28 février 2015

Ibn Arabi y San Juan de la Cruz. Roger Garaudy



IBN ARABI Y SAN JUAN DE LA CRUZ


Quisiera hoy evocar, limitândonos al estudio de sus sendas paralelas los dos mas grandes
misticos y mas grandes poetas de Espafia : Ibn Arabi nacido en Murcia (Andalucia) en 1165,
y San Juan de la Cruz, nacido en Fontiveros (Castilla la Vieja) en 1542.
El uno y el otro, rompieron, como lo hizo Jésus, con todas las imâgenes que hasta entonces se
hacian de Dios: con la imagen tradicional de un Rey todopoderoso dirigiendo desde lejos y
desde arriba el destino de los hombres y el de los imperios. Por el contrario ellos concebian
un Reino en el que se entraba, no por la conquista sino por la renuncia, concebian la union
con Dios no como una creencia, es decir de una manera pensada, sino como una fe, es decir
como una actitud. Esta ruptura fue el motivo por el que conocieron, tanto el uno como el otro
la persecuciôn. Ibn Arabi fue expulsado de Côrdoba y obligado a exiliarse debido al
integrismo de los fuqahas enterrados en el machaconeo de las tradiciones, y San Juan de la
Cruz, el buscador de Dios volviendo a las fuentes, es decir a Jesûs, fue encerrado en una
mazmorra en Toledo por los integristas de su época que no admitian que se pudiera conocer a
Dios y vivir segûn Dios fuera de las tradiciones de la Iglesia.

26 février 2015

Manolis Glezos inquiet pour le peuple grec: "Entre l'oppresseur et l'oppressé, pas de compromis. La seule solution, c'est la liberté"


"Changer le nom de la troïka en « institutions », celui du mémorandum en « accord » et celui des créanciers en « partenaires », ne change en rien la situation antérieure.
L’on ne change pas non plus, bien entendu, le vote du peuple Grec aux élections du 25 janvier 2015.
M.Glezos en 1967. Photo
"Les lettres françaises
"

Il a voté pour ce que SYRIZA avait promis : abolir le régime d’austérité qui n’est pas seulement une stratégie de l’oligarchie allemande mais aussi de celle des autres pays créanciers de l’Union européenne et de l’oligarchie grecque.
Nous abolissons les mémorandums et la troïka, nous abolissons toutes les lois de l’austérité.
Au lendemain des élections, d’une seule loi, nous abolissons la troïka et ses effets.
Un mois est passé et cette promesse n’est toujours pas transformée en acte.
Dommage et encore dommage.
Pour ma part, je demande au Peuple Grec de me pardonner d’avoir contribué à cette illusion.
Mais, avant que le mal ne progresse.
Avant qu’il ne soit trop tard, réagissons.
Avant toute chose, par le biais d’assemblées extraordinaires, dans toutes les organisations, quel qu’en soit le niveau, les membres et les amis de SYRIZA doivent décider s’ils acceptent cette situation.
D’aucuns prétendent que, pour obtenir un accord, il faut savoir céder. En tout premier lieu, entre l’oppresseur et l’oppressé, il ne peut être question de compromis, tout comme cela est impossible entre l’occupé et l’occupant. La seule solution c’est la liberté.
Mais, même si nous acceptions cette aberration, ce que les gouvernements antérieurs ont fait avec le chômage, l’austérité, la pauvreté, les suicidés, en soutenant les mémorandums, va bien au-delà de toute limite de compromis.

Manolis Glezos, Bruxelles, le 22 février 2015

http://www.okeanews.fr/20150222-glezos-je-demande-au-peuple-grec-de-pardonner-davoir-contribue-cette-illusion

24 février 2015

Université des Mutants: une utopie universaliste récupérable ?



Le portail des ressources scientifiques et pédagogiques de l'AUF (Agence Universitaire de la Francophonie)

L'UNIVERSITÉ DES MUTANTS: UNE UTOPIE UNIVERSALISTE RÉCUPÉRABLE ?
Pascal BEKOLO BEKOLO Université de Yaoundé 1





A l'orée du 3e millénaire, dans les années 1970, beaucoup de grands esprits furent comme saisis de vertige à l'idée des transformations merveilleuses dont le monde allait accoucher. Et, prophétisant ou prospectant scientifiquement, certains s'aventurèrent à prédire les grands changements du 3e millénaire. Le rêve Senghorien de la civilisation de l'universel, qu'il entrevoyait comme un rendez-vous idyllique du donner et
du recevoir participe de ces perspectives là.
Senghor crut d'autant plus fortement à son rêve que par un de ces magnifiques concours de circonstance
dont l'histoire a le secret, un outil formidable de la réalisation de son idée lui fut offert, sur ces entrefaites, par
son ami Roger Garaudy, philosophe, Directeur de l'Institut International pour le Dialogue des Civilisations.
1978 Garaudy et Senghor
 Il s'agissait de la proposition d'une université des mutants pour le dialogue des cultures faite, en 1978, à trois pays: le Mexique, le Sénégal et l'Iran, sur laquelle sauta littéralement le président sénégalais, et pour cause: leprojet de l'université des mutants, articulé sur deux principes: le développement endogène et le dialogue des civilisations, correspondait parfaitement à la civilisation de l'universel dont rêvait Senghor, articulée sur l'enracinement dans les valeurs de la Négritude et l'ouverture aux apports étrangers. Le problème pour chaque homme ou femme de chaque civilisation, affirmait Senghor, est de s'enraciner au plus profond de sa propre civilisation pour mieux s'ouvrir aux pollens fécondants venus des quatre horizons.
Le président Senghor décida d'implanter l'Université des Mutants dans l'île de Gorée pour la baigner dans une symbolique forte. L'île de Gorée symbolisait, en même temps, la souffrance noire et le pardon noir,
partant l'esprit de fraternité et de coopération internationales. Pendant trois siècles et demi qu'a duré la Traite des Nègres où, pour 200 millions de déportés, sont morts quelques 20 millions d'hommes et Gorée avait
servi de dernière escale avant les Amériques. Malgré ce génocide, le plus grand de l'histoire, la Nègrerie
décidait de pardonner pour prendre sa place autour de la table de l'universel et apporter sa voix au
dialogue des civilisations.
L'animation et la recherche à l'Université des Mutants furent conduites sur deux axes thématiques:
Le développement endogène et autocentré,
L'ouverture aux autres sous la forme d'un dialogue des civilisations.
Si le concept de développement endogène, c'est-à-dire un développement s'inspirant des valeurs et préoccupations propres à chaque peuple, exigeant la participation active des individus et des pays qui en sont les sujets et les bénéficiaires, paraît familier, il n'est pas inutile de rappeler que la notion de dialogue
des cultures a pour principe de base la conviction profonde que les finalités, les objectifs, et la 
signification de la culture, ne sauraient se définir (quels que soient par ailleurs leurs mérites indubitables)
à partir des seules valeurs de l'humanisme occidental, mais en faisant plutôt appel dans le cadre d'un dialogue fécondant, à l'Afrique, et à l'Islam, grâce auxquels pourraient être conçus et vécus des rapports nouveaux, plus équilibrés entre l'homme et la nature, entre l'homme et l'homme, entre l'homme et le divin.
Or force était de constater que depuis plusieurs siècles la civilisation dite occidentale, se fondant sur sa suprématie scientifique et technique, avait imposé son modèle au reste du monde un modèle et ce de façon
souvent si écrasante, qu'il devenait presque inconcevable d'imaginer qu'unmodèle différent de croissance puisse apporter aux peuples en lutte contre le sous-développement, le progrès, la justice, la prospérité, la sécurité. 
Aussi Senghor doutait-il qu’un progrès majeur pût être réalisé sur la voie d'un nouvel ordre mondial de l'économie si ne s'instaurait, auparavant,un nouvel ordre culturel mondial.
Si, en effet, un Américain juge insuffisant le revenu annuel de 7000 dollars par tête d'habitant qui est celui de son pays et suffisant celui de 200 dollars qui est celui des pays les plus pauvres, disait Senghor, on aurait tort de le croire raciste. Le préjugé qui l'aveugle n'est pas d'ordre racial, mais culturel. «Ces gens là», pense-t-il, «n'ont pas de besoins: ce sont des sauvages». C'est pourquoi, continuait-il, nous ne cessons de l'affirmer: il n'y aura pas de nouvel ordre économique mondial tant que n'aura pas été élaboré - et admis par les pays développés - un nouvel ordre culturel mondial. Celui-ci s'appuiera sur ce fait, historique, que toutes les
premières civilisations, et les plus grandes, sont nées, sans exception, aux latitudes de la Méditerranée, là où se sont rencontrées les trois grandes races: la blanche, la jaune, la noire -cotées par ordre alphabétique. Cest ce qui fait de l'espace méditerranéen une matrice exemplaire des civilisations.
La civilisation de l'Universel, vue par Senghor, est un rendez vous du donner et du recevoir où chaque civilisation apporte sa contribution notamment: la civilisation négro-africaine, la civilisation de l'Occident, autant de visions du monde s'expriment à travers les rapports homme-nature, homme - homme, homme -
Dieu. Contrairement aux idées reçues, l'Afrique a beaucoup apporté au monde. L'apport de l'Homme noir se
manifeste à tous les âges de l'histoire et à toutes les phases de l'humanité. 
Si l'homo sapiens a pu surgir de la demi-animalité des temps primitifs, qui avaient duré quelques 5 000000 d'années, c'est qu'il était le produit d'un croisement. L'Homo sapiens se réalise au moment où les différentes races d'hommes, ne se battent plus systématiquement comme auparavant, mais s'unissent, mêlant, avec leurs sangs, les traits les plus  fécondants de leurs civilisations respectives.
La première civilisation de l'Homo sapiens, dans le paléolithique supérieur, la civilisation dite aurignacienne, a été fondée par les Négroïdes et elle est caractérisée, pour la première fois par l'expression de l'homme intérieur et de ses idées-sentiments: par l'œuvre d'art.
La présence des Noirs au début de J'histoire est également significative. Les Grecs, comme on le sait, sont 
les fondateurs de la civilisation albo-européenne d'où est né, à travers la renaissance, le monde moderne. Or, les écrivains grecs n'ont cessé, d'Homère à Strabon, de présenter les «Ethiopiens», c'est-à-dire les Noirs, comme les premiers fils de la terre, et comme les civilisateurs. Si l'on en croit Diodore de Sicile, les Egyptiens
reportaient les mérites de leur civilisation sur les éthiopiens, les Noirs de Nubie. Ce sont eux qui leur avaient apporté la religion et l'art.

Il faudrait entendre par «art», selon Senghor, la poésie au sens étymologique du terme, c'est -à-dire l'élan créateur lui-même, cette vertu qui permet à l'homme, non seulement de comprendre l'univers, dont lui-même
est partie, mais surtout de le transformer dans sa tête et par son art avant de réaliser dans les faits cette transformation. C'est pourquoi tout créateur d'une civilisation nouvelle a besoin de cette vision, de ce grain de folie qui s'appelle poésie.
Ce qui distingue la civilisation nègre et sa culture, c'est-à-dire l'esprit e cette civilisation, c'est le goût, mais surtout le sens de la vie et, partant, de la création même dans l'au-delà, qui définit mieux l'apport de la civilisation nègre à la civilisation de l'universel.
On ne connaît que trop les apports des autres civilisations pour devoir encore s'appesantir dessus. Il peut suffir de rappeler, en se basant sur les travaux de l'Université des Mutants, que:
S'agissant de l'Inde l'hindouisme a surtout opéré la conversion du «moi» individuel au «soi» universel.
De l'Islam nous héritons principalement d'un monothéisme intransigeant et de l'organisation d'une vaste communauté (la Umma), ainsi que de la pensée des «soufis»
Lla Chine a apporté au monde la révolution culturelle comme tentative de recherche d'un modèle de développement non occidental et non soviétique. Nous tenons aussi de la Chine la dialectique taoiste et la métamorphose du mandarinat. 
L'occident apporte au monde le. modèle faustien de civilisation; c' est à-dire l' individualisme et le rationalisme, le scientisme et le technicisme. L'occident nous bascule du mythe du progrès et de la croissance
indéfinie à la prise de conscience de l'entropie de s écosystèmes et de l'histoire. 
Sur la base des principes généraux ci-dessus, les séminaires de l'université des mutants redoublaient d'ingéniosité pour former les hommes nouveaux, les Mutants, chargés de réaliser l'avènement de la
civilisation de l'universel. L'Afrique elle-même fut déclarée «Société en mutation d'identité», dans la mesure où elle n'était ni tout traditionnelle ni développée, mais dans une situation d'ambiguïté. la formation de ce mutant devint tout un programme, voire une idéologie.Nous étions au bord de créer un homme nouveau, parent du surhomme, chargé d'instaurer le monde nouveau. La révolution envisagée, n'avait d'égale dans l'histoire, que le passage de l'homme naturel et chasseur à l'agriculteur.
D'une session à l'autre, surenchérissait sur les espoirs portés sur cet homme nouveau. L'université des mutants, dit le professeur Ki, est une entreprise prophétique». Les prophètes sont à la fois les fils de leur
siècle et les éclaireurs d'un temps qu'ils sentent monter comme la grande et irrépressible marée de l'histoire. L'université des mutants était une fille du XXe siècle, mais aussi une étoile bergère d'un temps à venir qu'elle
contribue à procréer. La mutation devait être assumée et pilotée. Elle ne devait pas être le sous-produit de la mutation active des autres. Muter ou périr! conclut-il.
Muter ensemble ou périr ensemble. Pour donner toute sa vigueur à la révolution du millénaire, il fut créé une Association de l'Université des Mutants d'Afrique (UMA) dont votre serviteur fut retenu, avec le feu Prince Dika Akwa. comme représentant de l'Afrique Centrale, et une revue culturelle Mutant d'Afrique, dont votre serviteur fut le rédacteur en chef. La représentation camerounaise devait s'enrichir, en seconde génération, de la participation de Binam Bikoï et de Bassek Ba Khobio.
Le plan de développement de la révolution mutante prévoyait la création d'autres universités des mutants   dans d'autres pays, notamment l'lie Maurice et la Tanzanie.
L'atmosphère était si emballante que certains commencèrent à se demander si ce n'était pas trop beau. Etions-nous vraiment capables de changer le monde? Roger Garaudy, traduisit la question sous forme
philosophique et tenta d' Y trouver une réponse. «Les mutants, rappela-t-il à sa façon, sont des hommes qui portent en eux un monde encore à naître. Tout le monde extèrieur. Celui de la politique et celui de la foi. Des hommes qui portent en eux Robespierre et Ghandi, St. François d'Assise et Mao Tsé Toung.  Nous taxera-t-on d'utopie? Est-ce une utopie que de croire que l'on peut vivre autrement? Alors, tout ce qu'il y a de grand en histoire serait utopie, car il n'est de grandeur que dans l'irrécusable vouloir de vivre autrement».
Et pourtant l'histoire n'a pas donné raison à l'enthousiasme et à la foi des fondateurs. Car tout ce que je viens de raconter là n'a duré que trois ans, de 1978 à 1980, les dernières années présidentielles de l'initiateur, Léopold Sédar Senghor. Ni son successeur, ni aucun autre pays ne reprit le flambeau de la mutation. Et nous savons ce qu'il advint.
 Aujourd'hui c'est la mondialisation qui règne, dont chacun peut aisément déterminer la
différence avec le rêve Senghorien. A la place du rendez-vous du donner et du recevoir, c'est l'unilatérisme qui se profile. La mondialisation, par bien des côtés, ressemble à l'occidentalisation de la planète. Le monde va à l'occident. a dit quelqu'un, comme les fleuves vont à la mer.
En second lieu, la civilisation nègre à laquelle croyait Senghor, cherche toujours son identité et sa reconnaissance. Les civilisations contemporaines ne citent guère la civilisation africaine. Hungtinton, auteur
du best seller LE CHOC DES CIVILISATIONS, ne retient que les civilisations chinoise, occidentale,  japonaise, etc. Il manquerait à la négraille, pour constituer une civilisation, les deux éléments constitutifs de
la civilisation: à savoir une religion et ou une langue. J'ai été tellement effrayé de ces découvertes que je suis allé revisit er Cheik Anta Diop, notre spécialiste en la matière, notamment dans son livre L'Unité Culturelle Nègre, pour chercher une manière de consolation. Et je n'ai trouvé pour toute preuve de cette - unité culturelle qu'une parenté des lignages et de l'organisation de la famille entre les peuples d'Afrique. Point de religion africaine, et encore moins de langue.
Enfin, la culture ne semble occuper la place que Senghor lui donnait que dans la tête de Senghor. Pour Senghor en effet, la culture, âme des civilisations, est l'alpha et l'oméga de la vie. "Au commencement était le
verbe, la culture, et à la fin sera le verbe, la culture," disait t-il. Ou encore, "la culture précède l'économie, comme la recherche des fins précède l'organisation des moyens." Et il entendait par là que c'est la culture
doit dicter ses buts et ses objectifs à la science, à l'économie et à la technique. Je regarde autour de moi, je ne vois que la loi de armes, des trusts, des réseaux médiatiques puissants, du pétrole et de toutes sortes de convoitises. Les valeurs culturelles de justice, d'égalité, d'humanisme ont foutu le camp. La raison même n'a plus raison. 
Vous ne pouvez pas comprendre le monde moderne à partir de la logique. A chacun de ses carrefours,   l'histoire est courtisée par de nombreuses utopies dont une seule finira par féconder l'avenir. La première
expérimentation de l'université des mutants s'est interrompue brutalement, par la suite de démission de son réalisateur, le président Senghor. Mais l'idée est restée debout [...]

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Pascal Bekolo Bekoloalias Pabé Mongo – est né en 1948, à Doumé, à l’est du Cameroun. Il fait des études supérieures de lettres et de philosophie. Après une maîtrise en philosophie, il obtient le doctorat ès lettres. D’abord professeur à Eséka et à Bertoua, il occupe ensuite plusieurs postes de responsabilités aux Affaires culturelles et à l’Information. Il est actuellement secrétaire général du centre universitaire de Ngaoundéré au Cameroun.
Depuis 2005, Pabé Mongo a mis sur pied un atelier d’écriture permanent à la Centrale de lecture publique de Yaoundé. Il est également à l’origine de la théorie littéraire Nolica (nouveauté, littérarité et camerounité).


Tel père, quel fils, roman, 1984, Éditions NEA/Édicef.
Père inconnu, roman, 1985, Éditions Clé (Yaoundé).
Innocente Assimba, théâtre, 1971.
Bogam Woup, roman, 1980, Éditions Le Flambeau (Yaoundé).
La guerre des calebasses, théâtre, 1982, Éditions Hatier (Paris).
L’homme de la rue, roman, 1987 Éditions Hatier (Paris).
Nos ancêtres les baobabs, 2000, Éditions L’Harmattan.
Le livre du monde. Voyage en Chine, Ediactions, Yaoundé, 2001
Le Livre du monde: voyage en chine, Yaoundé, Edi'Action, 2001, 159 pages - See more at: http://www.africultures.com/php/index.php?nav=article&no=4227#sthash.j8wTUufQ.dpuf


Le Livre du monde: voyage en chine, Yaoundé, Edi'Action, 2001, 159 pages - See more at: http://www.africultures.com/php/index.php?nav=article&no=4227#sthash.j8wTUufQ.dpuf


Le Livre du monde: voyage en chine, Yaoundé, Edi'Action, 2001, 159 pages - See more at: http://www.africultures.com/php/index.php?nav=article&no=4227#sthash.j8wTUufQ.dpuf


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A lire sur ce blog le témoignage d'un "mutant":  http://rogergaraudy.blogspot.fr/2011/12/le-journal-dun-mutant-par-joseph-boly-1.html et suivants

22 février 2015

Le dialogue selon Senghor: tolérance, patience, mais non faiblesse

LE DIALOGUE DE SENGHOR EST FAIT DE TOLERANCE ET DE PATIENCE, MAIS NON DE FAIBLESSE

novembre 1976

par Gabriel d’Arboussier

Dieu dans sa miséricorde pèse dans sa main le poids de gloire et de bonheur qu’il accorde à chacun et Napoléon dit que la gloire est le deuil éclatant du bonheur.
Aussi, au juste tribut d’hommage qu’un peuple de parents, de frères et d’amis vous porte de tous les continents, en ces jours lumineux d’hivernage où tour à tour la presqu’île du Cap-Vert se revêt de nuages dont les teintes vont du gris évanescent au rose le plus subtil que les vents alizés disputent aux violences de nos tornades, je joins le témoignage de fierté affectueuse de ceux qui vous ont précédé, de ceux qui vous ont accompagné et de ceux qui vous suivront dans la longue marche entreprise par les peuples d’Afrique depuis des millénaires vers la lumière.
D’Erasthostème de Siene aujourd’hui Assouan et Esope, d’Abou Bakr et Ibn Batouta, des Askia et Ousmane Dan Fodio, d’El Hadj Omar et Ahmadou Bamba, de Kotie Barma et Seydou Nourou Tall, de Soundiata et Samory, d’Abra Pokou et les Amazones du Bénin, de Pouchkine et Alexandre Dumas, de Sylvestre Wimmiams, d’Aggrey dont le fils Ambassadeur des Etats-Unis se trouve parmi nous, de Macaulay de Burghard Dubois, de Cleaver, de Paul Robeson et Marian Anderson, de Valentin et Blaise Diagne, de René Maran à Aimé Césaire et Léon Gontran Damas à l’équipe de Présence Africaine, c’est la même lignée qui nous inspira, huit élus de l’Assemblée constituante française d’octobre 1945 où nous nous rencontrions pour la première fois.
Et sans nous connaître nous nous reconnaissons car le même sein Diawando nous avait allaités. Oh ! Puissance de la génétique.
Un autre lait des sources spirituelles d’Athènes et de Rome nous avait nourris, ce qui vous faisait dire chaque fois que nous nous croisions dans la salle des Pas Perdus du Palais Bourbon :« Comme les aruspices nous ne pouvons nous regarder sans rire ». En effet, une complicité seule connue de nous, empêchait malgré notre état de nous prendre au sérieux, je veux dire à l’ennuyeux. Ces huit compagnons que dominait la personnalité de Lamine Guèye dont seuls quatre survivants peuvent assister de près ou de loin à ces jours dakarois vivants ou morts et nos compagnons depuis disparus participent, j’en suis sûr, à la célébration du dixième anniversaire de votre âge de raison.
De la longue maturation qui va des rives du Sine et de la petite Côte à celles de la Seine et de la Méditerranée vous avez non seulement affirmé les valeurs négro-africaines que chantait déjà Camoens dans un merveilleux poème.
A Preitadao de Amor
A Tao Doce figura
Que la Neve lhe Jura
Que Trocara a Color
La Négritude d’Amour
A si douce figure
Que la neige s’est jurée
De changer de couleur,


mais vous avez encore conçu la notion de la Civilisation de l’Universel dont s’inspire l’Institut International pour le Dialogue des Civilisations imaginé et fondé par Roger Garaudy et moi-même et au nom duquel je vous apporte notre salut fraternel. Ce dialogue dont vous faites la pierre angulaire de la politique, base du palabre africain fait de tolérance et de patience mais non de faiblesse, nous permet à point nommé de sortir des impasses de la violence polémique.
Car il a cette vertu de concilier l’irrationnel et le rationnel, comme la poésie dont les règles contraignantes de la métrique fille de la raison favorisent le surgissement de la passion fille de l’intuition, comme l’éclair illumine la sombre puissance des orages.
Dans cette tâche à peine amorcée et que vous suivez avec intérêt et même passion, nous découvrons toute la dimension de l’apport des sciences et des arts de l’Afrique au fonds commun de l’humanité.
Notre terre maternelle n’a jamais été et ne sera jamais un musée vivant ou mort, mais ce creuset admirable qui a donné ce que l’on considère aujourd’hui comme la première sculpture du monde qui inspire toute la sculpture et la peinture moderne.
Lorsque nous tremblons de perdre la momie de Ramsès II œuvre africaine, on découvre à Nok des trésors insoupçonnés.
Mais quel beau symbole de coopération que l’on tente de sauver Ramsès au Musée de l’Homme de Paris.
Et la musique et la danse africaine n’ont-elles point conquis droit de cité au point que l’un de mes amis Ukrainiens me disait que si l’Europe était mère de la mélodie, l’Afrique est mère du rythme. Et Maurice Béjart n’est-il pas l’un des plus grands danseurs et chorégraphes de ce siècle.
Voilà pourquoi Roger Garaudy affirmait ici avec force que l’enseignement de nos jours devrait consacrer plus de temps à l’esthétique qu’à l’histoire, ce que vous n’avez cessé de dire.
Mais de plus ce colloque de Dakar n’a-t-il pas démontré l’absurdité de la dichotomie arts et sciences que Paul Valéry, le poète mathématicien, a dénoncée par sa vie et son œuvre.
Et la pléiade de jeunes savants et techniciens qui monte de toutes parts en Afrique n’est-elle pas là pour balayer la prévention contre l’absence d’esprit scientifique du noir.
Que ce soir et demain, après l’accueil maternel de Joal, les fanals des jeunes de Saint-Louis et les danses et les chants de Dakar viennent non seulement vous souhaiter un affectueux anniversaire mais que le rythme de nos tam-tam, de nos koras, de nos khalams et de nos balafons mette avec le bonheur de tout un peuple apaisé, un baume sur le cœur d’un homme ayant accompli sa tâche mais que le destin a blessé encore une fois profondément dans ses affections les plus chères.
Que Dieu te garde, Léopold Sédar.

Pages 18 à 20

21 février 2015

Réflexion sur l'espérance. A propos notamment du livre de Garaudy "Le projet espérance". Par Pierre Masset


http://rogergaraudy.blogspot.fr/2010/08/le-projet-esperance.html


Prenant occasion de la parution récente en traduction française
du Principe Espérance (tome I) du philosophe marxiste Ernst
Bloch *, faisant d'autre part le rapprochement avec la Théologie
de l'espérance de Jûrgen Moltmann *, dont l'auteur lui-même déclare,
dans la préface de la troisième édition allemande, que ce livre
doit beaucoup au Principe Espérance de Bloch, le présent article
veut être une réflexion sur l'espérance. Le livre récent de Roger
Garaudy, Le Projet Espérance [Robert laffont éditeur, NDLR], 
 s'inscrit lui aussi dans cettemême perspective. Marxiste, chrétienne, 
ou tout simplement humaine,l'espérance est une des grandes questions, 
peut-être la grandequestion, englobante et universelle, que se pose l'homme
de notre temps. L'espérance comme le désespoir ont été vécus dans tous
les temps. Mais il appartient peut-être à notre époque de penser
l'espérance. C'est pourquoi, laissant de côté les pratiques vécues —
politiques, scientifiques, artistiques, économiques ou autres — qui
peuvent toutes engendrer selon les cas soit l'espérance soit le
désespoir, nous nous en tiendrons ici au niveau des doctrines. De

1. Le Principe Espérance, tome I, Paris. Gallimard, 1976, 529 p. Les trois
tomes comprendront au total quelque 1.600 pages. En langue allemande. Des
Prinzip Hoffrmng a été édité en 1954 à Berlin-Est et en 1959 à Francfort.
2 . Théologie der Hoffnung, Munich, 1964. En traduction française, la
Théolo gie de L’espérance a paru à Paris {Cerf - Manie) en 1970 (395 p. ; en appendice,
p. 367-395, un débat avec Ern. Bloch). En 1973 ont été publiés la 3« édition, mise
a jour, de la Théologie de l'espérance — nous citerons cette édition — et dans
un volume II, Débats, la traduction partielle de Diskussion ùber die
 « Théologie der Hoffung » ainsi que des études de M. Ma&sard, H. Mottu et P. Eyt.
3. Paris, R. Laffont. 1976. Dans cet article nous utiliserons les sigles
suivants : Pro. = GARAUDY. Le Projet Espérance. — […]

ce point de vue, si l'on met à part les diverses formes d'humanisme
rationaliste, dont le point d'aboutissement paraît être le nihilisme
et le désespoir structuralistes, il semble qu'il n'y ait à l'heure actuelle,
pour nous parler d'espérance, que le marxisme et le christianisme.
L'espérance marxiste a son origine chez Marx lui-même, dans
ce désir profond qui est le sien de libérer l'homme de « l'exploitation
capitaliste », de le « désaliéner », et d'instaurer une société où
« le libre développement de chacun sera la condition du libre développement
de tous », Contrairement à ce que disent certains,
comme Althusser, il ne semble pas qu'il y ait deux Marx, le jeune
Marx des Manuscrits et le Marx adulte du Capital, qui serait
le vrai Marx ; ce dernier ignorerait les thèmes humanistes, et donc
l'espérance. En réalité, si les points d'insistance sont différents
chez l'un et chez l'autre, l'espoir de désaliéner l'homme est justement
ce qui les unit. Si le Marx du Capital en est venu à une
analyse serrée des conditions de vie des hommes et des mécanismes
économiques de la société capitaliste, c'est bien parce qu'il
ne s'agit pas chez lui d'un simple voeu platonique ; l'espérance
a chez Marx le visage de la volonté, bien décidée, par l'analyse
de la situation concrète et par la mise en oeuvre de la révolution
prolétarienne, à faire aboutir le projet de l'espérance. Le marxisme
a, dans son ensemble, hérité de cette espérance. Toutefois certains
penseurs marxistes manifestent à son endroit une particulière estime.
Dans son ouvrage Le Projet Espérance comme dans toute son
oeuvre antérieure, R. Garaudy prône l'avènement d'une société
libérée de la croissance économique sauvage et des injustices sociales
qu'elle entraîne, d'une société socialisée et autogestionnaire, où tous
et chacun seraient créateurs, en commun, de l'histoire humaine, et
sur tous les plans à la fois : économique, social, politique et culturel.
Ce projet, dit-il. n'est pas utopique. Il repose sur une conception
de l'homme, selon laquelle le possible chez l'homme fait partie du
réel, le possible est déjà du réel ; l'homme est dépassement et
transcendance, rupture avec le donné et projection dans l'avenir.
La transcendance est ici « cette dimension de l'homme prenant
conscience qu'il n'a pas d'autre essence que son avenir et qu'il
vit d'être inachevé» (Pro. 182). Dès lors, l'histoire, pour être
vraiment humaine, doit être en rupture avec l'ordre établi et tous
les déterminismes prétendument scientifiques, elle doit être l'oeuvre
de l'homme conscient de son pouvoir créateur. Elle est une création
et une résurrection perpétuelles. Cette conception de l'homme et
de la société se fonde en dernier ressort, et Garaudy en convient,
‘’sur un postulat, sur un acte de foi ‘’. Elle fait de la transcendance
de l'homme « sa dimension première, fondamentale » (Pro. 184-185),
une transcendance purement horizontale, dans la ligne d'un avenir
toujours nouveau.
C'est précisément cette anthropologie qui constitue le point faible
de la conception que Garaudy se fait du monde, et en particulier
de sa conception de l'espérance. Cette croyance en l'homme, en
sa créativité, cette confiance en l'homme et en l'avenir ne repose
sur rien. Ce n'est certes pas l'expérience du passé (de l'homme
ou de l'histoire) qui permet d'escompter un avenir aussi prometteur
— et d'ailleurs l'espérance se veut ici, par définition, rupture
avec le passé. Ce n'est pas non plus une puissance divine quelconque,
qui ne saurait trouver place dans l'univers garaudyen.
Ce n'est pas davantage la Nature ni la Matière, comme c'est le
cas chez Ernt Bloch, et déjà chez Engels ; ni ces succédanés de
la Nature que seraient « une dialectique historique conçue comme
cas particulier d'une dialectique de la nature » ou encore le fameux
«sens de l'histoire» (Pro- 181).
Cette foi en l'homme, cette confiance en l'espérance, ne repose
donc que sur elle-même. Elle est le fait d'un « choix, irremplaçable,
indémontrable» (Pro. 184). Elle s'identifie à la prise de conscience
de l'homme comme transcendance et créativité. Il nous semble
toutefois que si la transcendance est simplement la « présence de
l'avenir dans l'homme », la « dimension prophétique de la vie ».
comme le dit Garaudy (Pro. 185). Rien ne nous autorise à espérer
que cet avenir sera bon, qu'il sera meilleur que le présent. Une
réflexion philosophique sur l'espérance ne peut pas faire l'économie
de la valeur, notion qui manque cruellement à la philosophie de
Garaudy. la valeur qui permet seule de déterminer la bonté de
la chose espérée ainsi que la vérité de l'espérance. La créativité
peut engendrer la destruction aussi bien que la création. La transcendance
peut être, selon la profonde distinction de Jean Wahl.
transascendance aussi bien que transdescendance. Garaudy veut
travailler à l'avènement d'un monde où tous seraient poètes.
c'est-à-dire, d'après le sens étymologique du mot. où tous seraient
créateurs. Peut-être est-ce un poète, mais au sens ordinaire du
mot, qui parle ici : un poète comme créateur de mots, comme
créateur de beauté ; mais la beauté n'est pas nécessairement vérité.
Garaudy est assurément un esthète, en même temps qu'un moraliste,
mais seule la dimension métaphysique peut fonder la vérité. L'espérance
est belle, oui. Mais n'est-elle pas illusion ? C'est tout le
problème philosophique de l'espérance. Garaudy ne l'a pas abordé,
pas plus dans ce dernier ouvrage que dans toute son œuvre

[…]

Pierre MASSET, Pour une philosophie de l'espérance, 1977

Nous n'avons reproduit que la partie de l'article qui traitait directement du livre de Garaudy.NDLR