28 juillet 2018
26 juillet 2018
Der Mensch ist ein unsicheres Lebewesen
Der Mensch ist ein
unsicheres Lebewesen. Beim Tier sind die Instinkte und die Umwelt, an die es
sich anpaßt, eng miteinander verbunden. Das Tier ist ein Bündel von Antworten.
Der Mensch ist ein Bündel von Fragen. Seine Aktion paßt sich der Umwelt nicht
an: sie verwandelt sie. So sehr, daß der Mensch niemals im vollen Gleichgewicht
mit der Natur ist.
Es gibt keinen erbarmungsloseren Zwang als den
einer Freiheit, die zur Ware und zur Institution eingefroren ist. Wir werden
gelenkt von einer Wirtschaft des Wachstums, von einer Technik der Macht.
Atombomben
herstellen,... Menschen, deren biologischer Verfall unaufhaltsam ist, am Leben
- am Vegetieren erhalten; morgen vielleicht die Erbmasse manipulieren... Nichts
davon ist in sich ein absoluter Wert.
Jeder von uns ist für die Schöpfung persönlich
verantwortlich.
Roger
Garaudy, Menschenwort (1975)
Sur le profil Facebook d’Anna Mohr : https://www.facebook.com/anna.mohr.7564?ref=br_rs
22 juillet 2018
Politique et religion. Inédit de Roger Garaudy
L’intégrisme naît toujours d'un double
détournement du religieux et du politique: politisation de la religion ou sacralisation de la politique. Toute loi
devenant sacrée et toute infraction sacrilège.
Les premières sociétés furent fondées sur
cette indistinction: les dieux donnant la terre et la loi, des peuplades du Proche-Orient aux tribus du Pacifique, à celles de 1’Afrique et de
1'Amérindie. Ils sont garants de 1’intégration de la communauté. Le mythe est
la caution de la légitimité du pouvoir.
Apparaît ainsi une constante éternelle et une
indissoluble unité: la religion assignant à la société ses fins, et la
politique 1'organisation des moyens pour les atteindre.
Pourrait-on concevoir, aujourd'hui encore, une
religion authentique qui n’eut point de dimension politique ou une politique
digne de ce nom qui n'eut pas de dimension religieuse, c'est-à-dire indifférente au
choix des fins dernières de 1'homme et de son histoire ?
Une politique sans âme. Une religion sans
corps.
Une religion de notre temps peut-elle se
tenir en marge des problèmes de la justice sociale, des rapports entre le Tiers
Monde et le monde riche, de la guerre et de la paix, du pouvoir et du
monothéisme païen de 1'argent, de la sauvegarde des équilibres naturels ?
Inversement quel homme d'Etat oserait -, même
si telle est sa pratique -, prendre à son compte, sans
masque, la doctrine de MACHIAVEL, et définir la
politique comme 1'art de gouverner efficacement sans préoccupation
d’ordre moral?
21 juillet 2018
Athéisme d'hier et d'aujourd'hui
Il fut un temps où les plus audacieux penseurs de l'Occident ont eu le
courage de se rebeller contre le Dieu de leurs ancêtres, ce qui comprenait le
rejet du fanatisme, de la superstition, de la répression de la sexualité, de la
dépréciation du monde et, dans certaines occasions, du patriarcat. C'était le temps
où l'athéisme se situait à l'avant-garde, comme une option vitale qui dénotait
le courage et l'ouverture d'esprit, et même une spiritualité plus saine et plus
élevée que celle qui représente une certaine mystique, attachée à la souffrance
et au déni du corps. Cet athéisme était plein de sens, et venait de la main de
l'affirmation de la vie et de la liberté de l'individu de penser et d'aimer, de
danser et de décider. Je pense à Nietzsche : quand il se déclare athée, il sait
très bien ce qu'il refuse. Proclamer la mort de Dieu n'appauvrit pas
sa vie et ne nie pas simplement une croyance qui fait des eaux et qui a été
réduite à la morale bourgeoise. Au niveau philosophique, son athéisme se
présente comme une libération par rapport à la métaphysique
platonique-chrétienne, qu'il veut surmonter, car il considère qu'elle a trahi
la vie en faveur d'un monde céleste auquel tout doit être sacrifié. Le rejet de
ce Dieu ou être suprême le forme pour un nouveau don du divin, qu'il associe à
Dionysos : Un Dieu qui danse. Cet athéisme (et celui de Nietzsche n'est qu'un
exemple) ne se résume pas à la simple négation, il est suivi d'une conception
positive de la vie.
Une autre fois, j'ai fait référence à quatre formes fondamentales d'athéisme : L'athéisme, la libertine, la romantique et la post-moderne. Elles sont toutes en vie et ont leur sens. Cependant, aujourd'hui, l'athéisme est souvent une non-croyance totalement anecdotique et dépourvue de contenu : ce n'est pas le résultat d'avoir pensé par soi-même, mais quelque chose qui découle naturellement de la faillite de la religiosité traditionnelle, dont les pesanteurs métaphysiques continuent de dominer la société dans laquelle nous vivons. Dans ce cas, l'athéisme peut être aliénant, quelque chose qui se professe sans même savoir ce qu'il signifie au-delà de la banalité "je ne crois pas en Dieu", proclamé par des gens qui ne savent même pas ce qu'ils rejettent de manière aussi véhémente. Eh bien, quand tu leur demandes dans quel dieu ils ne croient pas, ou ce que c'est exactement ce qu'ils rejettent, ils n'ont pour ainsi dire rien à dire.
Sur ce point, on peut se demander : et si l'athéisme dominant, au début du XXe siècle, était la nouvelle forme de religiosité (paradoxale) du troupeau ? La forme de la religiosité (que nous pouvons appeler aussi laïcité) mieux adaptée aux besoins du capital à l'ère de la mondialisation des entreprises. La raison ? Cet athéisme sans contenu est projeté sur le monde, avec ses concepts et ses dualités inhérents : Modernité-Tradition, retard-progrès, religieux-Laïque. Car nous, occidentaux, avons l'habitude malsaine de projeter nos conceptions à des formes de vie non occidentales sur lesquelles nous n'avons pas la moindre idée, dans un geste typiquement eurocentrique. Ainsi, de nombreux athées européens sont considérés comme laïques et modernes, ce qui veut dire que les autres sont religieux et traditionnels, quand pas simplement barbares, sauvages, en retard... N'importe quoi avant de faire l'effort d'essayer de comprendre l'autre selon leurs propres valeurs, sans projeter sur lui des concepts et des schémas hérités de la tradition elle-même. Avec un peu de chance, l'athée occidental qui ne pense pas par lui-même croît être tolérant, et cela confirme précisément sa supériorité morale et sa maturité face aux autres arriérés, pauvres, prisonniers (encore) de conceptions religieuses que le "nous" du troupeau occidental qu'il prétend avoir laissé derrière lui.
Une autre fois, j'ai fait référence à quatre formes fondamentales d'athéisme : L'athéisme, la libertine, la romantique et la post-moderne. Elles sont toutes en vie et ont leur sens. Cependant, aujourd'hui, l'athéisme est souvent une non-croyance totalement anecdotique et dépourvue de contenu : ce n'est pas le résultat d'avoir pensé par soi-même, mais quelque chose qui découle naturellement de la faillite de la religiosité traditionnelle, dont les pesanteurs métaphysiques continuent de dominer la société dans laquelle nous vivons. Dans ce cas, l'athéisme peut être aliénant, quelque chose qui se professe sans même savoir ce qu'il signifie au-delà de la banalité "je ne crois pas en Dieu", proclamé par des gens qui ne savent même pas ce qu'ils rejettent de manière aussi véhémente. Eh bien, quand tu leur demandes dans quel dieu ils ne croient pas, ou ce que c'est exactement ce qu'ils rejettent, ils n'ont pour ainsi dire rien à dire.
Sur ce point, on peut se demander : et si l'athéisme dominant, au début du XXe siècle, était la nouvelle forme de religiosité (paradoxale) du troupeau ? La forme de la religiosité (que nous pouvons appeler aussi laïcité) mieux adaptée aux besoins du capital à l'ère de la mondialisation des entreprises. La raison ? Cet athéisme sans contenu est projeté sur le monde, avec ses concepts et ses dualités inhérents : Modernité-Tradition, retard-progrès, religieux-Laïque. Car nous, occidentaux, avons l'habitude malsaine de projeter nos conceptions à des formes de vie non occidentales sur lesquelles nous n'avons pas la moindre idée, dans un geste typiquement eurocentrique. Ainsi, de nombreux athées européens sont considérés comme laïques et modernes, ce qui veut dire que les autres sont religieux et traditionnels, quand pas simplement barbares, sauvages, en retard... N'importe quoi avant de faire l'effort d'essayer de comprendre l'autre selon leurs propres valeurs, sans projeter sur lui des concepts et des schémas hérités de la tradition elle-même. Avec un peu de chance, l'athée occidental qui ne pense pas par lui-même croît être tolérant, et cela confirme précisément sa supériorité morale et sa maturité face aux autres arriérés, pauvres, prisonniers (encore) de conceptions religieuses que le "nous" du troupeau occidental qu'il prétend avoir laissé derrière lui.
Abdennour Prado
18 juillet 2018
Pour une politique transcendante
© Droits réservés. Reproduction interdite sauf autorisation de l'auteur
Il faut dire clairement ce que nous entendons par «politique» : pas décrire un théâtre d’ombres, ou
dresser un état de lieux dont chacun voit bien qu’ils sont dévastés, pas non
plus s’inscrire dans une prospective mécaniste où ce qui est continue
indéfiniment à être, mais détecter ou introduire de la transcendance dans
la vie de la société, éclairer par là-même les fractures d’un Etant et esquisser un Devenir différent. Pas question donc de
description, mais de révolution. De
la révolution telle que définie par Garaudy : «Une révolution, ce
n’est ni une bourrasque de violence ni un simple changement des équipes au
pouvoir; une révolution, c’est, dans la vie d’un peuple, ce qu’est une
conversion dans la vie d’un homme, c’est-à-dire un changement radical des fins,
des valeurs et du sens de la vie et de l’histoire».
Cette définition nous permet d’explorer ce que peut être une politique transcendante.
Cette définition nous permet d’explorer ce que peut être une politique transcendante.
Une
révolution c’est pour un peuple comme une conversion pour un homme, «un
changement radical des fins, des valeurs et du sens de la vie et de l’histoire».
Ce qu’Alain Badiou nomme «processus de vérité».
Qu’est-ce qu’une conversion ? Au sens premier, dit le Larousse, c’est passer de l’incroyance à une croyance, ou changer de croyance, spécialement en matière religieuse. La sécheresse de ces définitions ne rend pas compte du séisme qu’est pour un être humain une authentique conversion, non imposée administrativement, socialement ou psychologiquement, mais au contraire volontaire et vécue en vérité, c’est-à-dire en totale sincérité.
La psychologie n’explique rien de la conversion d’une femme ou d’un homme. Dans une conférence prononcée à Alger en 1986 , Roger Garaudy dit l’impossibilité à expliquer ou simplement décrire le processus de conversion de l’extérieur: «La psychologie peut […] étudier […] toutes les formes de l’aliénation humaine, mais pas les conversions ni les créations, tout ce qui est le propre de l’homme. J’apprends plus sur l’homme dans un roman de Dostoïevski, dans les Upanishads de l’Inde, chez Tchouang Tsen en Chine, ou dans un poème de Roumi ou d’Attar, que dans les traités de psychanalyse ou de psychologie». Et, dénonçant l’influence négative de la psychanalyse, il poursuit: «Cette mécanique des instincts et des pulsions tend à adapter l’homme au désordre social établi, et non pas à lui enseigner comment changer un monde aliénant pour en faire un monde donnant à l’homme la possibilité de s’épanouir humainement […] En réduisant, en confondant une prétendue libération sexuelle avec la libération humaine, elle détourne en défoulement individuel les forces qui pourraient subvertir un ordre social et politique aliénant».
Pour rompre avec l’aliénation, je dois me convertir, me transcender, créer en moi directement ou indirectement un évènement qui ne s’inscrit pas dans l’ordre «normal» du monde de l’aliénation. Les conditions matérielles et morales aliénantes existantes ne peuvent me conduire à cette rupture. A la naissance du révolutionnaire il y a, comme dans la conversion, ce que Garaudy nomme «un acte de foi». On ne nait pas révolutionnaire, on le devient. Aragon présente ainsi les choses :
«Il me faut bien à la fin des fins atteindre une mesure à ma démesure
Pour à la taille de la réalité faire un manteau de mes fictions» .
Qu’est-ce qu’une conversion ? Au sens premier, dit le Larousse, c’est passer de l’incroyance à une croyance, ou changer de croyance, spécialement en matière religieuse. La sécheresse de ces définitions ne rend pas compte du séisme qu’est pour un être humain une authentique conversion, non imposée administrativement, socialement ou psychologiquement, mais au contraire volontaire et vécue en vérité, c’est-à-dire en totale sincérité.
La psychologie n’explique rien de la conversion d’une femme ou d’un homme. Dans une conférence prononcée à Alger en 1986 , Roger Garaudy dit l’impossibilité à expliquer ou simplement décrire le processus de conversion de l’extérieur: «La psychologie peut […] étudier […] toutes les formes de l’aliénation humaine, mais pas les conversions ni les créations, tout ce qui est le propre de l’homme. J’apprends plus sur l’homme dans un roman de Dostoïevski, dans les Upanishads de l’Inde, chez Tchouang Tsen en Chine, ou dans un poème de Roumi ou d’Attar, que dans les traités de psychanalyse ou de psychologie». Et, dénonçant l’influence négative de la psychanalyse, il poursuit: «Cette mécanique des instincts et des pulsions tend à adapter l’homme au désordre social établi, et non pas à lui enseigner comment changer un monde aliénant pour en faire un monde donnant à l’homme la possibilité de s’épanouir humainement […] En réduisant, en confondant une prétendue libération sexuelle avec la libération humaine, elle détourne en défoulement individuel les forces qui pourraient subvertir un ordre social et politique aliénant».
Pour rompre avec l’aliénation, je dois me convertir, me transcender, créer en moi directement ou indirectement un évènement qui ne s’inscrit pas dans l’ordre «normal» du monde de l’aliénation. Les conditions matérielles et morales aliénantes existantes ne peuvent me conduire à cette rupture. A la naissance du révolutionnaire il y a, comme dans la conversion, ce que Garaudy nomme «un acte de foi». On ne nait pas révolutionnaire, on le devient. Aragon présente ainsi les choses :
«Il me faut bien à la fin des fins atteindre une mesure à ma démesure
Pour à la taille de la réalité faire un manteau de mes fictions» .
L’acte de
foi c’est ce moment où l’homme aliéné brise ses chaînes et devient un
révolutionnaire. A partir de ce moment, il utilise les sciences et les
techniques non pour en faire les fins de la révolution, qui sont bien plus
grandes, mais pour les mettre à son service.
Alain Raynaud
(Pour celles et ceux qui sont intéressé.e.s par ce texte, je peux fournir sur leur demande les références des citations, que je n'indique pas d'emblée pour ne pas surcharger la lecture)
(Pour celles et ceux qui sont intéressé.e.s par ce texte, je peux fournir sur leur demande les références des citations, que je n'indique pas d'emblée pour ne pas surcharger la lecture)
15 juillet 2018
Sur le populisme culturel
« Populiser » la culture sous prétexte de la populariser, c’est refuser de la Démocratiser, c’est la « démographiser » c’est-à-dire massifier la platitude pour mieux traiter le peuple en moins que rien, en le réduisant en cohue compulsive de consommation. C’est réduire la création à un amas d’ « œuvres » sans souci de leur véritable valeur esthétique, immédiatement absorbables par le déferlement des pulsions, le défoulement populacier qu’elles provoquent chez la foule rendue et maintenue foule c’est-à-dire vulgaire et inculte selon le cynisme mesquin des maîtres de l’institution sociale.
Camille Loty Malebranche Lire ICI en entier
Camille Loty Malebranche Lire ICI en entier
12 juillet 2018
Critique d'un livre de Garaudy par un anticommuniste professionnel (juillet 1968)
Jean-François Revel, « l’Express », 1er juillet
1968
Le P.C. de Garaudy et d'Aragon (extrait)
[...]
Pour toutes ces raisons, je conseille vivement à tous
ceux qui voudraient rester communistes ou le devenir d'éviter soigneusement de
lire l'ouvrage de M. Garaudy : Peut-on
être communiste aujourd'hui?*
Ce livre offre l'exemple parfait d'une pensée à la
fois éclectique et sectaire, dogmatique et opportuniste. L'auteur joue le rôle,
on le sait, de grand conciliateur, d'ambassadeur philosophique du P.C. auprès
de diverses familles spirituelles de tous horizons. C'est M. Bons Offices. Mais
il a une conception de la conciliation assez curieuse, qui rappelle celle de
Maître Jacques dans L'Avare.
Dans le même chapitre, la même page, le même
paragraphe, M. Garaudy condamne et justifie Staline, la Chine, le
structuralisme, non pas sous des angles différents, mais en juxtaposant des
raisons qui s'excluent. Le matérialisme athée le conduit à étreindre les
chrétiens. Il annonce que le Parti a renoncé à la révolution violente, puis
fait immédiatement l'éloge du coup de Prague. Il juge sévèrement l'absence
(passée) de démocratie à l'intérieur du Parti, mais il termine son livre sur
cette citation d'un poème mystique d'Aragon, auquel il souscrit sans réserve:
Acheter le livre |
Ce n'est pas "faire de l'anticommunisme",
mais tout le contraire, que de signaler que la mise en circulation d'un tel
livre, écrit par le philosophe officiel du Comité central, risque de convaincre
définitivement la jeunesse de l'impuissance intellectuelle du P.C. Si les
communistes ne veulent pas voir se multiplier sur leur gauche les
"groupuscules" dans les années qui viennent, ils devraient autoriser
M. Garaudy à prendre un peu de repos.
*Peut-on être communiste aujourd'hui ? par Roger Garaudy. Grasset, 400 pages, 19 Francs.
09 juillet 2018
"J'ai changé parfois de communauté, jamais de but" (Roger Garaudy)
ACHETER LE LIVRE |
[Ebauche de présentation du livre publié chez Laffont en 1989.NDLR]
Disant de quoi je meurs et pour quoi j'ai
vécu, ce livre n'est pas une confession, ni un testament, ni une biographie.
Les explorateurs qui tentaient d'atteindre le
Pôle, avant que la mâchoire des glaces, se refermant sur leur navire, arrêtât
leur aventure, faisaient dépôt de leurs expériences dans un "cairn" dressé sur la banquise : au delà de leur échec final, et
grâce à ces repères, d'autres au moins pouvaient poursuivre 1'épopée, utilisant
le savoir des morts.
Je voudrais que ce livre jouât un rôle
analogue pour d'autres chercheurs de pistes n'ayant plus à creuser ce qui fut
mon chenal: j' en ai éprouvé les passes et les impasses.
J'ai fait ce tour du siècle en solitaire.
A 1'écoute de toutes les conjugaisons du
Verbe Dieu : de 1' Inde au Yucatan, de la Chine à 1’Islam. De ces moissons
multiples il est temps de nouer la gerbe.
Mon itinéraire fut parfois orienté, parfois
perverti par la rencontre personnelle et passionnelle de quelques uns de ceux
qui ont fait ou défait ce siècle: de Staline à Fidel Castro et Che Guevara, de
Sartre à Picasso, Saint John Perse ou Dom Helder Camara.
Je voudrais que rien de ce qu'ils m'ont apporté,
recherche fraternelle ou affrontement, ne fût enseveli avec moi.
Je puis aujourd'hui saisir en plénitude le
projet fondamental de ma vie, autour duquel s'ordonnent toutes mes aventures d'
âme, de la politique à 1'amour, de la poésie à la foi: une philosophie de
1'acte rompant avec la philosophie de 1'être qui règne, en Occident, depuis
Aristote.
La conclusion majeure de mon expérience
militante est celle-ci: la transcendance-et non le déterminisme-est le postulat
nécessaire de toute pensée et de toute action révolutionnaire.
Ce fut 1'idée directrice de 1'action pour le dialogue
chrétien -marxiste dont je fus pendant vingt ans 1'organisateur en Europe et en
Amérique.
Ma reconnaissance du message coranique
exprime la même visée: il unit au delà de ses perversions historiques les
dimensions de transcendance et d'intériorité du christianisme, et le principe
de leur incarnation dans les structures sociales.
Cet "Appel aux vivants" interpelle
certains et dérange le plus grand nombre : mes livres furent traduits en 27
langues, et 17 thèses de doctorat, dans le monde , ont été consacrées â mon
oeuvre ; en France "L'Appel aux vivants", après "Parole d'
homme" a touché un million de gens, mais mon arrêt de mort littéraire fut
prononcé en 1982 quand j'ai voulu appliquer ce critère politique en ne respectant
aucun tabou.
Et c’est de quoi je meurs.
Il ne s'agit pas de ma personne, mais du
boycott de toute tentative de ma part, depuis six ans, d'exprimer cette
question centrale qui pose aux vivants un problème de survie, car les dérives
du siècle, avec ses conservatismes aveugles et ses révolutions mutilées, nous
conduisent à la mort.
Mon espérance demeure intacte.
Il est possible d'étouffer un temps ma
parole, non de contourner la question qu'elle pose: elle est enracinée dans
tous les drames du siècle.
Pour faire prendre conscience de cette
synthèse nécessaire: transcendance et révolution, je n'ai cessé de chercher la
force sociale qui pût en être porteuse et donner un visage à 1’espérance.
J'ai changé parfois de communauté, jamais de
but.
Ma joie la plus grande est d’être resté
fidèle, à 75 ans, aux rêves de mes vingt ans.
Roger Garaudy
-------------------------------------------
[Ebauche du plan du livre. Au final le plan changera peu, sauf certains titres de chapitres. NDLR]
1 - NE DU FEU.
J'ai eu vingt ans en 1933. Livres brûlés à Nuremberg
; blé brûlé de la "crise". Né du feu. Kierkegaard et Marx. Dieu m'est
une question, le marxisme une espérance. Le premier jour de ma vie.
2 - L'ANNONCIATRICE.
L'amour d'une femme donne à Dieu un visage.
3 - LA GUERRE ET LES DEMONS DE L'ESPRIT.
4 - L' EXPERIENCE D' ANTEE: la déportation de
1'âme. Au Sahara.
5- LE HUITIEME JOUR DE LA CREATION:
libération d'un peuple et de Prométhée(1945).
6 - LE TOURNANT DES REVES, 1956 : quand le
soleil se couche à 1'Est.
7 - PRINTEMPS DES HOMMES (mai 1968), et 1' <>
{février 1970). Résurrection ?
8 - APPEL AUX VIVANTS pour la reconquête de
1'espoir.
9 - LE DERNIER MESSAGE: L'Islam n'est pas une
religion nouvelle née avec Mohammed. Eternité de 1'esprit.
10 - UN ROMAN D'AMOUR; le dialogue des
cultures et de la foi.
EPILOGUE : A contre - nuit
[Document Archives personnelles de RG]
07 juillet 2018
06 juillet 2018
In defence of the sacred, by Yehudi Menuhin
ACHETER LE LIVRE NUMERIQUE |
Life was
not created full-blown for once and forever. Only fundamentalists may
believe
this; yet it is gospel. Therefore, a new religion is needed based on both
perennial
religious values and virtues - on the concepts of total unity - encompassing the
interdependence of ail parts - continuity - eternity - infinity - and the inevitability
of constant change and adaptation to energy in motion, with its demand for ever
new equilibriums between altering speeds, temperatures, directions, gravities, pressures,
spaces - a religion tuned to contemporary knowledge and experience.
The
extraordinary phenomenon of life occurs when the balance of forces,
temperatures,
speeds, etc. achieve a high degree of permanence within a restricted range of
extremes, compatible with the environmental requirements of living cells.
The human
biped is by definition a religious animal. God has never rested (I
doubt he
took Sunday off), and as life has evolved from rich and slimy matter to an ever-growing
choice of alternatives, based on memory of cause and effect, consciousness
and imagination eventually spawned in man the key philosophic and
religious
questions of "how" and "why".
Now, the
vanity of man is such that he must have, he must know the answers.
No
self-respecting man can admit to any suspicion of ignorance, even if, from
remote
sources
of the memory of species, fanciful imagery, he constructs a tale which is
totally
unprovable,
even unlikely, even downright false.
These
free interpretations of our inalienable philosophic and religious selves are
the
religions of our day, as of every past day. They ail contain the same core of
that
need to
understand, of that faith that there is a higher order, which we can
only revere,
respect,
worship, fear, flatter, sacrifice to, pray to and beg of; a power, like fire, a
volcano,
the sun; a mind, perhaps an old man, a king seated on his throne - someone
like us,
who knows, who has a purpose, whose servants we are - an all-knowing Deity,
who
surely knows "how" and "why". If we could only win or curry
His favour, we
should be
protected and spoilt forever, each in the paradise of our choice, as in those
"safe-havens"
for the wealthy in Florida.
We, of
course, already know how he created us, how we came to be - and
perforce,
every interpretation, every religion, every fascinating myth, is different. But
none of
us can explain who made God, because if he made us, surely we could not
have made
or invented Him.
Yet that
is what happened. Every myth has served to reinforce the cultural,
social
and economic structure of its followers, of the believers. Every King had to be
divinely
appointed - ordained, anointed by the High Priests, the vicars of God on earth.
Whether
in the case as the sun-worshipping Aztecs, who believed that virgins' blood
was
essential to placate the setting sun - equally red - to ensure the sunrise next
morning,
or any other King who, once made and chosen by his people, following some
great
conquest, invoked the Gods to lend him their own total authority. Yet, where
the
institution
exists, weathered and tamed, domesticated, as it were, and I am speaking of
Constitutional
Monarchy, it must be guarded lovingly and fiercely by the twin steeds of
tradition
and heredity.
But now,
however beautiful, meaningful, truly symbolic are the religious myths
of creation,
however glorious are religious works in music, architecture, sculpture,
painting,
and literature, however true they appeared to their separate cultures in the
past, and
however much progress they have made in formulating ever more abstract
models of
worship, compatible with each other - as monotheism, for instance -, they
have not
yet formulated a belief which can now be accepted by, reconciled with,
reconciled
to, ail other religions.
In the
evolving history of religion, it is perfectly clear that we are evolving from
the fixed
and arbitrary to a more fluid truth, which recognizes the forever changing in
the
forever being, i.e. the unity of the whole, of the total sum of energy, of
will, of
purpose,
remaining constant, whilst the myriad relationships of the parts are in
constant
flux.
I believe
that every cell, every atom of organic and inorganic matter, is
inhabited
by, possessed of eternity and infinity (the binding substance), which in the
human
being leads to infinite and eternal ambitions, visions, utopias and the
powerful
drives
which occur when the infinite and the eternal are translated into material size
and
power, rather than into the creation in art, in craft, in thought, in social
harmony,
in education,
in science, in the understanding and pursuit of beauty, knowledge and
utility,
in short, in creative living, which alone can justify life which men serve as
an
ideal of
those infinite and eternal values implicit in every part of ourselves and in
our
environment.
It is
really a matter of what we hold sacred. Do we wish to worship monsters?
Are we in
danger of worshipping "success" or a temporal power above our own
lives
and the
life of others, who would lead us to war and butchery?
I am
convinced that our new world demands newly spelt-out sacred values, a
new
religious concept, perfectly compatible with the principles of worship and
prayer,
but newly
formulated to recognize our own being as sacred, and thus every other one
as well -
our own responsibilities to each other and to our extended living
environment,
always acknowledging our humility in ignorance, our pride in our
growing
understanding and knowledge, our capacity to create a more just world, and
our
capacity to reject out-dated reflexes, false ambitions, perverted ideas and
motives,
from our
civilization. We must cultivate both harmony and courage; we must retain
divine
intolerance against the intolerable, against the destruction of species, the
degradation
of air and water as of body and mind; we must preserve the intolerant holy
crusades
against racism, against every kind of superiority, expressed in contempt and
exploitation,
whether of children, natives, communists, capitalists, Jews, Protestants,
Catholics,
the illiterate or any other groups. We must be tolérant to those who teach,
protect
and help.
This
creed must form an inalienable part of our new religion; namely, that the
protector
has the responsibility, the protected the right; the powerful, the teacher, the
informed,
the skilled, the surgeon, or, for that matter, the driver and the cook, have
the
responsibility
whilst the passenger, the guest, the patient, the sick, and the poor have
the right
- but these should also be trusted with responsibility.
A
person's worth is not dependent on whether he or she is formally employed
or
unemployed. Every person is important and carries equal title to rights and
responsibilities.
The
rights include the right to life-long education, shelter, food, dress, hobbies,
specialties,
music, theatre, sport, holidays, locomotion, free time - as long as he or she
do no
harm to themselves, family, neighbour or society. If they do, society must be
protected,
and the perpetrator helped.
The
responsibilities would include the obligation to help, to serve, to teach, to
learn,
and to work in reciprocity with others.
The
freedom beyond these rights and responsibilities, if the individual so
wishes,
is to scale the ladder of achievement as high as possible, as freely, as
imaginatively
and as resourcefully as the talent and ambition of each one can take
them.
This,
then, is religion, economy, social order, creative living, the arts and the
craft and
education, rolled into one - one platform for thought
and action.
Yehudi
Menuhin
(2000)
(Texte
en anglais paru en français dans “Le 21e siècle, suicide planétaire ou résurrection”)
05 juillet 2018
01 juillet 2018
Simone Veil au Panthéon
Simone Veil avait pris position en 1996 contre la Loi Fabius-Gayssot qui a notamment permis deux ans plus tard de condamner, à tord selon nous, Roger Garaudy. Cet épisode parmi d'autres permet de comprendre quelle femme courageuse et d'une totale indépendance d'esprit elle était.
Extrait du Nouvel Economiste , n 1051, du 7 juin 1996, p. 6: "Simone Veil [déportée à Auschwitz, ancien ministre] souhaite l'abrogation de la loi Gayssot qui permet d'engager des poursuites contre les personnes niant l'existence du génocide juif par les nazis: "Cette loi a donné l'impression que l'on avait des choses à cacher. Or de nombreux travaux d'historiens ont été faits et sont tout à fait clairs. Au fond, cela me paraît presque monstrueux de pouvoir empêcher les gens de contester. Sans cette loi, jamais il n'y aurait eu une polémique avec l'abbé Pierre. Il ne faut jamais donner l'impression que l'on porte atteinte à la liberté d'expression, même sur un sujet de ce genre."
Extrait du Nouvel Economiste , n 1051, du 7 juin 1996, p. 6: "Simone Veil [déportée à Auschwitz, ancien ministre] souhaite l'abrogation de la loi Gayssot qui permet d'engager des poursuites contre les personnes niant l'existence du génocide juif par les nazis: "Cette loi a donné l'impression que l'on avait des choses à cacher. Or de nombreux travaux d'historiens ont été faits et sont tout à fait clairs. Au fond, cela me paraît presque monstrueux de pouvoir empêcher les gens de contester. Sans cette loi, jamais il n'y aurait eu une polémique avec l'abbé Pierre. Il ne faut jamais donner l'impression que l'on porte atteinte à la liberté d'expression, même sur un sujet de ce genre."
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