La
France, d'autres nous l'ont dit, n'est jamais aussi grande que
lorsqu'elle l'est pour tous les hommes. Elle l'a été parfois: au temps
même de la chrétienté dans son élan vers la sainteté, dans la lutte de
ses Jacques et de ses communes, dans le permanent témoignage de ses
hommes d'arts et de sciences, dans son siècle des Lumières. Elle l'a été
par sa Révolution, par les Droits de l'Homme et les soldats de l'An II,
par les potentats bousculés à travers l'Europe. Elle l'a été lorsque la
liberté guidait le peuple sur les barricades de 1830, lorsque la
dignité dressait les canuts de 1832, lorsque le printemps des peuples a
éclairé les pavés de 1848. Engels l'appelait alors la terre classique des révolutions. Exemplaire,
elle le fut encore par les allumeurs d'espoir massivement fusillés sous
la Commune, dans l'immense armée de héros anonymes et abusés, hachés
dans la boucherie de la Grande Guerre puis dans l'héroïque armée de
l'ombre et les Forces Françaises Libres, protestant pour l'homme contre
le pire des fascismes, quand la France la plus grande portait son nom le
plus simple: Jean Moulin.