par Maurice CAVEING
On aura lu sans doute
la page entière d'interview qu'un quotidien vespéral de Paris qui ne dissimule
guère ses attaches religieuses a consacrée à l'auteur de L'alternative. La date
n'est pas si ancienne (1) qu'on ne puisse revenir sur ce raccourci assez
saisissant des thèses qu'y soutient R. Garaudy. Du titre déjà, nous apprenons
que «la dimension prophétique est fondamentale pour l'art, la foi, la politique
», des sous-titres, que Dieu est «principe de liberté », que «le positivisme
mutile l'homme », que Zorba le Grec est «un saint de notre temps, car il
exprime l'essentiel par la danse ». Le journaliste qui assure l'interview — le
même qui pendant les longs mois du Concile mit son zèle à persuader le lecteur
que l'Eglise romaine avait été enfin touchée par la grâce — nous avertit que
désormais Garaudy «s'aven ture sur le terrain de la Résurrection » et que sa
proposition fondamentale est la suivante : «L'éclatement du christianisme
traditionnel et du marxisme traditionnel rend possible une nouvelle rencontre
de la révolution et de la foi. » Il s'agit de rien de moins, nous dit-on, que
«d'articuler ce qui est censé être incompatible ». Naturellement, cette
«articulation » ne peut se faire que sous l'égide de l'un des deux termes
incompatibles : ingénument, H. Fesquet indique qu'il désirait obtenir du
«philosophe marxiste » qu'il «aille au-delà de ce qu'il dit ou suggère dans son
ouvrage ». Jusqu'où ? Usque ad aras, sans doute (2) ? On voulait
(1) Le Monde, 8 novembre
1972, p. 13.
(2) «Jusqu'aux autels. »
(2) «Jusqu'aux autels. »
«parvenir à lui faire
lever certaines ambiguïtés ». Lesquelles ? La référence à K. Marx ou la
référence à K. Barth ? ou aux autres théologiens réformés que Garaudy cite en
abondance pêle-mêle, œcuménisme oblige, avec des catholiques ?