20. Au cœur de l’Apocalypse (p.51-53)
Léon Bloy se croyait « au seuil de l’Apocalypse » et il attendait les Cosaques ou le Saint-Esprit. Quel est, en effet, le sens de ce déploiement d’images, de couleurs et de chiffres, qui défie l’imagination ? « Au-delà des exégèses théologiques et des interprétations ésotériques, constate Marcel Lobet , il est un domaine où se rejoignent croyants et incroyants ; c’est celui d’une poésie qui permet à chacun d’interpréter à son gré les symboles et les signes qui constellent le Réel. »
Pour ma part, avec le père Callerand et l’éclairage qui nous vient de l’Evangile de saint Jean, je me sens tout à fait « au cœur de l’Apocalypse », c’est-à-dire au cœur d’une révélation ineffable, celle d’un Dieu de douceur qui se trouve être, en permanence, à la racine de tout être, créateur créant et sauveur sauvant. Le ciel, il n’est pas pour demain et il n’est pas au-dehors. Il est au-dedans de nous, au plus profond de notre devenir, au cœur de notre péché, dans le jaillissement perpétuel de la vie dont la source est en nous, trinitaire : Père, Fils et Saint-Esprit.
C’est cela, l’Apocalypse, livre de consolation par excellence pour les chrétiens persécutés que nous sommes ici-bas. Tant de chrétiens, tant d’hommes, tant d’êtres vivants vivent dans la souffrance, dans les privations, dans les cruautés du martyre. A lire l’Apocalypse, il semble que telle doive être la situation idéale des divinisés sur la terre. Pourquoi en ai-je été préservé ? Pourquoi ai-je eu quatorze ans, en 1940, juste assez pour échapper à la tourmente de la guerre et ne pas finir dans un camp d’extermination ? Pourquoi suis-je ici, bien au chaud, et non pas dans un mouroir de Calcutta ? Ce sont des questions que je me pose souvent. Le Dieu d’amour, qui est au fond de moi, connaît mes limites, comme Il connaît celles de tout le monde, puisque chacun et chacune d’entre nous peut dire en parlant de Dieu : « Il est en moi plus moi-même que moi » (Claudel)
Peu importe donc les tribulations ! L’Apocalypse projette un éclairage fulgurant sur la grande tragédie humaine. Prisonnier de son Amour, en nous créant libres, à son image, Dieu n’a pu empêcher le péché d’exister sur la terre et Satan d’activer les forces du mal contre ce dessein grandiose qui veut faire de nous, par le dedans, par l’amour du Père jaillissant au cœur de sa création, des enfants de Dieu, des êtres divinisé. Il n’y a qu’un Père et il ne peut y avoir qu’un Fils puisque c’est la totalité du Père qui passe dans le Fils et, par Lui, en adoption, nous fait partager sa vie.
C’est l’Amour qui aura le dernier mot. L’Amour qui nous divinise dès à présent et nous garantit, à la fin des temps, une chair transfigurée, dans le Soleil – le Christ ressuscité -, par la victoire définitive de la femme – Marie, l’Eglise, Israël ouvrant les yeux – contre Satan, le dragon. C’est à un tel point que tous les péchés des hommes seront balayés par l’amour du Christ rédempteur et qu’aucune créature ne tombera en enfer. Qui pourra tenir, dit l’Apocalypse, au dernier jour, lorque le pécheur endurci ou indifférent se trouvera, face à face, avec l’Agneau immolé ? Personne.
Je retiens le symbole de la première vision : celle du chandelier à sept branches. Pour nos frères juifs, le chandelier à sept branches, qui brûlait perpétuellement devant le sanctuaire, signifie la solidité de la foi, enracinée en Dieu. Pour les chrétiens, c’est la lumière du Christ, brûlant de l’amour du Père et se répandant sur le monde par les sept dons (plénitude du chiffre) de l’Esprit-Saint.
Cette brûlure de l’amour de Dieu qui a allumé tant d’incendies dans le cœur des saints (je pense au curé d’Ars : « Maintenant, ô Dieu, je vous vois, je ne vous lâcherai plus ! ») fut, en somme, la cause principale de leur mort. A la Roche d’or, on ne parle pas de la « mort », on parle du « passage ». J’aurais envie de dire : « mutation ». « Mon père vient de ‘passer’ disait Catherine, le plus naturellement du monde, en reprenant son service de chantre.
Peut-on, si l’on est ébloui par l’Apocalypse, c’est-à-dire ravi par la plénitude du Saint-Esprit, se réjouir du passage qui nous attend et en même temps se passionner pour cette terre ? Encore une question que je me suis souvent posée, en enviant ceux qui ne vivaient, apparemment, que dans l’attente de la parousie .
Teilhard m’a fourni la réponse de même que la Vierge de Lourdes – essayons de comprendre son geste – qui demandait à la petite Bernadette de baiser amoureusement la terre. Mon charisme, sur cette terre, est d’œuvrer, avec mon peuple, à la recherche de son identité et de percevoir la francité comme une source de dialogue et d’universalité.
Je me moque de Nostradamus qui, d’après Jean-Charles de Fontbrune , aurait prédit la venue des Cosaques et la destruction de Paris (« hormis le vieil langage » dit-il : merci pour notre chère langue française !). Je crie « merci » à Dieu parce qu’Il est et parce que je suis. Merci d’avoir connu terrestrement, charnellement, ce qui est beau et exaltant, les héros et les saints, mes compagnons de route, et j’attends le passage, la mutation, la continuité. Que Dieu m’aide à m’en réjouir aussi.
21. La roue de la vie (p.55-57)
Ce qui m’arrive est quand même hors de l’ordinaire. Dès le début d’une retraite, à la Roche d’or, j’avais été littéralement séduit par une petite religieuse vietnamienne. A priori, parce que c’était une Vietnamienne. Toute ma vie, j’aurai été attiré par les étrangers, par les Africains et par les Asiatiques.
Dans ce cas, il y avait autre chose, la qualité de sa prière et de ses gestes, la spontanéité de son accueil. Elle devait l’avoir remarqué car, à plusieurs reprises, dans le silence, elle m’avait donné des signes. Plus tard, elle me le dira ouvertement. Je sens que nous devons faire des choses ensemble pour la paix. J’ai été frappé par votre visage qui m’inspire le respect. Pourquoi cette rencontre, vous et moi, alors qu’il y a tant de pères ici ?
Le dernier soir, après la veillée et la ronde des enfants, dans la joie de la fête et de la parole retrouvée, j’apprends qu’elle est moniale bouddhiste et que son supérieur, à Bagneux (Paris), n’est autre que mon ami, le vénérable Trich Minh-Tam, de la pagode Khan-Anh. Je comprends maintenant cet anéantissement profond en Dieu et je la vois encore, à l’eucharistie de clôture, au moment du baiser de paix, plongée vers le sol, en m’embrassant les mains.
Ainsi, pendant une semaine, sans le savoir – mais j’en fus à peine surpris – j’ai vécu en communion de prière intense avec une moniale bouddhiste. Nous avons beaucoup à recevoir des mystiques de l’Extrême-Orient. Le Bouddha, qui a vécu aux Indes au Ve siècle avant Jésus-Christ, ne s’est voulu ni dieu, ni ange. Fils de prince, il s’est appelé « Bouddha » qui signifie « Eveillé, Illuminé ». Sa doctrine est contenue dans le célèbre « Sermon de Bénarès » .
Le but suprême, chez les bouddhistes, est d’arriver au « nirvâna » (nir, ne pas ; vâ, souffle), c’est-à-dire à la délivrance, à la sérénité de l’être libéré de la souffrance et de ses illusions. Un jour, le Bouddha a tracé, de son bâton, dans la poussière, une roue, la roue de la vie, symbole de l’éternité bouddhiste. « La roue contient le ciel des dieux, les hommes, les animaux, les êtres infernaux. Et l’étincelle qui anime tout corps vivant, avant de se fixer au centre pour l’éternité, va d’un cercle à l’autre selon ses actions… »
Dès lors, avant d’atteindre le nirvâna, plusieurs existences d’efforts sont nécessaires pour supprimer la cause de la souffrance qui nous fait prendre pour réel ce qui n’est qu’illusion et tromperie des sens. Il faut donc faire taire les sens afin de se trouver à l’aise dans une sorte de vide. Que ce soit directement (Petit Véhicule) ou en décidant de continuer à vivre, dans le monde sensible, pour se consacrer au salut des autres (Grand Véhicule).
Qu’est-ce que la divinité et qu’est-ce que l’univers pour Bouddha ? Il semble qu’il n’ait rien rejeté et qu’il ne nous ait proposé qu’une voie d’approche. Si bien qu’à partir de là – la fusion avec un absolu – mystiques du bouddhisme et du christianisme peuvent se rencontrer en Dieu. Ce que m’expliquera plus tard sœur Anne Tri-Tanh, devenue Giac-Hannh (Vertu de l’illumination), en transcrivant pour moi, de sa main généreuse, la parole du Bouddha Çakyamouni .
« Ô mes disciples, ô amis et parents ! Pendant mes cinquante et un ans d’enseignement de la doctrine, une doctrine révélant le chemin-suprême-vers-cette-suprême-réalité, je ne vous ai rien dit, rien enseigné ! Pourquoi ? Parce que ce que je vous ai dit est comparable à cette poignée de feuilles dans ma main, et que la réalité-suprême, la vérité-absolue est incomparable…Elle est incomparable, parce qu’elle est plus grande, plus nombreuse, supérieure à toute chose ! Elle est indescriptible, insondable, impensable, l’au-delà de tout ! C’est pourquoi je vous dis, je vous ai dit, il faut aller de vous-même à sa recherche ! Celui qui la cherche, la retrouvera ! Celui qui la désire, la rencontrera ! Celui qui a soif d’elle, se désaltérera en elle ! Mais à une condition : c’est d’aller de nous-même – boire par notre propre bouche – sentir par notre propre nez – voir par nos propres yeux – toucher par nos propres mains, notre corps ! Aimer par notre propre cœur, parce qu’on ne peut aimer par un autre cœur que celui de nous-même !
Et je vous dis, je vous répète : je ne suis que le doigt qui montre la lune. Mais je ne suis pas la lune. Je connais le chemin de lumière vers la lune éternelle, mais il faut que vous alliez, y pénétriez par vous-même, de vos jambes, et je vous préviens que si vous me prenez pour la lune, ah ! vous vous trompez. »
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Léon Bloy se croyait « au seuil de l’Apocalypse » et il attendait les Cosaques ou le Saint-Esprit. Quel est, en effet, le sens de ce déploiement d’images, de couleurs et de chiffres, qui défie l’imagination ? « Au-delà des exégèses théologiques et des interprétations ésotériques, constate Marcel Lobet , il est un domaine où se rejoignent croyants et incroyants ; c’est celui d’une poésie qui permet à chacun d’interpréter à son gré les symboles et les signes qui constellent le Réel. »
Pour ma part, avec le père Callerand et l’éclairage qui nous vient de l’Evangile de saint Jean, je me sens tout à fait « au cœur de l’Apocalypse », c’est-à-dire au cœur d’une révélation ineffable, celle d’un Dieu de douceur qui se trouve être, en permanence, à la racine de tout être, créateur créant et sauveur sauvant. Le ciel, il n’est pas pour demain et il n’est pas au-dehors. Il est au-dedans de nous, au plus profond de notre devenir, au cœur de notre péché, dans le jaillissement perpétuel de la vie dont la source est en nous, trinitaire : Père, Fils et Saint-Esprit.
C’est cela, l’Apocalypse, livre de consolation par excellence pour les chrétiens persécutés que nous sommes ici-bas. Tant de chrétiens, tant d’hommes, tant d’êtres vivants vivent dans la souffrance, dans les privations, dans les cruautés du martyre. A lire l’Apocalypse, il semble que telle doive être la situation idéale des divinisés sur la terre. Pourquoi en ai-je été préservé ? Pourquoi ai-je eu quatorze ans, en 1940, juste assez pour échapper à la tourmente de la guerre et ne pas finir dans un camp d’extermination ? Pourquoi suis-je ici, bien au chaud, et non pas dans un mouroir de Calcutta ? Ce sont des questions que je me pose souvent. Le Dieu d’amour, qui est au fond de moi, connaît mes limites, comme Il connaît celles de tout le monde, puisque chacun et chacune d’entre nous peut dire en parlant de Dieu : « Il est en moi plus moi-même que moi » (Claudel)
Peu importe donc les tribulations ! L’Apocalypse projette un éclairage fulgurant sur la grande tragédie humaine. Prisonnier de son Amour, en nous créant libres, à son image, Dieu n’a pu empêcher le péché d’exister sur la terre et Satan d’activer les forces du mal contre ce dessein grandiose qui veut faire de nous, par le dedans, par l’amour du Père jaillissant au cœur de sa création, des enfants de Dieu, des êtres divinisé. Il n’y a qu’un Père et il ne peut y avoir qu’un Fils puisque c’est la totalité du Père qui passe dans le Fils et, par Lui, en adoption, nous fait partager sa vie.
C’est l’Amour qui aura le dernier mot. L’Amour qui nous divinise dès à présent et nous garantit, à la fin des temps, une chair transfigurée, dans le Soleil – le Christ ressuscité -, par la victoire définitive de la femme – Marie, l’Eglise, Israël ouvrant les yeux – contre Satan, le dragon. C’est à un tel point que tous les péchés des hommes seront balayés par l’amour du Christ rédempteur et qu’aucune créature ne tombera en enfer. Qui pourra tenir, dit l’Apocalypse, au dernier jour, lorque le pécheur endurci ou indifférent se trouvera, face à face, avec l’Agneau immolé ? Personne.
Je retiens le symbole de la première vision : celle du chandelier à sept branches. Pour nos frères juifs, le chandelier à sept branches, qui brûlait perpétuellement devant le sanctuaire, signifie la solidité de la foi, enracinée en Dieu. Pour les chrétiens, c’est la lumière du Christ, brûlant de l’amour du Père et se répandant sur le monde par les sept dons (plénitude du chiffre) de l’Esprit-Saint.
Cette brûlure de l’amour de Dieu qui a allumé tant d’incendies dans le cœur des saints (je pense au curé d’Ars : « Maintenant, ô Dieu, je vous vois, je ne vous lâcherai plus ! ») fut, en somme, la cause principale de leur mort. A la Roche d’or, on ne parle pas de la « mort », on parle du « passage ». J’aurais envie de dire : « mutation ». « Mon père vient de ‘passer’ disait Catherine, le plus naturellement du monde, en reprenant son service de chantre.
Peut-on, si l’on est ébloui par l’Apocalypse, c’est-à-dire ravi par la plénitude du Saint-Esprit, se réjouir du passage qui nous attend et en même temps se passionner pour cette terre ? Encore une question que je me suis souvent posée, en enviant ceux qui ne vivaient, apparemment, que dans l’attente de la parousie .
Teilhard m’a fourni la réponse de même que la Vierge de Lourdes – essayons de comprendre son geste – qui demandait à la petite Bernadette de baiser amoureusement la terre. Mon charisme, sur cette terre, est d’œuvrer, avec mon peuple, à la recherche de son identité et de percevoir la francité comme une source de dialogue et d’universalité.
Je me moque de Nostradamus qui, d’après Jean-Charles de Fontbrune , aurait prédit la venue des Cosaques et la destruction de Paris (« hormis le vieil langage » dit-il : merci pour notre chère langue française !). Je crie « merci » à Dieu parce qu’Il est et parce que je suis. Merci d’avoir connu terrestrement, charnellement, ce qui est beau et exaltant, les héros et les saints, mes compagnons de route, et j’attends le passage, la mutation, la continuité. Que Dieu m’aide à m’en réjouir aussi.
21. La roue de la vie (p.55-57)
Ce qui m’arrive est quand même hors de l’ordinaire. Dès le début d’une retraite, à la Roche d’or, j’avais été littéralement séduit par une petite religieuse vietnamienne. A priori, parce que c’était une Vietnamienne. Toute ma vie, j’aurai été attiré par les étrangers, par les Africains et par les Asiatiques.
Dans ce cas, il y avait autre chose, la qualité de sa prière et de ses gestes, la spontanéité de son accueil. Elle devait l’avoir remarqué car, à plusieurs reprises, dans le silence, elle m’avait donné des signes. Plus tard, elle me le dira ouvertement. Je sens que nous devons faire des choses ensemble pour la paix. J’ai été frappé par votre visage qui m’inspire le respect. Pourquoi cette rencontre, vous et moi, alors qu’il y a tant de pères ici ?
Le dernier soir, après la veillée et la ronde des enfants, dans la joie de la fête et de la parole retrouvée, j’apprends qu’elle est moniale bouddhiste et que son supérieur, à Bagneux (Paris), n’est autre que mon ami, le vénérable Trich Minh-Tam, de la pagode Khan-Anh. Je comprends maintenant cet anéantissement profond en Dieu et je la vois encore, à l’eucharistie de clôture, au moment du baiser de paix, plongée vers le sol, en m’embrassant les mains.
Ainsi, pendant une semaine, sans le savoir – mais j’en fus à peine surpris – j’ai vécu en communion de prière intense avec une moniale bouddhiste. Nous avons beaucoup à recevoir des mystiques de l’Extrême-Orient. Le Bouddha, qui a vécu aux Indes au Ve siècle avant Jésus-Christ, ne s’est voulu ni dieu, ni ange. Fils de prince, il s’est appelé « Bouddha » qui signifie « Eveillé, Illuminé ». Sa doctrine est contenue dans le célèbre « Sermon de Bénarès » .
Le but suprême, chez les bouddhistes, est d’arriver au « nirvâna » (nir, ne pas ; vâ, souffle), c’est-à-dire à la délivrance, à la sérénité de l’être libéré de la souffrance et de ses illusions. Un jour, le Bouddha a tracé, de son bâton, dans la poussière, une roue, la roue de la vie, symbole de l’éternité bouddhiste. « La roue contient le ciel des dieux, les hommes, les animaux, les êtres infernaux. Et l’étincelle qui anime tout corps vivant, avant de se fixer au centre pour l’éternité, va d’un cercle à l’autre selon ses actions… »
Dès lors, avant d’atteindre le nirvâna, plusieurs existences d’efforts sont nécessaires pour supprimer la cause de la souffrance qui nous fait prendre pour réel ce qui n’est qu’illusion et tromperie des sens. Il faut donc faire taire les sens afin de se trouver à l’aise dans une sorte de vide. Que ce soit directement (Petit Véhicule) ou en décidant de continuer à vivre, dans le monde sensible, pour se consacrer au salut des autres (Grand Véhicule).
Qu’est-ce que la divinité et qu’est-ce que l’univers pour Bouddha ? Il semble qu’il n’ait rien rejeté et qu’il ne nous ait proposé qu’une voie d’approche. Si bien qu’à partir de là – la fusion avec un absolu – mystiques du bouddhisme et du christianisme peuvent se rencontrer en Dieu. Ce que m’expliquera plus tard sœur Anne Tri-Tanh, devenue Giac-Hannh (Vertu de l’illumination), en transcrivant pour moi, de sa main généreuse, la parole du Bouddha Çakyamouni .
« Ô mes disciples, ô amis et parents ! Pendant mes cinquante et un ans d’enseignement de la doctrine, une doctrine révélant le chemin-suprême-vers-cette-suprême-réalité, je ne vous ai rien dit, rien enseigné ! Pourquoi ? Parce que ce que je vous ai dit est comparable à cette poignée de feuilles dans ma main, et que la réalité-suprême, la vérité-absolue est incomparable…Elle est incomparable, parce qu’elle est plus grande, plus nombreuse, supérieure à toute chose ! Elle est indescriptible, insondable, impensable, l’au-delà de tout ! C’est pourquoi je vous dis, je vous ai dit, il faut aller de vous-même à sa recherche ! Celui qui la cherche, la retrouvera ! Celui qui la désire, la rencontrera ! Celui qui a soif d’elle, se désaltérera en elle ! Mais à une condition : c’est d’aller de nous-même – boire par notre propre bouche – sentir par notre propre nez – voir par nos propres yeux – toucher par nos propres mains, notre corps ! Aimer par notre propre cœur, parce qu’on ne peut aimer par un autre cœur que celui de nous-même !
Et je vous dis, je vous répète : je ne suis que le doigt qui montre la lune. Mais je ne suis pas la lune. Je connais le chemin de lumière vers la lune éternelle, mais il faut que vous alliez, y pénétriez par vous-même, de vos jambes, et je vous préviens que si vous me prenez pour la lune, ah ! vous vous trompez. »
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