La quasi coïncidence est extraordinaire: Y a-t-il un quelconque lien entre l’agression de l’armée turque contre le nord-est de la Syrie à la faveur du feu vert US et la tentative de coup d’Etat qu’a connu la semaine dernière l’Irak?
Au Moyen-Orient, tant que les Etats-Unis maintiendront leur présence toutes les guerres seront imbriquées. Le jeudi 10 octobre, alors que l’artillerie et l’aviation turques continuent à frapper des localités syriennes, les FDS ont procédé à quelques étranges libérations: plusieurs chefs terroristes de Daech ont été libérées avant d’être remis aux forces américaines qui les ont transportées en Irak.
La Turquie est-elle le vecteur d’un plan B américain amorcé avec le pseudo retrait US du nord syrien?
Selon Saadollah Zarei, l’expert iranien des questions régionales, le retrait des troupes américaines de la Syrie juste avant que ne soit lancée l’agression d’Ankara sent la collusion.
« Tout a l’air d’un lâchage américain des Kurdes. Mais à regarder de plus près Ankara et les FDS semblent jouer les différentes étapes d’une seule et même partition qui n’est pas sans rapport avec l’Irak et la Résistance. Pour les USA et Israël, l’Irak se trouve désormais au centre de ce qui est considéré comme leur ultime plan B avant la défaite totale de leur stratégie en Syrie. Au fait il s’agit d’un plan à deux volets parfaitement complémentaires : tout en poussant la Turquie à l’assaut du nord est syrien, il faut continuer à miner l’Etat irakien et à le plonger dans le chaos.
On sait désormais que sans les ingérences avérées de l’ambassade US dans les manifs du début d’octobre à Bagdad il n’y aurait pas eu de plus 100 morts.
On sait aussi que les snipers à la solde qui ont tiré depuis les toits sur la foule et les forces de l’ordre ont été en lien avec l’ambassade américaine. Or si le plan de déstabilisation de l’Irak n’a pas pour le moment abouti il faut faire en sorte qu’il aboutisse.
Et la Turquie est le meilleur candidat pour y parvenir.
C’est un pays qui partage 5 000 kilomètres de frontières communes avec la Syrie, et se réserve le droit de recourir à tout moyen possible pour y changer la donne en sa faveur. La chasse au P.K.K a été jusqu’ici le parfait alibi :
Prétextant la lutte contre le Parti des travailleurs du Kurdistan, (PKK) la Turquie s’est emparée d’une cinquantaine de kilomètre du territoire syrien. Elle a ainsi pris le contrôle d’al-Bab au sud d’Alep jusqu’à Manbij, au nord de Raqqa.
Mais pour étendre son influence dans le nord-est syrien et l’est de l’Euphrate, il lui fallait le feu vert US. Ce feu vert, Washington vient de le donner pas forcément pour plaire à Ankara mais pour faire avancer ses propres desseins qui dépassent les frontières syriennes pour aller toucher l’Irak et son gouvernement aux tendances particulièrement souverainistes.
Il est vrai qu’au cours de ces 4 dernières années, la politique américaine a connu des vicissitudes en Syrie : les Américains ont d’abord brandi la menace d’une offensive totale puis ils ont parlé d’un retrait pour arriver à cette conclusion que le pari syrien ne pourrait être gagné sans que l’axe de la Résistance soit affaibli et surtout dépossédé de sa composante irakienne. Comment ?
Déclencher « un chaos orienté » en Irak chiite et le faire conjuguer avec une instabilité chronique dans le Kurdistan irakien.
Au fait ni l’Arabie saoudite, ni la Jordanie et encore moins ‘Israël’ n’ont été d’aucun recours pour la politique américaine en Syrie. Pourquoi donc ne pas voir du côté de la Turquie.
Au fait la Turquie partage de longues frontières à la fois avec la Syrie et l’Irak. Le plan américain semble à ce stade consister à laisser les mains libres à la Turquie sur la rive est de l’Euphrate et à lui permettre ensuite d’étendre son opération sur le territoire irakien. C’est le préalable indispensable à un changement politique radical en Irak.
Il est donc très probable que nous assistions dans les prochaines semaines à une intensification des attaques turques contre certaines zones des provinces de Ninive et de Salaheddine, sous prétexte de lutter contre les Kurdes.
La Turquie tentera de relier «l’île» («Jazira en arabe»), située dans le nord-ouest de la Syrie au nord-ouest de l’Irak, pour ainsi concrétiser un continum tensionnel propre à étendre la crise à la fois en Syrie et en Irak.
Américains, Israéliens, Saoudiens sont arrivés à cette conclusion que la solution à leurs échecs régionaux passe par l’Irak et une fois que Bagdad prend ses distances avec Téhéran, ils pourront résoudre tous leurs problèmes régionaux.
Cette conclusion est similaire au rapport de Vinograd présentée par ‘Israël’ après avoir été vaincu par le Hezbollah libanais pendant la guerre de 33 jours.
En vertu des termes de ce rapport, les responsables israéliens ont mis en relief le rôle de Damas dans cette défaite. Aujourd’hui c’est le rôle de l’Irak dans la défaite US en Syrie qui est mis en relief. Et c’est la Turquie qui a été choisi pour contrer ce rôle.