Nous partageons tous
la même condition humaine, les mêmes énigmes, les mêmes
difficultés de vivre : la souffrance, le mal et la mort.
Nous sommes tous confrontés aux mêmes trois questions
fondamentales : « D’où venons-nous, que sommes-nous,
où allons-nous? » Nous cherchons tous, selon les tempéraments,
le sens de notre vie ou le bonheur. Nous honorons tous les mêmes
valeurs de liberté, de créativité, de beauté, de vérité, de bonté,
d’amour, de partage, de justice. Jacques Leclercq a écrit un fort
beau livre, Le Jour de l’Homme,préfacé par Roger Garaudy et postfacé
par Francis Jeanson, deux incroyants [en 1976, ndlr] qui ont accepté de dialoguer
avec lui sur des questions profondes portant sur la condition humaine
: Dieu, l’homme, la liberté, la souffrance, la mort et la résurrection.
« Leur présence au début et à la fin du volume, précise Jacques Leclercq,
se veut un témoignage que la rencontre est possible entre
la foi et l’incroyance dès qu’il s’agit de partager au niveau de
l’homme, du monde, de la vie, de la tendresse, de la liberté, de
l’intelligence. » Il faut reconnaître encore que, devant notre commune
condition humaine, personne ne possède le monopole de la vérité et
de l’intelligence. Le croyant peut fort bien se poser sans peur toutes
les questions, mais il n’est pas vrai qu’il possède toutes les réponses.
Je suis convaincu qu’il ne saurait en être autrement pour les athées,
dès lors que, de part et d’autre, l’intolérance, le dogmatisme et
le fanatisme demeurent toujours à combattre et à rejeter. Qui ne
serait pas d’accord avec Pascal pour affirmer que l’athéisme est
signe « de force d’esprit, mais jusqu’à un certain point seulement.
» et qu’« il n’y a rien de si conforme à la raison que ce désaveu
de la raison »? (Pensées 359, 465) Tout ceci pour dire qu’il existe
assez de raisons pour croire et ne pas croire. « La religion et la
foi en Dieu, écrit Jacques Grand’Maison, ne tiennent pas d’une évidence
indiscutable, mais d’une posture libre, ouverte sur d’autres
plausibilités, dont celles des agnostiques et des athées. »