30 mars 2011

Danzar su vida

Analía Melgar

Danzar su vida, de Roger Garaudy
En 1973, el filósofo francés Roger Garaudy publicó, a través de ediciones Seuil, Danser sa vie. El prólogo de ese libro fue realizado por el famoso coreógrafo Maurice Béjart. Allí, luego de distinguir entre danza profana y de danza sagrada, luego de proponer a la danza como una meditación en movimiento, Béjart ofrece una de las claves para entender la totalidad de la propuesta de Garaudy: “El lugar de la danza está en la casa, en la calle, en la Vida”.
Precisamente por esa conexión entre la danza y la totalidad de la experiencia humana, es posible articular en la profusa obra de Garaudy un texto como Danzar su vida, aparentemente desvinculado de las preocupaciones políticas, históricas y morales de su autor. Aquí, la danza es tratada como un arte que es “una forma de existir. No simplemente juego sino celebración, participación y no espectáculo”.
Ahora bien, para verificar esta hipótesis, Garaudy se documenta fuertemente y procede a hacer un libro que, antes que un ensayo, es una investigación a partir de la cual brinda a diferentes artistas un lugar en la historia de la danza. El resultado de este estudio está organizado en tres grandes bloques: La danza de la vida, Los pioneros, Los creadores de la danza moderna, La danza a partir de 1950.
La parte central de este libro está formada por un repaso por grandes figuras de la danza moderna y contemporánea, de principios y mediados del siglo XX: Isadora Duncan, Ruth Saint-Denis y Ted Shawn, Martha Graham, Mary Wigman, Rudolf von Laban, Doris Humphrey, Alwin Nikolais, Merce Cunningham, Maurice Béjart. Este repaso se apoya en buenas fuentes, que se mencionan en la bibliografía final, y una arriesgada interpretación personal, que, no obstante no se permite caer en la falta de justificación sino todo lo contrario. Para el caso de George Balanchine, por ejemplo, Garaudy argumenta su escasa presencia dentro de este libro: “Si en este ensayo sobre la danza moderna no hemos consagrado ningún capítulo a Georges Balanchine, es porque él sólo participó marginalmente en las experiencias vitales de nuestro siglo, y porque, finalmente, no ha hecho una contribución decisiva a la creación. […] se trata de un arte exterior a la vida, que no pasa de ser un divertimento”.
De este modo, Garaudy escapa de una tendencia lamentable en muchas compilaciones acerca de la historia de la danza: la acumulación de datos sin análisis ni toma de postura al respecto. Por el contrario, a partir de su determinación del verdadero sentido de la danza, el autor trata la obra de cada uno de los creadores de la época en que se concentra este libro, sin por ello caer en omisiones imperdonables.
Otras de las virtudes Danzar su vida proviene de la amplitud de la cultura de Garaudy. Su libro es un manual, accesible, grato, bien informado. Pero entra en la profundidad de los fenómenos tratados y, por ejemplo, para entender la que él llama nueva danza, procede a vincularla al estado de otras artes contemporáneas al desarrollo coreográfico. Entonces, las vanguardias en la danza se comprenden en el correlato del surrealismo, de Beckett, de Robbe-Grillet, de Faulkner, de Boris Vian, según diferentes casos.
En síntesis, este libro vale la pena leerse por su capacidad de combinar información y análisis, datos y creencias, objetividad y apasionamiento. Para quien desee conocer y comprender el pasado reciente de la danza contemporánea en el ámbito internacional, y poder vincularlo con el presente, Danzar su vida es un camino ameno y preciso.

[Roger Garaudy, Danzar su vida (Lin Durán, Hilda Islas y Dolores Ponce, trad.), México, Conaculta-CENIDID, 2003].

26 mars 2011

Khadafi et le socialisme musulman

En 1969, le capitaine Khadafi prend le pouvoir en Lybie. Se réclamant du pan-arabisme et du socialisme, il s'inscrit alors dans un mouvement global progressiste lorsque Roger Garaudy le rencontre. Voici le compte rendu que ce dernier donne de leur entretien dans son livre "Appel aux vivants" (pages 294-295 de l'édition dans la collection "Points-Actuels" au Seuil, 1979).Chacun jugera si Khadafi s'est tenu ou non sur la voie qu'il se fixait alors...
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Cette même liaison intime de la politique et de la foi, je l'ai retrouvée dans les propos que me tint, dans les plaines herbeuses qui entourent Tripoli, en 1978, le colonel Khadafi.
L'essentiel de notre entretien avait porté sur la Bible et le Coran avant que nous n'abordions les problèmes politiques. Rejetant tout fanatisme et tout sectarisme comme contraire à l'"oecuménisme" du Coran, Muammar Khadafi me citait les versets (136 sq) de la IIe sourate du Coran:
     Nous croyons en Dieu,
      à ce qui nous a été révélé
      à Abraham, à Ismaël, à Isaac, à Jacob et aux tribus,
      à ce qui a été donné à Moïse et à Jésus;
      à ce qui a été donné aux prophètes,
      de la part de leur Seigneur.
      Nous n'avons de préférence pour aucun d'entre eux.
      Nous sommes soumis à Dieu.

"Ce texte, me dit Khadafi, est répété sous différentes formes plusieurs fois dans le Coran. Un musulman fidèle au prophète se doit d'honorer et de vénérer Abraham, Moïse et Jésus. Car il est dit dans la révélation que Dieu a envoyé à chaque peuple son messager et son prophète."

Dans cet esprit, Khadafi établit le lien entre la loi religieuse constitutive de la communauté et la Constitution comme loi fondamentale édictée par l'homme.
La traduction politique de cette loi sacrée, c'est une démocratie sans délégation de pouvoir et sans aliénation. "Pas de substitut au pouvoir du peuple, dit Khadafi, ni à travers des partis ni à travers des parlements, mais, au-delà de l'imposture de la représentation, démocratie directe par les comités populaires et les congrès populaires qui sont l'émanation directe des entreprises, des coopératives agricoles, des universités, des villages, des quartiers."

Sur le plan économique, la propriété publique ne doit pas passer par l'intermédiaire d'un étatisme qui n'abolirait pas, mais, au contraire, perpétuerait le système du salariat. Le salariat dépouille le salarié de ses droits sur ce qu'il a produit, que la propriété soit privée ou étatique. 
A partir de là Khadafi définit le socialisme comme un régime dans lequel nul homme ne peut exercer sur un autre homme le pouvoir mortel de le priver de la satisfaction de ses besoins fondamentaux: le revenu, le logement, le transport, mais aussi la terre, mais encore tous les autres besoins matériels et spirituels. Telle est la loi humaine lorsqu'elle est conforme à la loi sacrée.

21 mars 2011

Les Etats-Unis, avant-garde de la décadence


Pour comprendre comment, aujourd'hui, la désintégration des mœurs et des arts a pour l'une de ses causes essentielles la diffusion (et les illusions) du «mode de vie américain », il est nécessaire de situer le problème dans la perspective de l'histoire américaine, car la décadence de la culture, ne jouant aucun rôle régulateur dans la vie de la société, découle de la formation et de l'histoire des États-Unis.
En Europe, la culture et les idéologies ont toujours joué un rôle important dans la vie politique, qu'il s'agisse par exemple de l'Europe de la Chrétienté, de l'âge des Lumières et de la Révolution française, du siècle des nationalités - et des nationalismes - ou du marxisme et de la Révolution d'octobre.
En Amérique, en dehors des autochtones indiens dont la haute culture régulait les relations sociales (comme chez les Incas), mais qui ont été décimés à 80 % par le grand génocide, refoulés, marginalisés et finalement parqués dans les réserves, tous les hommes qui peuplent aujourd'hui les États-Unis sont des immigrants.
Quelles que soient leur origine et leur culture première, ils sont venus essentiellement pour chercher du travail et gagner de l'argent. Irlandais ou Italiens, esclaves noirs déportés aux Amériques, Mexicains ou Portoricains, ils avaient chacun leur religion et leur culture; mais pas une religion et une culture communes. Le seul lien qui les rassemble est analogue à celui qui lie le personnel d'une même entreprise.
Les États-Unis sont une organisation de production régulée par la seule « rationalité» technologique ou commerciale, à laquelle on participe comme producteur ou consommateur, avec pour seule fin un accroissement quantitatif du bien-être. Toute identité personnelle, culturelle, spirituelle ou religieuse est considérée comme une affaire privée, strictement individuelle, qui n'intervient pas dans le fonctionnement du système.
A partir de telles structures sociales, la foi, la foi en un sens de la vie, ne peut vivre que dans quelques communautés qui ont gardé l'identité de leur culture ancienne, ou chez quelques individus héroïques. Dans l'immense majorité de ce peuple, Dieu est mort, parce que l'homme y a été mutilé de sa dimension divine: la quête du sens. La place est alors libre pour le pullulement des sectes et des superstitions, les évasions de la drogue ou du petit écran, le tout recouvert d'un puritanisme officiel qui s'accommode de toutes les inégalités et de tous les massacres, et leur sert même de justification.
(pp. 21-22)
 
La violence la plus sanglante et sa caution par une religiosité hypocrite est un trait permanent de l'histoire des États-Unis, depuis leur origine. Les premiers puritains anglais qui débarquèrent en Amérique y apportaient la croyance la plus meurtrière pour l'histoire de l'humanité: celle de « peuple élu », légitimant, comme des « ordres de DIEU », les exterminations et les vols de la terre des autochtones selon le modèle du livre biblique de Josué, où le « DIEU des armées» donne à « son» peuple la mission de massacrer les premiers habitants de Canaan et de s'emparer de leur terre.
De même que les Espagnols avaient appelé « évangélisation» le génocide des Indiens du sud du continent, les puritains anglais invoquèrent, pour justifier leur chasse aux Indiens et le vol de leur terre, le livre de Josué et les «exterminations sacrées» (herem) de l'Ancien Testament. « Il est évident, écrit l'un d'eux, que DIEU appelle les colons à la guerre. Les Indiens se fient à leur nombre, à leurs armes, aux occasions de faire le mal, comme probablement les anciennes tribus des Amalécites et des Philistins qui se liguèrent avec d'autres contre Israël. » (Truman Nelson: « The Puritans of Massachussets : From Egypt to the Promised Land. Judaïsm. » Vol. XVI, n° 2. 1967.)
(p. 23)

Les États-Unis sortirent de la guerre dans une position de domination totale, une position sans parallèles historiques. Leurs rivaux industriels avaient été détruits ou sérieusement affaiblis, alors que leur production industrielle avait presque quadruplé durant les années de guerre.
Les États-Unis possédaient, à la fin de la guerre, la moitié de la richesse mondiale, alors que leurs pertes humaines étaient dérisoires comparées à celles du reste du monde. Cette guerre avait coûté à l'Allemagne plus de 7 millions et demi de morts (dont la moitié de civils), à la Russie plus de 17 millions de morts (dont 10 millions de civils), à l'Angleterre et à la France un million de morts, dont 450 000 civils, aux États-Unis 280 000 soldats (l'équivalent des morts par accidents d'automobiles aux États-Unis pendant la durée de la guerre).
(p. 33)

Le« nouvel ordre mondial» rêvé par les dirigeants américains est un autre nom pour la domination mondiale des États-Unis.
Le « droit d'ingérence» est le nouveau nom du colonialisme.
Débarrassées du contrepoids de l'Union Soviétique (bradée par les dirigeants russes et désintégrée par les nationalismes), les Nations Unies, composées désormais des États-Unis, de leurs débiteurs et de leurs clients, deviennent une chambre d'enregistrement des volontés américaines pour leur servir de couverture et d'alibi.
La gigantesque machine militaire américaine, constituée au temps de l'affrontement Est-Ouest, devenait disponible pour d'autres tâches.
L'Europe ne pouvait être une rivale mais une vassale. Le traité de Maastricht dit explicitement, à trois reprises qu'il s'agit d'en faire :"le pilier européen de l'Alliance atlantique".
(pp. 74-75)
Ce cauchemar n'est pas seulement dans le gouffre de nos écrans, mais au cœur même de nos vies et c'est à ce niveau aussi qu'il faut le combattre; la politique ne devenant alors que l'extérieur de l'intériorité des arts et de la foi.
La prétention à la domination mondiale des États-Unis est devenue si évidente (par le délabrement de la vie qu'ils prétendent exporter et imposer au monde entier), qu'elle soulève des colères à l'échelle universelle. L'Europe même, partageant pourtant les privilèges de l'Occident, commence à s'éveiller de la longue torpeur qui l'empêchait de prendre conscience qu'elle est en train d'être dépendante sinon colonisée.
(p. 149)

19 mars 2011

Milouda Charouiti Hasnaoui, Prix Roger Garaudy 2004

Une chercheuse marocaine remporte le prix Roger Garaudy
La chercheuse marocaine Milouda Charouiti Hasnaoui vient de remporter le prix Fondation Roger Garaudy sur "la splendeur andalouse du IX au XII siècles".
Charouiti Hasnaoui, professeur à la faculté des Lettres et des sciences humaines, université Abdelmalek Essaâdi de Tétouan, a remporté ce prix pour son étude sur "la pensée dans la Grenade Nasride aux XIV-XV siècles".

Selon le jury, le travail de la chercheuse marocaine apporte des données importantes sur le royaume Nasride de Grenade et mérite amplement ce prix qui a pour objectif d'encourager les recherches sur la contribution de l'Andalousie à la culture universelle pendant l'apogée de l'Espagne musulmane.

La Fondation Roger Garaudy, créée par le célèbre philosophe et islamologue français, vise à faire connaître la splendeur de l'Andalousie durant l'ère musulmane.

Source : L'Economiste-MAP

15 mars 2011

Sur le monothéisme du marché (El monoteismo del mercado)

EL MONOTEÍSMO DEL MERCADO
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El mercado es un lugar de intercambio de toda sociedad que implica una división del trabajo, desde los talleres de la prehistoria, cuyos stocks de sílek tallado atestiguan que no estaban destinados al uso personal sino al trueque (a cambio de otros medios de vida), hasta el tradicional mercado de pueblo, donde cada cual aporta sus huevos, sus pollos o sus legumbres para venderlos y procurarse así otros productos -herramientas, vestidos- o pagar los servicios del herrero o del barbero.
Ciertamente, en entre ambas formas de mercado hay una diferencia: la existencia de un intermediario, la moneda, que originalmente sirve como instrumento de medida para reducir a un denominador común los productos de trabajos que difieren tanto por su calidad como por su cantidad. Hasta aquí, sin embargo, el mercado sigue siendo un medio de comunicación e intercambio. Los fines últimos de la vida se definen al margen de él: vienen establecidos por las jerarquías sociales, las morales implícitas o explícitas, las religiones cuyo origen y fundamento es ajeno al mercado. El mercado sólo llega a convertirse en una religión cuando se erige en regulador único de las relaciones sociales, personales o nacionales, fuente única de la jerarquía y del poder.

14 mars 2011

Révolution à caractère spirituel

 Dans son livre ‘’Tamata et l’Alliance’’ (1993) Bernard Moitessier,navigateur français né en Indochine, écrit :
Hier j’ai recopié une page de « l’Appel aux Vivants » de Roger Garaudy, une page dont le souffle m’a littéralement envoyé sur orbite ! Alors j’ai voulu que ces lignes inspirées par le Ciel entrent dans le journal de bord pour que Stéphan (son fils) puisse les méditer quand il aura grandi. Pour mémoire, Roger Garaudy était député communiste et ami de l’Abbé Pierre.

Appel aux VivantsLa prochaine Révolution sera Spirituelle
L’expérience fondamentale et la révélation en nous du divin : « C’est l’acte créateur ».
Ouvrir cette brèche de transcendance en nous exige que l’on se place en ce lieu unique de jaillissement où l’acte de foi, la réation poétique et l’action révolutionnaire ne font qu’un.
Le Grand Art nous offre le modèle le plus évident de cette transcendance. J’appelle Grand  Art (en me référant, pour l’essentiel, aux arts non occidentaux ou à l’art occidental avant la Renaissance – XV et XVI° siècle) le contraire de l’art individualiste qui cherche la singularité à tout prix, à la fois parce qu’il vise à l’intégration au marché et à la concurrence, et parce qu’il n’est que le reflet d’un monde en miette et sans espérance.
Le Grand Art n’est pas reflet  mais projet, exploration et expérimentation de mondes  possibles… Au-delà de celui qui la crée, l’œuvre suscite non des spectateurs ou des consommateurs passifs, mais descélébrants de cette vie en train de naître, des co-créateurs de la création. Pas seulement de la création artistique, mais de la création tout court.
Cette imagination a valeur prophétique, subversive, car elle fait entrevoir des possibilités dont les conditions ne sont pas contenues dans ce texte qui existe déjà. Elle nous suggère que le monde n’est pas une réalité déjà faite, mais une œuvre à créer...
Dans cette perspective, l’éducation consiste non à préparer l’enfant à s’adapter à l’ordre existant  ou à ses exigences techniques ou politiques, à le gaver de savoirs et de respects, mais à lui montrer les chemins pour accéder à la transcendance, c’est-à-dire à l’invention du futur. A faire émerger la transcendance au-delà de tous les conditionnements !
La véritable éducation  n’est pas dogmatique mais prophétique. Elle est subversive car elle apprend à vivre de façon créatrice, même au milieu du chaos, à ne pas fondre notre espérance sur les dérives de la nature ou de l’histoire, mais à faire prendre conscience qu’il est possible de vivre autrement !  [...] Les seules  révolutions possibles sont les révolutions qui ne font pas abstraction  de cette dimension transcendante de l’Homme, qui ne font pas abstraction du divin, celles qui se fondent sur cette certitude de la foi : « Le fond dernier de la réalité  est un acte de cette  liberté créatrice qu’on appelle Dieu ! »
Être révolutionnaire, c’est être un créateur de cette réalité, c’est participer à la Vie Divine !

Bernard Moissetier : Je referme pensivement ce journal de bord. J’ai relu une bonne dizaine de fois ce matin la page de Garaudy en songeant à Stéphan et à son attirance pour les lance-pierres. J’ignore où le conduira la vie, mais je souhaite le voir comprendre un jour qu’avec son lance-pierres et sa foi, le minuscule David a fait mordre la poussière au terrible Goliath qui croyait seulement aux vertus de son glaive, de sa cuirasse et de son Or !

Marcel Ginhoux

11 mars 2011

08 mars 2011

Le modèle indou

Le Modèle indou; essai sur les structures de la civilisation de l'Inde d'hier et d'aujourd'hui
de Guy Deleury, préface Roger Garaudy


1978, Hachette éditeur
365 pages
ISBN 2-01-002956-5 (br)

06 mars 2011

Marxisme du XXe siècle

Marxisme_XX_siecle_R_Garaudy.jpg


Roger Garaudy1967(10-18), 1966 (La Palatine)
    La philosophie marxiste s'est réveillée, au milieu du XXe siècle, de vingt-cinq ans de sommeil dogmatique. Roger Garaudy, philosophe marxiste, s'efforce d'exprimer cet esprit nouveau, ouvert à tous les aspects - scientifiques, politiques, moraux, religieux - de la pensée de notre temps, dans une entreprise qui tend non à réviser le marxisme mais à en retrouver l'âme vivante par delà le scientisme stalinien.

03 mars 2011

Qui dites-vous que je suis ?

QUI DITES-VOUS QUE JE SUIS ? Roger Garaudy (Editions duSeuil)

Ethiopiques n°15 
revue socialiste 
de culture négro-africaine

QUI DITES-VOUS QUE JE SUIS ? de  Roger Garaudy retrace l’histoire et l’avenir d’un homme devenu assassin par une force qui vient d’au-delà de lui...
D’abord, la volonté de détruire .Très tôt ! A six ans peut-être, la violence s’est dessinée dans le principal personnage dont on saura jamais le nom : « JE ». Après le séminaire, une jeunesse d’ennui, de révolte, le régiment, le vol, la drogue, et enfin un accident de moto : l’hôpital avec comme conclusion un premier acte symbolique de violence : mordre une jeune infirmière sous le sein gauche. 
Dans son enfance JE a vu écraser, par un de ses maîtres, un liseron au bord d’une fenêtre. A vingt ans, premier meurtre du héros du roman qui pousse son double sous l’hélice d’un cargo pour prendre sa place dans un navire en partance pour l’Extrême - Orient... A Bangkok, il rencontre un bonze qu’il assassine : « Le sang rougissait delà la rivière et l’aube le bord du ciel ». 
Garaudy écrit ici : « A quoi sert de décrire le pays par où l’on passe et ce qui vous arrive ? A rien. Du remplissage. La vraie vie n’est que dans les fissures ! » Voilà le mot clef : la fissure ! L’assassinat du bonze est une fissure ! La solitude (insupportable !) du narrateur est aussi une fissure mais la fissure ne concerne pas les autres, elle ne concerne que soi. Contrairement aux romans de Camus où les personnages sont influencés par la société et le milieu naturel ils évoluent, ici le héros est en essentielle et étrange solitude ! 
Le seul grand intérêt romanesque de « QUI-DITES VOUS QUE JE SUIS ? » c’est que le narrateur évolue continuellement dans une atmosphère irréelle : ainsi,les objets - le bambou même avec lequel il assassine le bonze -, les décors, les personnages n’ont aucune consistance !-Est- ce là le reflet de notre époque - Garaudy dit de son roman qu’il est « insolite » . Effectivement, il l’est dans sa forme, son style, son contenu. Je dois avouer que, d’intéressante, la lecture en devient assez pénible, presque impossible car chaque page contient un piège. Là où un roman aurait accroché le lecteur par des descriptions, l’analyse d’états d’âme, ici on ne trouve rien tout en découvrant beaucoup à travers vingt années d’ennui et de révolte qui tentent d’analyser « en criant des questions, en mettant l’accent sur des contradictions et des commentaires », la génération née exactement au milieu de ce siècle ; celle de 68 sûrement.