1940 sous le régime de Vichy, déporté en Algérie... après la libération, Roger Garaudy entre au comité central du PCF.
Très tôt, Roger Garaudy ouvrira un dialogue avec l’autre versant de la réflexion révolutionnaire dans l’ouvrage « L'église, le communisme et les Chrétiens » car pour Roger Garaudy, révolution et transcendance sont indissociables.
En bon communiste discipliné et aveugle, il sera sans pitié pour Victor Kravtchenko (l'auteur de I chose Freedom, un livre dénonçant le système soviétique, publié à New York en 1946) même si, tel un effet boomerang, bien des années plus tard, à propos d'un de ses ouvrages, il lui faudra, lui aussi, faire face à une vendetta qui n’aura rien à envier à celle que Kravtchenko en 1947devra affronter au moment de son procès en diffamation contre l’accusation d’agent américain lancée par le PCF ; un Kravtchenko seul et abandonné par toute la classe intellectuelle dite de gauche, dite progressiste.
L'invasion de la Tchécoslovaquie par l’URSS lui inspirera deux ouvrages : "Pour un modèle français du socialisme" et le questionnement suivant : "Peut-on être communisme".
Au cours des années soixante il s’orientera vers une approche « auto-gestionnaire », voire « libertaire » de l’organisation de l’existence : production et vivre-ensemble ; il penchera pour l’émancipation de la classe ouvrière des appareils des partis politiques et des syndicats : PCF – CGT en tête.
En 1970 il est exclu du PCF. Il se tourne alors vers la religion : le Christianisme de son enfance avant de se convertir à l'Islam en 1982 après avoir vu dans le Coran la continuité du message de Christ : Jésus et les Evangiles. Il viendra à l’Islam « l’Evangile d’une main et le Capital de l’autre » précisera-t-il.
Tous les titres des ouvrages de Roger Garaudy (plus de 60) témoignent d’un esprit d’une clairvoyance rare :
- Les Fossoyeurs – Un nouvel appel aux vivants
- Avons-nous besoin de Dieu ?
- Vers une guerre de religion ? Débat du siècle
- L'Islam et l'intégrisme
- Les États-Unis avant-garde de la décadence,
- Le Procès de la liberté
- Le XXIe siècle – Suicide planétaire ou résurrection
- Le Terrorisme occidental
Dans les années 90, il fut un des premiers à dénoncer un nouvel ordre mondial qui n’est que la continuité de l’ancien désordre colonial. L'ouvrage "Les mythes fondateurs de la politique israélienne" publié en 1995 lui vaudra d'être trainer dans la boue du "négationnisme" au cours d’un long acharnement qui n’aura rien à envier aux procès staliniens… jusqu’à sa « chute » et son bannissement professionnel, médiatique.
L’ouvrage en question se compose de trois chapitres principaux : « Les mythes théologiques », « les mythes du XXe siècle » et « l'utilisation politique du mythe ».
Roger Garaudy explique le pourquoi de cet ouvrage :
" ... les intégrismes, générateurs de violences et de guerres, sont une
maladie mortelle de notre temps. Ce livre fait partie d'une trilogie
que j'ai consacrée à les combattre : Grandeur et décadence de l'Islam ,
dans lequel je dénonce l'épicentre de l'intégrisme musulman : l'Arabie
Saoudite. Deux ouvrages consacrés à l'intégrisme catholique romain qui,
tout en prétendant "défendre la vie", disserte sur l'embryon, mais se
tait lorsque 13 millions et demi d'enfants meurent chaque année de
malnutrition et de faim. Ces ouvrages s’intitulent : Avons- nous besoin de Dieu ? et Vers une guerre de religion ?
Le troisième volet du triptyque, Les Mythes fondateurs de la politique israélienne,
dénonce l'hérésie du sionisme politique qui consiste à substituer au
Dieu d'Israël l'Etat d'Israël, porte-avions nucléaire et insubmersible
des Etats-Unis qui entendent s'approprier les pétroles du Moyen-Orient.Une politique aussi inavouable en son fond exige le camouflage que mon livre a pour objet de dévoiler. D'abord, une prétendue justification "théologique" des agressions par une lecture intégriste des textes révélés, transformant le mythe en histoire : la terre conquise devenant "terre promise". Il en est de même pour l'Exode, cet éternel symbole de la libération des peuples contre l'oppression et la tyrannie, invoqué aussi bien par le Coran (XLIV, 31-32) que par les actuels "Théologiens de la libération".
Et puis une mythologie plus moderne : celle de l'Etat d'Israël qui serait "la réponse de Dieu à l'Holocauste", comme si Israël était le seul refuge des victimes de la barbarie de Hitler, alors qu'Itzhak Shamir lui-même écrit: "Contrairement à l'opinion commune, la plupart des immigrants israéliens n'étaient pas les restes survivants de l'Holocauste, mais des Juifs de pays arabes, indigènes à la région."
A aucun moment Roger Garaudy niera le génocide juif. A aucun moment Garaudy niera le caractère exceptionnel par son ampleur, dans la longue histoire de la persécution des Juifs, de ce génocide conduit par les nazis. Roger Garaudy n'aura eu qu'un tort : dénoncer l'exploitation de ce génocide à des fins de domination et de spoliation ; ce qu'on nommera plus tard... de shoah-business, sujet de controverse lancé par le politologue et historien américain Norman G. Finkelstein dans un livre publié en 2000, sous le titre : L’Industrie de l’Holocauste : réflexions sur l’exploitation de la souffrance des juifs.
(Se soumettre ou périr)
Agrégé de philosophie à 23 ans, d’une intelligence foudroyante d’une limpidité redoutable (pensée limpide dans la noirceur du siècle), suite à la publication de cet ouvrage sur l’Etat d’Israël et sa condamnation par les tribunaux à la demande des associations juives, le bannissement de Roger Garaudy de la vie intellectuelle française, peine de mort civile, annoncera la fin des débats politiques, intellectuels et spirituels en France au profit d’un « il n’y a pas d’alternative » dévastateur, qui… par voie de conséquence, scellera une défaite sans précédent de la pensée, comme autant de réactions en chaîne d’une décadence intellectuelle et d’une rupture de la transmission d'une tradition philosophique humaniste ; décadence qui propulsera au devant de la scène, après une chute vertigineuse de tous les niveaux de la réflexion intellectuelle et historique, un contingent arrogant, bruyant, d’une intolérance inouïe - obscurantisme, terreur et mensonges -, trou noir de la pensée de notre civilisation humaniste, relayé par des médias aux ordres qui enterreront sans sourciller, six pieds sous terre, le journalisme : Bernard-Henri Lévy, Bernard Tapie, Jack Lang, Alain Finkielkraut, Eric Zemmour, La Licra, le CRIF, Nicolas Sarkozy, Carla Bruni, Manuel Valls, François Hollande…
(Autre confirmation de la fin de tous les débats - Gaza 2008)
Infortuné, Roger Garaudy décédera le 13 juin 2012 dans le silence assourdissant d'une caste médiatique et intellectuelle terrifiée à l'idée de lui rendre justice : en effet, le premier qui s'y risquerait... sauterait.
Qu'à cela ne tienne : Roger Garaudy aura été sans aucun doute un homme du futur… «… l'homme qui a brisé les frontières idéologiques artificielles du XX° siècle » : religion et marxisme.
Mais alors, qui donc aujourd’hui osera témoigner en sa faveur sans craindre la relégation ?