21 juillet 2018

Athéisme d'hier et d'aujourd'hui

Il fut un temps où les plus audacieux penseurs de l'Occident ont eu le courage de se rebeller contre le Dieu de leurs ancêtres, ce qui comprenait le rejet du fanatisme, de la superstition, de la répression de la sexualité, de la dépréciation du monde et, dans certaines occasions, du patriarcat. C'était le temps où l'athéisme se situait à l'avant-garde, comme une option vitale qui dénotait le courage et l'ouverture d'esprit, et même une spiritualité plus saine et plus élevée que celle qui représente une certaine mystique, attachée à la souffrance et au déni du corps. Cet athéisme était plein de sens, et venait de la main de l'affirmation de la vie et de la liberté de l'individu de penser et d'aimer, de danser et de décider. Je pense à Nietzsche : quand il se déclare athée, il sait très bien ce qu'il refuse. Proclamer la mort de Dieu n'appauvrit pas sa vie et ne nie pas simplement une croyance qui fait des eaux et qui a été réduite à la morale bourgeoise. Au niveau philosophique, son athéisme se présente comme une libération par rapport à la métaphysique platonique-chrétienne, qu'il veut surmonter, car il considère qu'elle a trahi la vie en faveur d'un monde céleste auquel tout doit être sacrifié. Le rejet de ce Dieu ou être suprême le forme pour un nouveau don du divin, qu'il associe à Dionysos : Un Dieu qui danse. Cet athéisme (et celui de Nietzsche n'est qu'un exemple) ne se résume pas à la simple négation, il est suivi d'une conception positive de la vie.

Une autre fois, j'ai fait référence à quatre formes fondamentales d'athéisme : L'athéisme, la libertine, la romantique et la post-moderne. Elles sont toutes en vie et ont leur sens. Cependant, aujourd'hui, l'athéisme est souvent une non-croyance totalement anecdotique et dépourvue de contenu : ce n'est pas le résultat d'avoir pensé par soi-même, mais quelque chose qui découle naturellement de la faillite de la religiosité traditionnelle, dont les pesanteurs métaphysiques continuent de dominer la société dans laquelle nous vivons. Dans ce cas, l'athéisme peut être aliénant, quelque chose qui se professe sans même savoir ce qu'il signifie au-delà de la banalité "je ne crois pas en Dieu", proclamé par des gens qui ne savent même pas ce qu'ils rejettent de manière aussi véhémente. Eh bien, quand tu leur demandes dans quel dieu ils ne croient pas, ou ce que c'est exactement ce qu'ils rejettent, ils n'ont pour ainsi dire rien à dire.

Sur ce point, on peut se demander : et si l'athéisme dominant, au début du XXe siècle, était la nouvelle forme de religiosité (paradoxale) du troupeau ? La forme de la religiosité (que nous pouvons appeler aussi laïcité) mieux adaptée aux besoins du capital à l'ère de la mondialisation des entreprises. La raison ? Cet athéisme sans contenu est projeté sur le monde, avec ses concepts et ses dualités inhérents : Modernité-Tradition, retard-progrès, religieux-Laïque. Car nous, occidentaux, avons l'habitude malsaine de projeter nos conceptions à des formes de vie non occidentales sur lesquelles nous n'avons pas la moindre idée, dans un geste typiquement eurocentrique. Ainsi, de nombreux athées européens sont considérés comme laïques et modernes, ce qui veut dire que les autres sont religieux et traditionnels, quand pas simplement barbares, sauvages, en retard... N'importe quoi avant de faire l'effort d'essayer de comprendre l'autre selon leurs propres valeurs, sans projeter sur lui des concepts et des schémas hérités de la tradition elle-même. Avec un peu de chance, l'athée occidental qui ne pense pas par lui-même croît être tolérant, et cela confirme précisément sa supériorité morale et sa maturité face aux autres arriérés, pauvres, prisonniers (encore) de conceptions religieuses que le "nous" du troupeau occidental qu'il prétend avoir laissé derrière lui.

Abdennour Prado


Hubo un tiempo en qué los más osados pensadores de occidente tuvieron la valentía de rebelarse contra el Dios de su ancestros, lo cual incluía el rechazo del fanatismo, de la superstición, de la represión de la sexualidad, de la depreciación del mundo y, en ocasiones, del patriarcado. Era el tiempo en que el ateísmo se situaba a la vanguardia, como una opción vital que denotaba coraje y apertura de mente, e incluso una espiritualidad más sana y elevada que aquella que representa cierta mística, apegada al sufrimiento y a la negación del cuerpo. Este ateísmo estaba lleno de sentido, y venía de la mano de la afirmación de la vida y de la libertad del individuo para pensar y amar, danzar y decidir. Pienso en Nietzsche: cuando se declara ateo, sabe muy bien qué es lo que rechaza. Al proclamar la muerte de Dios no empobrece su vida ni simplemente niega una creencia que hace aguas y que se ha visto reducida a la moral burguesa. A nivel filosófico, su ateísmo se presenta como una liberación con respecto a la metafísica platónico-cristiana, qué el quiere superar, pues considera que ha traicionado la vida en favor de un mundo celestial al cual todo debe ser sacrificado. El rechazo de este Dios o Ser Supremo lo capacita para una nueva donación de lo divino, que él asocia a Dioniso: un dios que danza. Este ateísmo (y el de Nietzsche es solo un ejemplo) no se reduce a la mera negación, viene seguido de una concepción afirmativa de la vida.
En otra ocasión me referí a cuatro formas básicas de ateísmo: la ilustrada, la libertina, la romántica y la posmoderna. Todas ellas siguen vivas y tienen su sentido. Sin embargo, hoy en día el ateísmo a menudo es una no-creencia totalmente anecdótica y sin apenas contenido: no es el resultado de haber pensado por uno mismo, sino algo que se deriva de forma natural de la quiebra de la religiosidad tradicional, cuyos presupuestos metafísicos siguen dominando la sociedad en que vivimos. En este caso el ateísmo puede ser alienante, algo que se profesa sin saber ni siquiera lo que significa más allá del totalmente banal “no creo en Dios”, proclamado por gentes que ni siquiera saben qué es aquello que rechazan de forma tan vehemente. Pues, cuando les preguntas en qué dios no creen, o qué es exactamente eso que rechazan, apenas tienen nada que decir.
En este punto cabe preguntarse: ¿y si el ateísmo dominante, a principios del siglo XX, fuese la nueva forma de religiosidad (paradójica) del rebaño? La forma de religiosidad (que podemos llamar también secularismo) más apropiada a las necesidades del Capital en la era de la globalización corporativa. ¿La razón? Este ateísmo sin contenidos se proyecta sobre el mundo, con sus conceptos y dualidades inherentes: modernidad-tradición, atraso-progreso, religioso-secular. Pues los occidentales tenemos la malsana costumbre de proyectar nuestras concepciones a formas de vida no occidentales sobre las cuales no tenemos la menor idea, en un gesto típicamente eurocéntrico. Así, muchos ateos europeos se consideran como seculares y modernos, lo cual quiere decir que los otros son religiosos y tradicionales, cuando no simplemente bárbaros, salvajes, atrasados... Cualquier cosa antes de hacer el esfuerzo de tratar de comprender al otro según sus propios presupuestos, sin proyectar sobre él conceptos y esquemas heredados de la propia tradición. Con suerte, el ateo occidental que no piensa por si mismo se presta a tolerarlos, y eso precisamente confirma su superioridad moral y su madurez frente a los otros atrasados, pobrecitos, presos (todavía) de concepciones religiosas que el “nosotros” del rebaño occidental pretende haber dejado atrás. 

Abdennour Prado